Je restai en retrait avec Émilie pendant que Federico menait le groupe vers un bar prisé. La file d'attente d'ados alcoolisés et peu vêtus empiétait sur le trottoir de deux autres bars. Je marquais un temps d'arrêt quand je vis Federico dépasser tous les fêtards et s'arrêter devant le videur. Il lui parla très brièvement, et finalement le gorille hôcha la tête et lui tapa dans la main avant d'ouvrit les barrières. Nous les suivîmes mais le videur me barra la route. Outrée que l'on me traite comme une enfant, je m'arrêtais et regardais l'homme de haut.
- Pardon ?
- Your ID, dit-il sans ciller.
- Really ?
- Yes. Or no entry.
Federico jeta un œil en arrière pour vérifier que je le suivais. Quand il vit mon visage et la colère qui commençait à monter. Il vola à mon secours.
- She's with me, buddy.
- Ok, Sir.
Il me se décala pour me laisser entrer, comme si de rien n'était.
- Connard, je lâchai, sans baisser la voix.
- Allez Antonia, ramène-toi et ne te mets pas tout le monde à dos, ria-t-il en me tirant par la main.
Son contact m'électrisait, mais je repris violemment ma main.
- On t'a demandé ton âge à toi ? Je sais que toutes les minettes ici n'ont pas l'habitude de se vêtir mais ce n'est pas parce qu'on ne voit pas mon trou de balle que je dois pour autant avoir douze ans.
- C'était une formalité, Antonia. Allez, viens. Rentre.
Je le suivais. Il demanda un carré à une serveuse au comptoir et une bouteille. Elle lui donna le prix, mais la musique m'empêcha d'entendre distinctement.
- C'est combien ? Demandais-je.
- T'inquiète pas de ça.
- Je suis pas ta pute Fed. Soit, tu me dis et je paye la moitié, soit je me casse.
Il souffla et passa sa main dans les cheveux.
- C'est hors de question. C'est moi qui t'ai invitée.
- Je paierai la moitié, point.
- Arrête de faire un caprice, souffla-t-il, exaspéré.
Je haussai les sourcils et le regardais, étonnée.
- Pardon ? C'est toi qui fais un caprice là. On vient passer une soirée sympa avec nos potes, chacun paye la moitié et c'est fini. C'est comme ça que je vois les choses.
- Et bien pas moi. Je passe une soirée avec une fille, j'invite. C'est comme ça qu'on m'a élevé.
- Et tu vas me raccompagner en calèche aussi ? Et me donner ton autorisation pour avoir un compte en banque ou un carnet de chèque ?
- Avec plaisir.
Je soupirai, voyant qu'il ne céderait pas. Je comptais les billets qu'il avait disposé sur le comptoir, sorti la moitié de la somme et la lui fourrai dans la main.
- Je t'assure que ce n'est pas la peine, Antonia.
- Ça me fait plaisir. C'est le but de cette soirée, non ?
- Mmm, grommela-t-il.
La serveuse les ramassa en se penchant ostensiblement sur le comptoir, battant des cils vers Federico. Federico ne semblait même pas la remarquer : il avait les yeux posés sur moi. Il avait été à bonne école : ne jamais montrer à sa proie qu'elle n'est pas la seule.
- Je pose mon cul où maintenant ? Demandais-je, en haussant un sourcil.
- Suivez-moi tous les deux, répondit-il.
Il me fit un clin d'œil et prit ma main. Il s'avança vers la foule qui ondulait sur la piste de danse. Il y avait tellement de monde que je la serrai assez fort pour ne pas le perdre. Il adressa un geste à Livio et ils nous suivirent, avec Émilie à côté d'eux.
La chaleur du bar contrastait de manière étouffante avec la fraicheur extérieure. Il n'y avait aucun bon compromis à Budapest.
Arrivés au niveau d'une table ronde entourée d'une banquette, je posai mes affaires, retirai mon manteau et mes couches de protections. C'était la première fois que je m'asseyais en carré VIP, et ce genre d'extravagance n'était pas trop à mon goût. Nous avions largement de la place pour encore cinq personnes autour de la table alors que juste à côté les gens se poussaient pour pouvoir faire le moindre mouvement. Je me sentais observée et je détestais cela.
Une bouteille et cinq verres furent apportés par la même serveuse que tout à l'heure et Livio nous servit.
- A Buda ! trinqua Federico en levant son verre.
Tous l'imitèrent.
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Laisse tomber j'ai plus mal
RomanceIl me court après, je le vois bien. Les hommes se liquéfient souvent face à une jolie courbure de reins. Mais non il ne m'intéresse pas. Bien sûr que non. Après oui, j'aime bien sa bouche il faut se l'avouer, ses rides rieuses, ses chaussures touj...