Une nouvelle histoire de Roméo & Juliette (Nouvelle)

Une nouvelle histoire de Roméo & Juliette

Moi c'est Roméo. Je vis dans un petit bâtiment isolé non loin d'un superbe quartier plutôt luxueux. Mon bâtiment est plutôt sympa, très lumineux avec ses multiples vitres, mais il ne vaut pas le luxe des habitations du quartier qui s'étalent autour de moi. J'y vis avec mes parents, deux êtres adorables et d'apparence très calme. Ils apprécient plus que tout la solitude alors que moi, j'aimerais parfois partir à l'aventure.

Elle c'est Juliette. Juliette et moi nous vivons très proche l'un de l'autre. Elle habite en périphérie de son quartier, presque dans la même rue que moi. Juliette est une « jolie minette », comme diraient mes amis, à la belle crinière blond pâle. Elle vit aussi avec ses parents qui sont plutôt l'opposé des miens : ce sont, d'après ce que j'ai pu remarquer, deux personnes assez actives que ce soit dans leurs occupations ou leur tempérament. Ses parents reçoivent souvent du monde mais Juliette préfère de loin restée seule.

Beaucoup de choses nous opposent avec Juliette mais je l'aime et elle m'aime aussi. Cet amour est fort : alors que tout nous éloigne, lui il nous rapproche.

Ce n'est pas du goût de nos parents. Les parents de Juliette ne nous apprécient guère : ils jugent que nous ne devrions pas être si près d'eux et aimerions bien être débarrassés de nous alors même que c'est un ami commun, notre seul lien par ailleurs, qui nous a présentés. Le pouvoir de la famille de mon aimée est important ; ils pourraient, s'ils le souhaitaient, nous faire expulser de notre logement actuel mais ne le font pas : notre ami commun est l'équivalent d'un roi ici.

Mes parents c'est Juliette qu'ils jugent négativement, je ne sais pas vraiment pourquoi. Ils me la décrivent souvent comme dangereuse mais je sais qu'elle n'est pas comme ses parents qui sont eux des personnes que je n'apprécie guère.

Les parents de Juliette, lorsque celle-ci arrive à échapper à leur garde momentanément, lui font souvent croire qu'elle est libre pour la houspiller d'autant plus fort par la suite. De mon côté, il est bien plus dur de m'échapper. La surveillance est constante de la part de mes parents et de ceux de Juliette qui, lorsqu'il s'agit de nous garder éloignés, semble devenir les meilleurs amis du monde.

Je n'ai réussi qu'une seule fois à échapper à la surveillance de tous ces bourreaux qui nous encadrent. Je me trouvais avec mon ami, Mercutio qui vivait dans la même bâtisse que moi. Nous avions réussi, sur un bon coup de chance, à nous échapper de la rigoureuse surveillance de mes parents, qu'il considérait aussi comme les siens.

Le périple n'avait pas été sans dommage pour nous, je fus sauvé de justesse mais malheureusement par mon meilleur ami. Un des cousins de ma belle Juliette, Tybalt, nous était tombé dessus à peine notre escapade commencée. Avec, me semble-t-il, un certain plaisir, il s'était jeté sur mon ami qu'il avait ensuite tué d'un seul coup tranchant. Sa folie meurtrière ne m'atteignit pas uniquement grâce à l'intervention inopinée du prince qui me ramena chez moi et punit le meurtrier. Ce jeune prince, à qui je dois la vie, pleura beaucoup avec moi : Mercutio était lui aussi son ami.

À la suite de cet accident, qui a eu lieu il y a maintenant fort longtemps, les parents de Juliette décidèrent de déménager pour rejoindre un nouveau logement bien plus éloigné dans le quartier. Ce nouveau logement, faute de pouvoir empêcher les visites de ma tendre demoiselle, suffit pour les ralentir en facilitant la surveillance de cette dernière.

Il arrive encore que ma jolie Juliette à la chevelure d'or passe près de mon bâtiment mais les visite de cette dernière seule sont de plus en plus rares ; ses parents sont là de plus en plus souvent. Tybalt, son cousin à l'origine invisible dans ce quartier, ère aussi de plus en plus aux abords de chez moi.

Plus les visites s'espacent et plus la douleur est grande. Les traits de ma belle s'effacent peu à peu sans que mon amour ne faiblisse. Chaque moment d'attente est insoutenable. Malgré le danger que représente sa famille je ne pense qu'à une seule chose : la retrouvée.

Laurent, notre ami commun, organise parfois nos rencontres secrètes. Il semble fasciné par cette attirance entre nous. Je sais qu'il m'observe souvent lorsque je m'appuie contre la vitre de chez moi et je sais qu'il observe Juliette lorsqu'elle cherche comment échapper à la surveillance de ses parents.

J'ai déjà entendu les parents de Juliette lui dire que c'était mal, qu'ils ne voulaient pas voir de rapprochement entre nous deux mais il persiste dans son entreprise de nous lier l'un à l'autre. Mes parents ne disent rien de leur côté. Murer dans le silence qui leur est habituel, il préfère probablement que j'apprenne de mes erreurs, que je mûrisse et comprenne que notre relation n'est pas normale. Ce n'est que des suppositions, je ne comprends pas mes parents mais c'est forcément ce qu'il pense : dans le cas contraire ils m'aideraient, ils m'encourageraient.

Laurent a trouvé une solution. Dans un ordre royal, il a demandé aux parents de Juliette et aux miens à ce qu'on emménage près de chez lui, dans son royal quartier. Après hésitation des tuteurs de Juliette et un regard silencieux des miens, Laurent nous a emmenés près de son palais.

Juliette a déjà dormi chez Laurent mais ce quartier est tout nouveau pour moi. Même si Laurent est de notre côté, il a tendance à modérer nos rencontres. Juliette et moi n'en pouvons plus. Nos rencontres sont plus nombreuses mais nous avons peu de temps seuls elle et moi. Lorsque Laurent n'est pas là, il arrive souvent que les parents de Juliette reviennent pour bénéficier un peu de sa présence. Même si elle est beaucoup moins mondaine que ses parents, elle est très tournée vers sa famille et il lui est difficile des laissés seuls. Notre faux rapprochement l'un de l'autre est compliqué : il fait naître un espoir en nous qui nous révèle vite contrarié par notre chaperon. Tout cela est vraiment dur pour moi, je ne sais plus quoi faire...

Je me laisse alors aller, anesthésié par le courant de la vie. Je suis comme mort et pourtant je pense encore à elle, je pense toujours à elle. Laurent, que je considère comme un frère depuis notre rencontre dans cette grande fête pleine d'attraction, semble triste et pleure de me voir si amorphe mais s'éloigne petit à petit. La surveillance diminue alors que les occasions de voir Juliette augmentent. Je sens que mes forces reviennent un peu à la voir de plus en plus proche mais je ne le montre pas.

De l'extérieur je dois paraître comme mort. Je sens la présence de Juliette, ma chère et douce Juliette, qui s'approche de moi. Elle le fait lentement, comme si elle avait peur de ce qu'elle pouvait voir ou simplement pour endormir la méfiance de Laurent qui finit par sortir du palais où nous résidons tous en ce moment.

Je sens qu'elle m'aide à sortir de ma chambre, de mon petit cocon. À force de rester immobile je me suis ankylosé, il m'est compliqué de me déplacer. Peut-être suis-je réellement tombé malade ? Suis-je tombé malade d'amour alors que je tentais d'endormir la surveillance de mon frère du cœur ? En tout cas, je me sens faible et je sens ma respiration diminuer petit à petit. Mon cœur suffoque alors que les lèvres de ma belle à la crinière dorée-crème se posent sur moi. Le manque d'air et ma maladie d'amour me font alors fermés les yeux, m'emportant dans un autre monde où je pourrais être qui je veux, un autre monde où j'attendrais ma belle Juliette. Un monde ou plus rien ne nous opposera, la belle Juliette et le chétif Roméo.

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Roméo. J'ai toujours remarqué cette fascination entre nous. Il m'attirait énormément, petit être chétif parmi d'autres et pourtant si délicieux. Je l'aimais vraiment et il m'aimait si fort et pourtant... C'est notre amour qui a fini par causer sa perte.

Peut-être aurait-il été bon d'écouter mes parents, ces humains qui m'ont adopté et ne voulait à l'origine pas de mon petit prince. Ces deux adultes qui voulaient nous séparer n'avaient peut-être pas tort...

Moi c'est Roméo. Je vis dans un petit bâtiment isolé non loin d'un superbe quartier plutôt luxueux. Mon bâtiment est plutôt sympa, très lumineux avec ses multiples vitres, mais il ne vaut pas le luxe des habitations du quartier qui s'étalent autour de moi. J'y vis avec mes parents, deux êtres adorables et d'apparence très calme. Ils apprécient plus que tout la solitude alors que moi, j'aimerais parfois partir à l'aventure.

Une chatte et un poisson, mais quelle drôle d'idée !