Épisode 21

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Assis au volant de l'une des voitures prêtées par l'émission, j'attends que Yeri sorte de la boutique dans laquelle elle travaille. Quelques minutes plus tard, je la vois se diriger vers moi avec un grand sourire que je peine à lui rendre. J'en ai déjà marre. Laissez-moi retourner dans mon lit avec Jungkook !

"Salut !" s'exclame-t-elle en prenant place sur le siège passager, "alors, tu m'emmènes où ?"

"Y a un petit resto sympa à dix minutes" je réponds en démarrant le véhicule.

"D'accord. Je meurs de faim !"

Le trajet est plutôt pénible, mais je m'efforce de paraître intéressé par ce qu'elle me raconte. Elle parle beaucoup, et agit comme si nous étions de bons vieux amis. 
Lorsque je trouve une place de parking vacante près du restaurant, je me gare et éteint le moteur. En sortant de la voiture, j'inspire à fond, me préparant mentalement à la suite. Je vais devoir prendre sur moi, car je sais qu'un caméra-man nous attend à l'intérieur, prêt à filmer tout ce qu'il va se passer entre nous. 

Maintenant installés en face à face, nous dictons au serveur notre commande. 

"Très bien, je vous apporte ça dans quelques instants."

"Merci."

Quand il repart, Yeri repose toute son attention sur moi, ce qui me met quelque peu mal à l'aise. 

"Ça fait du bien de passer un peu de temps avec toi ! À la maison t'es toujours collé à Jungkook donc c'est un peu compliqué" affirme-t-elle en riant. 

Je lui fais un sourire crispé, et décide finalement d'entrer directement dans le vif du sujet.

"Écoute Yeri, je sais vraiment pas à quoi tu joues là..."

"Pardon ?"

"On ne s'est pas parlés depuis notre rupture, et tu reviens quatre ans après en me faisant des avances comme si de rien n'était. Tu vois pas qu'il y a un petit souci ?"

Elle me fixe quelques instants, surprise, puis rétorque :

"Pas vraiment."

"T'es sérieuse ?" 

Je ne peux m'empêcher de légèrement hausser le ton et de froncer les sourcils en entendant sa réponse.

"Oui. Quand j'ai vu que tu participais à Terrace House, je me suis dit que c'était l'occasion idéale donc j'ai proposé ma candidature. Et je ne suis pas déçue. Je me suis rendue compte que tu me plaisais toujours, Oppa."

"C'est une blague ? Je te rappelle que m'as quitté par sms, en me disant un truc du genre "J'ai rencontré quelqu'un, je préfère qu'on arrête". Après deux ans de relation, et tu ne t'es jamais excusée. Tu ne t'es même pas préoccupée de ce que je pouvais ressentir."

"Peut-être mais j'ai changé ! Je ne t'ai jamais oublié."

"Tu ne te rends même pas compte à quel point tu as toujours été égoïste. Même encore maintenant, tu te permets de revenir comme une fleur. Est-ce que tu as réfléchi une seconde ? J'ai eu le cœur brisé par ta faute et là encore tu reviens me... me tourmenter alors que j'étais passé à autre chose."

"N'exagère pas. J'ai conscience que j'ai pu te faire de la peine, mais on pardonne avec le temps, non ?"

Je ferme les yeux un instant, essayant de contrôler mes émotions. Elle m'insupporte. 

"Yeri. Certes, avec le temps je me suis fait une raison, et je considérais cet épisode de ma vie comme du passé. Mais là... Comment te dire. Je vais être franc avec toi, puisque tu n'as pas l'air de comprendre. Je ne suis plus attirée par toi, et je veux que tu arrêtes de faire comme s'il ne s'était jamais rien passé. Tu n'as pas changé, tout ce que tu veux, c'est ton bien-être à toi. Tu t'en fous des autres."

"Tu dis n'importe quoi."

"Ah oui ? Tu sais, je te vois, à la maison. Tu fais semblant quand tu es avec les filles. Depuis que tu es arrivée, tout le monde est sympa et essaye de créer des liens avec toi, mais toi, tu fais juste des sourires hypocrites. Tu t'es toujours crue au-dessus des autres."

Yeri garde le silence, elle a l'air abasourdie par mes paroles. J'avoue que je n'y suis pas vraiment allé de main morte... 
Le serveur revient en déposant nos plats respectifs, puis repart après que nous l'ayons remercié.
Le silence perdure entre nous, je ressens un mélange étrange d'émotions. L'énervement, le soulagement, la culpabilité. 

"T'as raison, je... je suis désolée" finit-elle par admettre d'une petite voix, "Depuis toute petite, je me bats pour qu'on me remarque, et je me suis toujours dit que si je voulais quelque chose, je devais tout faire pour l'obtenir puisque personne ne le ferait pour moi... Mon ancien copain m'a larguée et mon ego ne l'a pas supporté. Je me disais que c'était lui qui me méritait pas, mais c'est faux... Et puis, quand je t'ai vu dans l'émission, je... je me suis dit que ce serait facile de me remettre avec toi. Et qu'en plus ça me ferait passer à la télé... Je sais pas pourquoi je suis comme ça... je suis ignoble..." lâche-t-elle dans un sanglot.

Interdit, je ne sais plus quoi lui répondre. Je me trouve un peu bête de m'être énervé, pour le coup... 

"T'es... t'es pas ignoble Yeri... tu as un bon fond, c'est juste qu'il faut que tu arrives à faire la part des choses, et que tu comprennes que tu ne te sentiras jamais bien si tu utilise les autres pour te mettre à ton avantage..."

"Oui..."

Nous avons finalement continué notre repas dans le calme, discutant toujours du même sujet mais avec moins de véhémence. Je me suis ainsi rendu compte que, bien que nous avons été en couple pendant deux ans, je ne connaissais pas du tout cette partie d'elle-même. Ses parents ne lui ont jamais accordé d'importance, ayant toujours les yeux braqués sur son grand frère qui réussissait tout dans la vie. Sans s'en rendre compte, ce manque d'attention l'a changée en une personne en quête perpétuelle de reconnaissance, à en oublier tout ce qui pourrait affecter autrui.

"Je vais faire des efforts. J'ai la chance d'avoir été acceptée dans l'émission et je ne devrais pas la gâcher" déclare-t-elle avant de prendre une bouchée de sa crème glacée.

"Tu as raison. Je tiens quand même à m'excuser si j'ai été un peu trop franc avec toi tout à l'heure."

"T'inquiète pas, Oppa. Tu m'as ouvert les yeux. Je crois que tu es la première personne à m'avoir dit mes quatre vérités en face."

Nous avons terminé de manger dans une toute nouvelle ambiance. Après avoir mis les choses au clair entre nous, tout est déjà plus agréable. Je souris franchement et trouve en fin de compte que passer du temps ainsi, en temps qu'amis, sans ambiguïté ni rancune, est bien plus plaisant.

Je paye l'addition et je redépose Yeri à sa boutique, aux alentours de 13h.

"Au fait..." je l'appelle alors qu'elle allait sortir de la voiture, "si tu veux commencer dès ce soir, tu n'as qu'à proposer à Sooyoung de venir ici avec toi quand elle n'a pas cours. Ça lui ferait vraiment plaisir je pense."

"Oui, c'est vrai qu'elle m'avait demandé, le jour où je suis arrivée... Merci. Bon, j'y vais."

"Bonne journée."

Elle me sourit et sort de la voiture. 
C'était éprouvant, mais je suis soulagé. 








Terrace House Korea [JIKOOK VER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant