My exception (mxm) EN CORRECTION

Chapitre 8

DAMIEN

Tout va bien. Tout va bien. Tout va bien.

Je suis juste un mec comme des tas d'autres qui effectue son travail un peu nullos mais qui n'a pas le choix s'il veut payer ses factures et manger. Un type hétérosexuel qui comme une petite majorité, a embrassé un autre gars dans un moment de relâchement. Tout va bien.

Certes, si ça allait si bien que ça, mes mains ne seraient pas en train de trembler tandis que j'effectue du classement dans cette pièce mal climatisée. Peut-être que je me suis chopé la grippe ? Ça arrive parfois quand on se retrouve dans un endroit où la clim déconne.

Il est presque onze heures et jusqu'à présent, j'ai réussi à éviter Sébastien. Quel soulagement ça a été qu'il ne prenne pas le même bus que moi, ce matin. Autre coup de bol, il est arrivé en retard. Je n'ai pas eu à le saluer avec le reste de mes collègues alors que de son côté, il a dû se mettre immédiatement au boulot. De plus, j'ai réussi à prendre les documents qui me sont destinés dans son bac sans croiser son regard. Cerise sur le gâteau, Brigitte semble avoir gardé pour elle ce qu'elle a vu samedi. Vous voyez que je ne me raconte pas d'histoire quand j'affirme que tout va bien. Si je suis un poil nerveux, c'est seulement parce que c'est dans ma nature.

J'ai tout à fait conscience que je ne pourrais pas éviter Sébastien jusqu'à la fin de mes jours, mais laissez-moi le temps de me remettre de samedi et de trouver les bons mots pour... même si le mot « rompre » est le premier qui me vient à l'esprit, je sais que le terme est inadéquat. Bref, de trouver les bons mots pour qu'il n'interprète pas mal ce qui s'est passé entre nous. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le regarder en face, mais je suis certain que quand ce sera le cas, toute l'attirance que j'ai pu ressentir pour lui aura disparu.

Alors que j'arrive au bout de mon classement, la tension dans mes épaules se relâche. À croire que la méthode Coué, ça fonctionne un peu quand même. Bien entendu, comme si le destin prenait un malin plaisir à me contrarier, c'est à cet instant précis que la porte s'ouvre puis que, je vous le donne en mille, Sébastien entre dans la pièce. Tous mes plans tombent à l'eau quand mes yeux se posent sur son beau visage et que je suis assailli par une envie subite de le prendre entre mes mains pour l'embrasser. Le cœur battant, je me détourne aussitôt pour reporter mon attention sur les armoires remplies de dossiers. En carton, comme ma volonté.

— Salut, dit-il.

En guise de réponse, je marmonne un vague :

— Ouais.

— Je crois qu'il faut qu'on parle.

Je continue de l'ignorer. De la sorte, il finira bien par s'en aller.

Tandis que je l'entends s'approcher, ma respiration s'accélère malgré moi. Je serre les dents tout en lui tournant obstinément le dos. Pas question de le regarder, je refuse d'admettre ce que je ressens pour lui, ce n'est pas possible que ça m'arrive à moi.

Sans prévenir, il pose une main sur mon épaule. Tout mon corps me hurle de me retourner pour le plaquer contre le mur d'en face. J'effectue la première partie de ce plan en pivotant vivement sur mes talons, mais à la place de la seconde, j'arrache vivement sa main tout en m'écriant :

— Ne me touche pas, sale petit pédé !

Il fait un pas en arrière, l'air aussi choqué que si je l'avais giflé. Cela dit, j'y suis allé vachement fort. J'ai envie de m'excuser, de lui dire que je n'en pense pas un mot, mais je me retiens. Au moins, s'il me déteste, le problème se réglera de lui-même. Nous restons à nous fixer durant les dix secondes les plus longues de ma vie, puis il sert les lèvres et plisse les yeux tout en rétorquant :