5 Novembre 1994 - LA CAGE

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          Aya arriva par transplanage d'escorte avec Rakseï-Un sur son nouveau lieu de torture. Après avoir pris une minute à se masser le ventre, les larmes aux yeux et la respiration courte en attendant que ses organes se remettent en place, elle releva la tête pour regarder autour d'elle.

          - On est où ? Demanda-t-elle aussitôt en faisant un tour sur elle-même sans voir ni porte ou ni fenêtre.

          Elle était dans une large salle rectangulaire avec un plafond voûté. Les murs, le sol et le plafond étaient lisses et brillants comme taillés dans un seul bloc de pierre noire et polis à l'extrême. Sur l'un des murs, Aya reconnue la même gravure que celle présente à Durmstrang, un énorme triangle allant du sol au plafond en dôme, un cercle était tracé à l'intérieur et était traversé par un large trait qui descendait du sommet du triangle jusqu'à sa base. Il n'y avait pas de torches qui auraient créer une fumée gênante dans cet environnement clos, mais quelques sphères lumineuses qui flottaient mollement aux quatre coins de la pièce en créant une multitude d'ombres inquiétante à la silhouette de Rakseï-Deux qui les attendait au milieu de la pièce.

          - Nous sommes ici dans un espace conçu spécialement pour les obscurials et leurs obscurus, expliqua Rakseï-Deux.

          - Grindelwald ? Dit-elle simplement en jetant un nouveau regard au triangle gravé dans la pierre.

          Il hocha la tête.

          - Pourquoi il n'y a pas de portes ? Demanda-t-elle d'une voix aussi neutre que possible malgré le grondement caractéristique de son ventre.

          - On ne peut entrer ou sortir que par transplanage, précisa Deux alors que Un commençait à contourner Aya en décrivant un large cercle autour d'elle sans la lâcher des yeux. C'est un système de sécurité, les obscurus seuls ne possèdent pas cette capacité, et les obscurials sont généralement bien trop jeunes pour savoir comme s'y prendre.

          - Autrement dis, je ne sortirais pas sans l'un de vous.

          La pointe de ses cheveux commença à s'agiter doucement dans l'air immobile, et elle se mit à avancer sans but précis, c'était simplement la sensation d'être prise au piège qui l'obligeait à se rappeler qu'elle était encore libre de ses mouvements.

          - C'est exacte, mais ne vous inquiétez pas, à moins que vous ne perdiez totalement le contrôle, nous n'avons aucune raison de vous laisser ici, susurra Un d'une voix mielleuse en la suivant de près.

          - Et c'est où, ici ? Demanda-t-elle en se convaincant mentalement qu'Emilia et Willem remueraient ciel et terre pour la retrouver si elle manquait à l'appel le lendemain matin.

          Mais aucun de ses professeurs ne répondit.

          - Je peux au moins savoir dans quel pays ? S'exaspéra-t-elle.

          Toujours rien.

          - Quoi ? On est encore à Durmstrang ? Fit-elle en les scrutant chacun à leur tour, mais ils lui répondirent par de simples sourires en biais, comme si elle les amusait. On est toujours sur Terre ?

          - Oui, répondit enfin Deux.

          - Parfait, grogna Aya en pestant mentalement contre ses professeurs.

          - Si vous en avez fini avec vos questions, peut-être êtes-vous prêtes pour commencer votre séance ? Roucoula Un.

          Aya se tourna vers lui en le fusillant du regard,

          - J'ai le choix ? Rétorqua-t-elle.

          - Bien sûr. À tout moment, si vous le souhaitez nous pouvons vous séparer de cette chose. Vous n'avez qu'à le demander, lança Deux d'une voix claire. Je tiens d'ailleurs à vous préciser que cela serait à mon avis une décision beaucoup plus raisonnable.

          - Vous n'allez pas essayer de me le retirer de force ? Demanda-t-elle légèrement inquiète maintenant qu'elle était enfermée elle-ne-savait-où, seule avec eux.

           Cette fois, ses cheveux se mirent à remuer avec plus de convictions, et son ventre exprima sa protestation.

           - S'en prendre à lui avec votre consentement serait périlleux. Sans votre consentement et votre aide ; un simple suicide, expliqua calmement Un en se rapprochant un peu plus, les yeux braqués sur ses mèches qui retombaient déjà sur ses épaules.

          Aya sentit la bête s'apaiser presque aussitôt et son ventre retrouva sa tranquillité habituelle.

          - On a l'air d'être tous d'accord, remarqua-t-elle avec à son tour un sourire en biais, elle inspira profondément, reprit le contrôle de son rythme cardiaque et sortit sa baguette. Qu'est-ce qu'on fait ?

—-

          Lorsqu'Aya descendit l'escalier en colimaçon, elle ne s'étonna même pas de trouver Emilia et Willem encore dans la salle commune déserte à cette heure tardive. Emilia était assise près du faible feu absorbée par la lecture d'un énorme livre relié en cuir noir à l'air très ancien, alors que Willem la tête renversée sur le dossier du fauteuil moelleux, piquait un somme avec leur petit Fléreur lové sur son ventre.

          - Ça va ? S'inquiéta Emilia en levant la tête pour voir Aya s'affaler de tout son long sur le canapé.

          Elle avait les cheveux partiellement ébouriffés et crêpés comme si elle avait été touchée par la foudre, un pan de sa cape était noirci et sentait le brûlé, et une de ses manches tombait en lambeaux, mais elle ne semblait pas blessée.

          - Moi, oui. Mais ces deux là sont complètement frappés, s'indigna-t-elle la tête dans le coussin.

          - 'ya... marmonna Willem en émergeant. Ça v... Qu'est-ce qui s'est passé ?!

          - Mon parrain. Fois deux ! gémit Aya en relevant la tête avec une expression scandaliser, avant de se laisser retomber sur le dos, impuissante et épuisée. Je vous jure que j'avais l'impression que c'était lui... en double... avec des cheveux propres... et des nez moins crochus... mais leurs yeux, les mêmes ! Déjà un j'avais dû mal, alors deux... Heureusement Un se repose trop sur sa Légilimencie, face à un adversaire qui peut le bloquer, comme moi, il est légèrement désavantagé. Mais son frère jumeau, c'est quand même, Deux, si vous voyez ce que je veux dire, il ne se débrouille pas aussi bien, mais je suis loin d'avoir le niveau contre lui en duel...

          - Tu t'es battu en duel avec eux ?! S'exclama Emilia les yeux ronds.

          - Et l'obscurus ? S'enquit Willem en se redressant tout en essayant de ne pas réveiller le Fléreur.

          - Oh, mes cheveux se sont agités un peu, mais ça n'avait pas vraiment l'air de le déranger que je me fasse massacrer.

          - Il... Il ne s'est pas montré ? S'étonna Willem.

          Aya fit non de la tête.

          - Les Rakseï disent que c'est grâce à lui que j'ai pu leur résister sans être blessé, mais d'après eux : ce n'est pas le danger qui l'active, répéta-t-elle avec une voix ridicule et une grimace censées imiter les jumeaux. Si tu veux mon avis, ce n'est pas non plus la colère ou l'indignation.

          - Pourtant en salle de Duels, la dernière fois... commença Emilia.

          - Je sais, coupa Aya en râlant. C'est la première chose qu'ils ont vérifié, je me suis fait stupéfixier trois fois avant qu'ils se fassent à l'idée que je n'ai pas perdu le contrôle à cause de ce fichu éclair qui m'a foncé dessus.

          - Qu'est-ce qui s'est passé alors ? S'inquiéta Willem.

          - Aucune idée... Je suppose que c'est pour ça que j'ai un autre rendez-vous avec les Rakseï la semaine prochaine... fit-elle d'une voix lasse et épuisée. Je sens que les cours avec Katlitz vont me manquer.

Le Serpent qui RugissaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant