CHAPITRE 14

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Accroupi dans le noir, le cœur battant à tout rompre, je n'ose pas bouger, attendant patiemment que Jas me dise quoi faire. Ce dernier s'agite un peu et soudain son visage s'illumine d'un halo blafard qui m'arrache un cri de frayeur. Il a dirigé une lampe torche sous son menton et un rictus horrifique lui étire les lèvres. Jas, éclate d'un rire qui résonne dans tout le conduit, satisfait de m'avoir fait peur.

-Bon allez beau gosse, suis-moi. Et n'en profite pas pour me mater les fesses ! M'intime mon ami en dirigeant la lampe en direction du fond du conduit.

Je lève les yeux au ciel quand il se met à quatre pattes et se déplace -en direction de ce que j'espère être la sortie- en dandinant son arrière-train d'une manière ridiculement exagérée.

Au fur et à mesure que nous avançons, je note que le boyau est étonnamment grand et propre, comme s'il était régulièrement emprunté ou qu'il avait été aménagé spécialement pour servir de passage. L'idée me paraît incongrue mais après la nuit que je viens de passer, je suis presque prêt à admettre l'existence des licornes.

Notre progression dure quelques minutes durant lesquelles je tente de refréner les questions qui m'assaillent. Enfin, Jas s'arrête et dirige le faisceau de la lampe torche sur le bas de la paroi, à gauche. Je reconnais rapidement les contours d'une trappe, très similaire à celle que nous avons empruntée pour entrer dans le conduit d'aération. Le jeune homme pose sur le sol la lampe torche puis applique la paume de ses mains sur la trappe. Ses doigts glissent sur le métal froid et finissent par s'immobiliser sur deux points précis de l'ouverture. Un léger déclic et le sourire triomphant de mon ami m'indiquent que le passage est ouvert.

Lorsque le jeune homme blond se laisse glisser dans le trou qui vient de s'ouvrir, l'adrénaline me pique les veines, faisant pulser le sang dans mes tempes. Je saisis la lampe torche qu'il a laissé à ma disposition et éclaire l'ouverture. A mon grand désarroi, je ne découvre qu'une sorte de tunnel en tissu qui tombe à la verticale, me faisant vaguement penser aux toboggans que les pompiers utilisent pour évacuer les gens lors d'un incendie. Impossible de jauger la longueur de l'objet, le sol m'est invisible.

J'expire un grand coup et me laisse tomber à mon tour dans l'étrange toboggan en écartant les bras et les jambes pour ralentir ma chute. Très mauvaise idée. Le tissu me brûle les mains et je me stoppe net au beau milieu de la descente, prisonnier de la toile.

Instantanément, ma respiration s'accélère et une sensation d'étouffement me prend à la gorge. Je gesticule afin de me libérer mais ne parviens qu'à accroître mon angoisse.

-Resserre tes jambes et croise tes bras sur ton torse andouille ! S'exclame la voix de Jas plus bas.

Je sens que le tissu se tend, et je suppose que mon ami tire dessus pour faciliter ma descente. La respiration sifflante, le cœur battant à une allure trop rapide, je ne parviens pas me résoudre à l'idée de lâcher prise en plaquant mes bras contre ma poitrine.

-Il y a un tapis en bas, arrête d'écarter tes pieds et tes mains bon sang !

Mes oreilles bourdonnent et je suis tout bonnement incapable de répondre à Jas qui commence à être sérieusement agacé par mon comportement.

-Enzo ! On dirait une étoile de mer croisée avec un cocon de ver à soie, je te jure que vu d'en bas tu es ridicule ! Lâche-moi ce tissu ou je t'oblige à le faire !

La panique m'envahie totalement, je me débats contre ce maudit toboggan de toile, j'étouffe, j'ahane, incapable de suivre les directives pourtant sensées de mon ami. Soudain, ma prison de tissu se met à trembler, je suis ballotté de part en part, la matière se tend jusqu'à ce que je ne puisse plus maintenir ma position « d'étoile de mer » et que je commence à glisser inexorablement vers le sol. Je lutte en vain, tente de m'agripper aux pans de tissus devenus rêches et lorsque mon corps me trahi complètement et entame une descende rude, je ferme les yeux, résigné, attendant le choc qui me sera probablement fatal.

L'atterrissage est finalement bien plus doux que prévu, le système étant conçu comme un entonnoir, permettant de ralentir la chute. Jas n'avait pas menti et je me réceptionne sur un très gros matelas. Mon cerveau se remet en marche normale en même temps que mes baskets frappent le tatami. Je roule et reste allongé au sol, yeux fermés, assailli par la honte. Je préfère faire le mort plutôt que d'affronter le regard moqueur de Jason.

-Pourquoi tu ne l'as pas dit que tu étais claustrophobe ? interroge mon ami sur ma droite.

Je ne bouge toujours pas, m'appliquant à ne pas respirer. J'entends un froissement de tissu, comme si Jas se penchait au-dessus de moi.

-Enzo ?

Sa voix à l'air inquiète. Il tâte mon poignet et mon cou, certainement à la recherche de mon pouls. Je jubile intérieurement, ça lui apprendra à essayer de me tuer en secouant le tunnel comme un prunier !

Mon ami reste ainsi quelques secondes et soudain, quelque chose de doux et ferme entre en contact avec mes lèvres. Le bruit de respiration, à deux millimètres de mon visage m'indique immédiatement la nature de la chose. Le con, il est entrain de m'embrasser !

J'ouvre les yeux et le repousse brusquement, me relevant façon suricate. Jas se recule tranquillement et passe sa langue sur ses lèvres, visiblement ravi de son petit effet.

Ce n'est qu'une fois debout, les yeux exorbités, un doigt accusateur pointé sur l'insolent jeune homme et ma voix coupée par la consternation que je me rends compte de la présence d'une troisième personne dans la pièce.

Je pivote vivement la tête vers l'intrus, qui m'observe un sourcil relevé et un air narquois peint sur le visage. La jeune femme s'avance vers moi, sans se départir de son sourire moqueur. Elle replace une mèche de son carré plongeant derrière son oreille et me tend la main.

-Diane.

Je saisis la main tendue et relève la tête vers son visage. Je croise alors un regard magnétique, aux multiples nuances de bleu, rehaussé par une frange de cheveux fins aux reflets cuivrés qui me pourfend le cœur instantanément.



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Bonjour à tous, merci d'être toujours là ! :D

On se retrouve avec un nouveau chapitre et l'entrée un scène d'un nouveau personnage : Diane ! (Exceptionnellement, du fait de la ressemblance frappante avec le personnage que j'ai imaginé, le média représente Diane et non pas seulement son regard ! :))

Je vais sûrement intercaler des chapitres avant la confrontation entre Esmérya et Enzo pour développer leur relation, je ne suis pas satisfaite de ce que ça donne actuellement ;)

Par ailleurs, j'ai également publié un nouveau roman : Atlantide, La Prophétie des Nymphes ! N'hésitez pas à me faire vos retours dessus <3

Bisous !

Les Ailes de l'EnsorceleuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant