Mes talons émirent un claquement caractéristique sur le bitume, tandis que je me dirigeais vers ma voiture de location.
J'étais en retard pour la troisième fois cette semaine. Il fallait que je trouve une excuse quelconque sinon j'allais encore recevoir des remarques de mon supérieur.
Le nez dans mon immense sac, je cherchais les clés de la voiture.
Ce n'était pas dans mes habitudes d'être aussi tête en l'air. Mais je me rassurai en portant la faute sur mes trop courtes nuits.
Et sur les cauchemars.
Le même se répétait inlassablement : j'étais enfermée dans une boîte et un millier d'abeilles parcouraient la surface de mon corps. De terreur, je me réveillais en sursaut et trempée de sueur avant de retrouver mon calme quelques minutes plus tard.
Mais l'écho des battements d'ailes frénétiques des abeilles ne me quittait pas aussi vite.
Il me fallait alors ouvrir les fenêtres afin d'aspirer de l'air frais à grandes goulées pour que le bourdonnement et que la sensation d'étouffement disparaissent enfin.
D'où venaient donc ces cauchemars ? Leur répétition ne me disait rien qui vaille, et j'espérais secrètement que cela n'avait rien avoir avec des rêves prémonitoires ou quelque chose du même genre...
Quelqu'un, ou quelque chose, voulait me mettre en garde contre un événement à venir. J'aurais aimé que cette...chose, soit un peu plus explicite, histoire d'avoir le temps de me préparer.
Je ne me rendormais en général que vers trois ou quatre heures du matin, devant un quelconque épisode d'une série choisie au hasard sur Netflix.
Repenser à ce cauchemar me fit frissonner. Si cela devait arriver pour de vrai, je perdrais la raison à coup sûr.
« Mais où sont donc ces fichues clés ? »
J'étais dans le parking en face du studio que je louais, non loin du quartier de la Défense en France.
Depuis un an, je travaillais chez Mercier Hunting Group, le MHG. Une branche créée par le FBI pour intervenir dans tous les débordements liés aux activités surnaturelles. Il était dirigé par Edouard Mercier. Mon patron.
J'avais passé cinq bons mois à être formée. Entraînée. Les vampires étaient ma spécialité, je connaissais à peu près tout ce qu'il y avait à savoir sur eux.
Mais cela ne m'avait pas suffi à arrêter le criminel pour lequel nous avions fait le déplacement.
Depuis trois mois, nous étions coincés en France par une enquête qui s'éternisait. Un vampire tueur en série se la jouait Jack l'Éventreur, et faisait régner la terreur dans plusieurs quartiers de Paris.
« Et si je prétendais être tombée sur le vampire en question, l'avoir poursuivi, et... »
Mouais.
Sauf que les vampires ne sortaient pas en journée. Et, mis à part leur allergie au soleil, tout ce que l'industrie cinématographique nous avait enseigné en matière de vampires était de la pure fiction.
Pour l'heure, j'espérais simplement ne pas rencontrer trop d'embouteillages. Le siège du MHG-France était situé dans un building huppé du quartier de la Défense, à environ dix minutes en voiture de mon lieu de résidence. Les locaux étaient partagés avec une entreprise de finances, afin que nos activités, encore incomprises -et parfois jugées -du grand public, ne soient localisées.
C'était pour cette raison que je portais des talons hauts qui m'écorchaient les pieds, et un tailleur qui me serrait comme dans un étau.
Cette tenue n'était pas idéale pour toutes les rondes nocturnes que je devais effectuer avec mon équipe. Mais elle avait l'avantage de me faire fondre dans la masse, lorsque j'arrivais au « bureau ». Même mon esprit crédule et moi savions que prétendre faire des fusions-acquisitions en pantalon en cuir et rangers ne duperait personne.
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À Crocs T1 Le Sort Brisé [EN PAUSE]
VampireEntre un vampire tueur en série à Paris, et un trafic de drogue qui éclate à New York, Nina va devoir redoubler d'ingéniosité pour venir à bout de ces enquêtes. Alors que sa rencontre avec Ezio, son nouveau coéquipier, bouleverse toutes ses croyanc...