Chapitre I - Le Poudlard Express

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Autant vous prévenir maintenant, l'histoire qui suit n'est pas un conte de fées. Nous sommes loin, très loin des studios d'Hollywood où tout est beau, où les protagonistes tombent amoureux l'un de l'autre au premier regard, où le vilain garçon se trouve être un cœur tendre qui ne veut le mal de personne. Non, l'histoire qui suit est plus crue, sans artifice, très loin du prince sur son cheval blanc qui part à la rescousse de la princesse en danger.

Je me prends d'un fou rire en rédigeant cette phrase sur ma vieille machine à écrire. Malefoy? Un prince charmant? C'est absolument ridicule. Non, Malefoy est tout sauf un prince charmant, et pourtant qu'est-ce que j'ai aimé le croire. Les choses auraient été tellement plus simples s'il avait su mettre sa fierté de côté, pardonner et mieux encore, demander pardon. Mais c'est lui, il est comme ça. Je ne peux pas tant lui en vouloir, tout découle de son éducation désastreuse. Une mère aimante et un père lâche, c'est comme ça qu'il me les avait décrit.

A l'instant où je tape mes mots, je suis perdue. J'ai besoin de tout remettre en ordre, mes émotions, mais aussi cette histoire complètement folle qui m'est arrivée lors de ma 7e année à Poudlard.

Le temps était ensoleillé en cette fin d'été 1998. Mrs.McGonagall avait invité chaque élève n'ayant pas obtenu son année à redoubler et bien que mes capacités développées lors de la guerre m'auraient permis de valider mes BUSES et ASPIC* facilement, je devais comme tout le monde, passer une année complète dans ce château que je chérissais. Celui-ci a certes connu la violence, a enveloppé les morts et accueilli des forces maléfiques, mais il a aussi permis à des milliers de sorciers de s'épanouir, s'aider et s'aimer. Avant cette dernière année, tous mes souvenirs n'étaient qu'aventures périlleuses aux côtés de mes meilleurs amis Harry Potter et Ronald Weasley. Quand je pense à Poudlard, je pense avant tout aux belles histoires, bien que dangereuses qui nous ont rapproché et permis de sauver le monde. Ce n'était pas facile tous les jours, loin de là, surtout pendant la guerre. J'ai tué, j'ai blessé, j'ai menti, j'ai fait semblant, mais c'était nécessaire, pour vivre, pour permettre à Harry de vivre.

La plupart du temps, je faisais mine d'être impassible, un vrai roc, une Gryffondor, mais ce n'est pas pour autant que j'oublie, même maintenant, les événements tragiques qui sont arrivés et qui ont détruit non pas que la pierre du château, mais aussi, des milliers de vies.

Je me prenais à rêvasser contre la vitre du train qui nous emmenait à nouveau, et je pensais à quel point c'était beau cette fin d'été, et le soleil qui reflétait sur la peau blanche de Ron. Si on m'avait dit qu'on y arriverait, à trois, à non pas oublier, mais essayer de pardonner, à ne pas se languir pour nos morts mais à embrasser ceux qui restent, je n'y aurais pas cru.

-Hey, 'Mione, à quoi tu penses?

Ronald m'offrait sa tendresse en un regard, tandis que je lui rendais son sourire chaleureux. Mes yeux parcouraient à nouveau le paysage qui défilait, tandis que je cherchais les mots les plus justes pour répondre à mes amis.

-Je me disais que cet été est passé incroyablement vite, j'ai l'impression de nous revoir la première fois que nous nous sommes rencontrés dans un de ces wagons. On était trèèèèès loin de s'imaginer tout ce qui allait nous arriver, n'est-ce pas?

- Cha ch'est ch'ûre!

Je me suis mise à glousser face à Ron qui avait déjà la bouche pleine de confiseries magiques. Malgré notre évolution commune, certaines choses ne comptaient pas changer. Et c'était ce genre de détails, qui me faisaient complètement craquer chez Ronald. Harry se moquait de lui, mais il avait sans doute autant de choses dans la bouche que notre ami, alors nous avons ris en cœur. Rires qui se sont arrêtés brutalement lorsque dans le corridor sont passés trois sorciers vêtus de leurs robes noires agrémentées de touches vertes et argentées, représentant le symbole de la maison Serpentard. Aucun doute sur l'identité de ces personnes: Blaise Zabini, Pansy Parkinson et Drago Malefoy.

-Ils doivent chercher un compartiment pour s'asseoir. Je proposais en guise de réponse à leurs déambulations.

-Je ne leur laisserai jamais ma place, c'est bien fait pour eux s'ils se retrouvent mis à l'écart, après ce qu'ils ont fait..

-Ron, arrête. On en a assez discuté cet été. Tu sais que la plupart des Serpentard étaient enfermés au cachot par Rusard, ils n'ont pas pu participer à la guerre que ce soit du côté des forces du mal ou du nôtre. Alors on ne peut pas les blâmer, ils n'ont eu aucune chance de nous rejoindre.

-Hermione... Harry prit un temps avant de poursuivre. Je sais que tu veux absolument que tout soit terminé, que l'on fasse nos deuils le plus rapidement possible et qu'on se tienne tous la main pour aller de l'avant mais tu dois tout de même admettre que beaucoup ont joué un rôle dans cette guerre. Malefoy lui-même est allé, fièrement et devant tout le monde rejoindre Lord.

J'échappais un soupir. Fièrement? Il avait l'air de tout sauf d'être fière. Je le revoyais se cacher derrière nous et hésiter avant que sa mère ne hurle son nom, le suppliant de venir la rejoindre. Ses pieds avançaient mais sans aucun courage, ses mains tremblaient, j'étais presque sûre qu'il était au bord des larmes. Je sortis de mes souvenirs lorsqu'une grenouille s'échappa de la boîte de Chocogrenouille d'Harry. Mes amis avaient repris leur discussion au sujet de je ne sais quel joueur de Quidditch tandis que les images qui apparaissaient à travers la fenêtre du train se superposaient aux souvenirs de ces dernières années.


*Nda: Les ASPIC (Accumulation de Sorcellerie Particulièrement Intensive et Contraignante) sont des examens non obligatoires permettant d'accéder à certains métiers comme le poste d'Auror au ministère de la magie par exemple.

Les BUSES (Brevet Universel de Sorcellerie Élémentaire) sont aussi des examens, cependant obligatoires, à passer en cinquième et septième année afin de valider des compétences.

Authentique - DramioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant