My exception (mxm) EN CORRECTION

Chapitre 12

SÉBASTIEN

Est-ce qu'il m'aime ? Ne serait-ce qu'un peu ?

Franchement, je n'oserais pas lui poser la question. Lui parler crument de sexe, pas de problème. Mais discuter de nos sentiments, ça me fout les jetons. Tout comme lui parler de l'avenir. Ou lui avouer que nous cacher, ça ne me plaît pas.

J'ignore comment il s'y prend pour réussir à masquer ses sentiments de la sorte tandis que nous sommes au boulot. En même temps, il évite mon regard depuis ce matin, à tel point que je finis par douter. Regrette-t-il ce que nous avons fait ? Bordel, ne me dites pas que son caractère déteins sur moi, voilà que je me mets à stresser pour rien. Du moins, j'espère que c'est pour rien. Oh non, ce mec va me rendre cinglé !

Comme je n'ai pas envie d'être convoqué par Hendrix, je me force à bosser, mais j'ai la tête ailleurs. Je pense que je n'ai jamais été aussi distrait au boulot, même pendant mes aventures avec Pierre. Ça me fait bizarre de constater que je considère cette histoire comme faisant partie du passé. Cela dit, il était temps.

Lorsque le temps de midi approche, j'espère que je pourrais le passer avec Damien, par exemple dans la brasserie de la dernière fois pour discuter, ou alors dans la salle des archives pour se frotter l'un à l'autre. Pas de bol, il préfère agir comme d'habitude, mangeant assis sur la chaise près de la photocopieuse, les yeux rivés sur son téléphone comme si je n'existais pas. Un instant, j'ai envie d'aller m'asseoir à califourchon sur ses genoux et l'embrasser à pleine bouche pour le mettre mal à l'aise et me venger du fait qu'il m'ignore de la sorte. Mais comme il risque de très mal le prendre, je me contente de quitter le bureau, d'une humeur de chien. Je passe l'heure de table à marcher au hasard, regrettant de ne pas avoir ma beuh avec moi pour me rouler un gros pétard qui m'aiderait à me calmer.

La vie, c'est tout de même mal foutu, et l'être humain sacrément prise de tête. Alors que je devrais être simplement heureux d'être avec Damien, je ne peux m'empêcher de regretter son comportement. Je sais que je dois lui laisser le temps. Mais moi aussi j'ai le droit d'avoir des envies. Tout ce que je souhaite, c'est qu'il n'ait pas honte de moi. Maintenant que j'ai enfin trouvé un mec que l'engagement ne tétanise pas, bien entendu il faut que je tombe sur un qui veut qu'on se cache. Chienne de vie !

Plus tard dans la journée, quand Damien vient prendre ma paperasse, j'essaie de croiser son regard, mais j'échoue encore une fois. Ce qui me fait hésiter entre colère ou tristesse.

DAMIEN

Peut-être avez-vous déjà remarqué que je ne parle jamais de mon passé en détail. La raison est simple, je déteste y penser.

Mon enfance est composée de deux parties bien distinctes. La première, jusqu'à mes neuf ans, est faites de tas de bons souvenirs avec mes parents et ma sœur. Vacances au soleil, balade en famille, rire, ma mère qui aimait nous concocter de bon petit plat, nous lire des histoires et bricoler avec nous, mon père qui nous emmenait presque tous les dimanches à la piscine. Une enfance tranquille et heureuse.

Puis il y eu cette cassure. Ce changement brusque chez ma mère. Peut-être que c'était déjà insidieux dans sa tête depuis longtemps, mais en apparence, ce fut brutal. Toujours à l'heure actuelle, j'ai du mal à comprendre comment tout a pu basculer aussi vite.

Crise la quarantaine ou dépression classique, je n'ai jamais su et ne saurais probablement jamais ce qui lui est arrivé. J'ai surpris une conversation entre mes parents. Une nuit où j'avais fait un cauchemar, je quittai ma chambre pour aller me faire consoler par eux, mais je me stoppai quand je les entendis crier. Je ne me souviens que ma mère disait à mon père qu'elle en avait assez d'être une maman, qu'elle voulait être à nouveau une femme. Bien que je n'aie pas saisi le sens exact de ses paroles, je compris qu'elles étaient graves et préférai retourner me coucher. Une semaine plus tard, elle était partie.