La nuit où tout a basculé

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Je rédige cette lettre sans savoir si elle va être lue. Je ne suis probablement plus là ou alors ces « docteurs »m'ont retrouvée très rapidement. À vous qui lisez ces phrases, sachez que ce que je vais vous raconter est la vérité.

Tout commença, je crois, la nuit du 10 août 201X C'était une nuit chaude d'été, les cigales chantaient et l'air était étouffant. J'allais rejoindre mes amis devant le lycée pour faire une sorte de « test de courage » ou quelque chose comme cela. Lorsque j'arrivai sur place, personne n'était là mis à part Aoi, un de mes rares amis du sexe opposé. Nous discutâmes de tout et de rien en attendant le reste du groupe. Le groupe était composé d'Emilia, la meneuse, le couple Taro et Mizuki, Aoi et moi. Une dizaine de minutes plus tard tout le monde était là. Nous entrâmes dans l'immense bâtiment et avançâmes dans une salle de classe vide. Aoi jouait avec l'écho et Emilia installait des bougies en cercle. Emilia nous expliqua brièvement ce que nous allions faire : nous devions faire un « Hyakumonogatari Kaidankai », il s'agit de s'asseoir en tailleur devant une bougie et de raconter une histoire chacun son tour jusqu'à arriverà cent histoire en continu. Nous nous mîmes en place et chacun raconta une histoire. Une, puis deux, puis trois... Et ainsi de suite. Nous arrivâmes à rapidement quatre-vingt-dix-huit. Ce fut mon tour et j'aurais aussitôt préféré que cela tombe sur quelqu'un d'autre. Je n'avais plus d'histoires, dans ma tête,c'était le néant. « Je... Je n'ai plus d'idée, »dis-je doucement.

Brusquement,les bougies s'éteignirent laissant un cri de stupeur s'échapper de ma bouche. Je sentis une légère angoisse monter en moi, je me demandai ce qui allait se passer... Je ne savais pas que mon manque d'idées allait nous faire vivre autant d'horreur. Je ne suis plus sûre de ce qui se passa après... Une sorte de liquide brun et visqueux sortit des murs... je ne savais pas ce que c'était mais j'étais à peu près sûre que ce n'était pas du sang. Le cri paniqué et horrifié de Mizuki retentissait tandis que tout le monde tentait de comprendre ce qu'il se passait. Avions nous fait une bêtise ? Nul ne le savait. Pourquoi ces phénomènes étranges arrivaient-ils ? Personne n'en connaissait la réponse. Des lettres se formèrent sur le mur. Toujours avec l'étrange liquide.Ce n'était pas du japonais mais de anglais me semblait-il.

Emilia, anglaise d'origine, examina avec un sérieux qui ne lui ressemblait pas. Aucun de nous n'osait briser le silence. L'Anglaise expliqua:

« C'est...Euh...écrit que nous n'avons pas respecté les esprits qui étaient dans cette pièce en ne finissant pas de raconter les cents histoires... et... hésita-t-elle, apparemment, nous allons le payer très cher si j'ai bien compris. »

Mes jambes se paralysèrent, mes mains tremblèrent, mon cœur ne voulait pas s'arrêter de battre à cent à l'heure. Pourquoi ? Me demandais-je intérieurement. Je crois qu'au fond de moi j'avais déjà plus ou moins compris ce qu'il allait advenir de nous... la Mort. Nous étions déjà tous morts. C'était totalement fichu pour nous !

Brusquement, la porte arrière de la classe s'ouvritdans un grand fracas et quelque chose attrapa la personne la plus proche de celle-ci c'est-à-dire Mizuki. Des cordes ou je ne sais quoi l'empoignèrent et la tirèrent pendant qu'elle hurlait sous le coup de la surprise et terrorisée par la peur. Taro tenta de lui venir en aide et courut après elle... il revint rapidement...il n'avait pas réussi à sauver notre amie... il était à peine sorti que sa petite-amie avait déjà disparu. Un silence se fit mais il fut interrompu par le cri de douleur de Mizuki. Nous sortîmes en trombe et nous dirigeâmes vers lui : les toilettes des filles.

Animée par un courage inouï, Emilia y entra et ouvrit une à une les portesà la recherche désespérée de Mizuki. Il n'en restait plus qu'une...elle déglutit, semblant se préparer à ce qu'elle allait voir... personne n'aurait pu se préparer à ce que nous allions voir : Mizuki était là, morte, par terre. Elle avait des cheveux noirs de jais qui sortait lui de la bouche, ses yeux étaient vides, on pouvait voir une trace de larme qui coulait encore le long de sa joue. Face à ce terrible tableau, je ne pus m'empêcher depenser que sa mort avait sûrement été douloureuse. Taro arriva derrière nous, son visage se décomposa et il s'effondra en répétant : « Ce n'est pas possible ». Je baissai les yeux. C'était de ma faute... entièrement de ma faute.

La nuit où tout a basculéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant