hearts don't break around here

Mercy

- Pour la quinzième fois Gaby, je t'aime, mais si tu continues à foutre des miettes partout dans mon lit je vais t'en mettre une. Sérieusement, je dors là dedans, arrête.

Je sais pas pourquoi je lui ai proposé de passer dans ma chambre avant qu'on sorte faire les magasins pour nos robes, elle sème toujours de la nourriture partout derrière elle cette fille. Si il y avait une adaptation cinématographique du petit poucet, le rôle principal serait pour elle.

- Hmmm.. Ch'est bon ch'arrête, dit-elle la bouche pleine entre deux mastications.

C'est vraiment un truc qui a le don de me dégoûter.

- De toute façon remets tes chaussures on y va, je l'interrompts pendant qu'elle fait mine de nettoyer ma couette, alors qu'en réalité elle envoie juste les miettes dans un coin de la pièce. Dans une chambre d'internat de 15 mètres carrés, je me demande comment elle a pu penser une seule seconde que ça allait passer inaperçu.

On arrive rapidement devant tous les magasins, et on essaie des dizaines et des dizaines de robe différentes, sans être vraiment satisfaites. Gabrielle finit par acheter ses chaussures, et une magnifique robe bleu nuit, mais je ne trouve toujours rien.

- Je ne vais jamais trouver, je me plains, le bal est vendredi soir, et je n'ai toujours rien à me mettre.
- Écoutes, on n'a qu'à faire un dernier magasin puis on y retournera demain si on ne trouve pas, ne désespère pas, me dit-elle avec son éternel enthousiasme.

Je la suis, clairement découragée. On entre dans un dernier magasin, et je vois finalement la robe qu'il me faut. Elle est magnifique. C'est une robe noire moulante qui se termine au dessus des genoux, avec des manches bouffantes en dentelle. Je n'aurais pas pu rêver mieux. Je l'attrape sans même regarder le prix et file vers la cabine d'essayage.

C'est très différent de ce que je porte d'habitude, mais j'adore ça. Je sors de la cabine d'essayage pour que Gabrielle me donne son avis, et d'après l'air admiratif sur son visage, elle a l'air d'aimer ça autant que moi.

- Mon dieu, il te la faut. Tu es magnifique. Tu es resplendissante. Tu es parfaite. Prends là.

J'attrape l'étiquette dans mon dos pour regarder le prix, et me laisse tomber sur le petit canapé devant la cabine. Elle n'est clairement pas dans mes moyens.

- Elle est trop chère, je l'enlève, tu pourras la remettre sur le cintre? Je prendrais la petite robe rouge qu'on avait vu au magasin juste avant, dis-je déçue.

Je re rentre dans la cabine, enlève la robe avec un petit pincement au coeur, et la tend à Gabrielle en passant un bras à travers le rideau. Je me rhabille lentement, je ne saurais pas dire pourquoi je réagis comme ça, c'est juste une robe, mais c'était la première fois que j'assistais au bal, la première fois que j'avais l'impression de vraiment reprendre ma vie en main, et la première fois que j'avais vraiment l'impression d'être jolie.

Je sors de la cabine, et je vois que Gaby n'est plus là, elle aurait pu m'attendre. Je me dirige donc vers la sortie du magasin et je vois qu'elle est à la caisse. Sûrement pour s'acheter les boucles d'oreilles dont elle me parlait. Je l'attends donc à la sortie du magasin, où elle me rejoint quelque secondes plus tard, toute souriante.

- Loin de moi l'idée de me jeter des fleurs, tu sais comme je suis modeste..

Je feins un étouffement alors qu'elle me jette un regard noir. J'explose de rire, je ne peux pas m'en empêcher, elle arrive à me redonner le sourire en toute situation.

- Avant que je me fasse honteusement couper, j'étais en train de dire que sans vouloir me jeter des fleurs, je trouve que je suis une amie géniale, et étant donné que mon gentil frère m'a récemment donné 150£ pour que j'aille m'acheter une robe, et que cette robe coûtait très exactement 120£ et la mienne 30£, je vais donc te taxer 10£ pour qu'on puisse aller s'acheter des crêpes qu'on mangera sur le pont de Westminster en en regardant la tamise et en rigolant comme des dindes quand je te pousserai dans l'eau.