Nous enchainâmes sur la science-physique. Une journée pour le moins normale. Je m'asseyais à ma place habituelle dans le labo. C'est à dire seul au fond à gauche. J'étais bien là bas; personne ne faisait attention à moi.
La journée coula tranquillement, sans rebondissements. C'était une journée comme les autres, routinière et fade. Les cours s'enchaînaient, les rires aussi. Ce n'était pas désagréable mais je m'en contentais lassement.
La sonnerie de la fin des cours sonna. Les étudiants se précipitèrent sur la sortie pendant que je sortais mon casque. Je sélectionnai la playlist The script et mis ma musique. Le ciel était redevenu bleu depuis ce matin, la pluie avait cessé et la batterie rythmant la voix du chanteur ma lâcha un sourire d'appréciation.
Je me dirigeai vers l'arrêt de bus. Tout le monde se bousculant pour une place assise dans celui-ci qui arrivait plutôt en avance, j'y rentra en dernier, restant debout le regard perdu dans les paysages qui s'offraient à moi.
Une fois arrivé chez moi, je posa mon sac dans ma chambre et me laissai tomber sur mon lit encore défait. La chanson qui passait à ce moment-là berça mon âme et mon cœur en me faisant oublier peines et souffrance. J'étais encore seul chez moi. Cela ne changeait pas et faut dire que ça m'arrangeait en quelque sorte.
Mon ventre se fit entendre et je me dirigeai vers la cuisine en quête d'un bout à me mettre sous la dent. J'ouvris le frigo; il ne restait rien à part quelques œufs et de la salade. Le reste était immangeable. Il faudra que je pense à m'en occuper quand l'envie me prendra. La vaisselle s'accumulait aussi dans l'évier. Ça je le ferai ce soir comme ça je n'aurais pas d'emmerde quand ma putain de mère viendra pour baiser avec son nouveau mec.
La situation à la maison était plutôt difficile. Je vivais seul avec ma mère. Mon père.. j'en sais rien de qui c'est et je compte pas le savoir. Ça doit encore être un de ces putains de connards qui a oublié de s'enfiler un préservatif.
Je pris alors un peu de salade et me fit un œuf au plat que je mis entre de tranche de pain sec pour m'en faire un sandwich. Après avoir mangé je mis le lave-vaisselle en route et m'enferma dans ma chambre. C'était un bordel des plus impressionnant mais je m'y retrouvais. Ma chaise de bureau me servait de garde-robe, mon bureau de dépose-tout et mon sol de poubelle. Des papiers, le plus souvent des partitions de guitare plus qu'horrible, traînaient par terre. Malgré tout l'ambiance était plutôt cool ici. Le drapeau USA comme rideau sur ma fenêtre que je gardais toujours ouverte laissait une lueur rougis et bleutée à la lueur du soleil qui s'infiltrait à l'intérieur. C'était mon petit cocon à moi. Personne n'avait le droit d'y entrer, encore moins les connards, si je n'en suis pas un.
Je m'asseyais contre mon lit et pris ma guitare. Quelques notes raisonnaient dans l'immensité du silence. Je connaissais cette musique sur le bout des doigts. Flares de The script. Cette musique qui m'a tant de fois fait pleuré. Et qui, encore aujourd'hui, me soutire quelques larmes dans mon cœur.
D'une voix dont je ne laisse profiter personne, je me mis à chanter.« Did you lose what won't return?
Did you love but never learn?
The fire's out but still it burns
And no one cares, there's no one there
Did you find it hard to breathe?
Did you cry so much that you could barely see?
You're in the darkness all alone
And no one cares, there's no one there »Dans un élan de nostalgie je me mis à gratter un peu plus fort les cordes, à chanter un peu plus fort, à me laisser emporter par cette musique si belle quand le refrain se fit atteindre.
« But did you see the flares in the sky?
Were you blinded by the light?
Did you feel the smoke in your eyes?
Did you, did you? »Je gueulais presque toute ma douleur accumulé pendant des années. Les larmes aux yeux, je m'y donnais à fond. Ce n'était plus moi qui chantait; c'était mon cœur, mon âme, tout mon être.
« Did you see the sparks filled with hope?
You are not alone
'Cause someone's out there, sending out flares »J'étais tellement dedans que je failli ne pas entendre cette voix dehors qui, juste devant ma fenêtre, chantait avec moi ce refrain que je m'étais approprié. Je m'en foutais. Même si c'était plutôt bizarre, je m'en foutais. Je continua couplet puis refrain en donnant toute mon âme et cette voix.. cette voix d'ange qui m'accompagnait ne me laissa pas le temps de pleurer entre deux phrases. J'étais déchiré mais elle était là. On aurait dit qu'elle me supportait. Elle faisait ma force pendant ces petites minutes.
A la fin du morceau, j'étais dépassé. Comme inerte sur le sol, la guitare entre les mains, je laissai mes yeux finir d'écouler ces larmes insolentes.
Je me relevai soudain en sursaut. Cette voix.. à qui elle appartenait ? Je me dirigeai en vitesse à la fenêtre et décala le drapeau que j'aimais tant. Il n'y avait personne, le désert habituel. Pourtant je l'avais entendu. Cela devait être sûrement encore mon imagination. Il était tard et j'étais quelque peu fatigué par mes insomnies des nuits dernières.
Je me couchais alors avec ce mystère en tête mais je m'endormi assez facilement pour une fois.
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Inespéré (fini)
Teen FictionLa voix qui résonne est plus qu'un simple mystère.. Terminé!