Summer Love

CHAPITRE 1

Mon sac n'est pas encore prêt alors que ma mère me hurle de descendre. Je n'aurais jamais imaginé qu'elle tiendrait sa parole. Elle disait que j'étais insupportable, qu'elle ne pouvait plus continuer et qu'un jour elle m'enverrai loin d'ici.

Depuis la mort de papa, je n'ai jamais été si différente, si colérique. Aujourd'hui je crie sur ma mère comme je ne me le serais jamais permis avant. Jamais. Je ne contrôles plus mes émotions, mes sentiments. Tous mes repères sont effacés, je suis perdue.

A 17 ans je ne me reconnais plus.

Maman dit que je suis en période de deuil, que je met une carapace pour que personne ne puisse voir que je suis triste. C'est vrai. Elle a peut être raison. Je suis triste, détruite, déchirée de l'intérieur, comme si le fait de perdre mon père avait enlevé une partie de moi. Elle me dit qu'il faut maintenant avancer, reprendre une vie normal, mais c'est impossible. Comment l'oublier ? Comment oublier le jour où il m'a appris à faire du vélo, comment oublier tous les matins où il m'emmenait à l'école en moto avec un casque trop grand pour moi, comment oublier les soirs où on se blottissaient tous les trois sur le canapé pour regarder tout les Harry Potter sans s'arrêter.

C'est impossible.

Alors aujourd'hui je prépare mes affaires parce que ce soir ma mère m'emmène dans un camp pour ados difficiles. Moi je pense que c'est juste pour se débarrasser de moi qu'elle m'envoie là-bas et non pour me « remettre sur le droit chemin ».

- Haylee ! Descends maintenant ! hurle Maman

- J'arrive, deux secondes !

Je finis mon sac, enfile un vieux sweat et descends les escaliers en courant.

- Je passe voir Zoe avant de partir.

- Non chérie on n'a pas le temps, on doit aller à l'aéroport et...

Elle n'a même pas le temps de finir sa phrase que je suis déjà dehors. Je traverse la rue et toque à la porte de la maison d'en face. La porte s'ouvre et Zoe me prend dans ses bras.

- Haylee, j'ai pas envie que tu partes ! grogne-t-elle

- Humh...tu m'étouffes là.

- Oups pardon, rigole-t-elle en me serrant plus fort encore

Zoe est ma meilleure amie depuis le collège. c'est presque une sœur pour moi. Avec ses jolies mèches rousses, ses grands yeux bleus et sa bonne humeur, elle me redonne le sourire. Nous sommes voisines depuis maintenant six ans et nos parents s'adorent. Sa famille et elle ont toujours été là pour nous soutenir, surtout à la mort de Papa. C'est dur pour moi de me séparer d'elle, même pour deux mois. Il n'y aura pas de réseau au camp.

Je soupire. Elle me lâche, me sourit et me fait signe d'entrer.

- Non Zoe... j'ai pas le temps.

- Oh non aller cinq minutes ! On ne se verra plus pendant deux mois après.

- Je sais mais Maman m'attend, je voulais juste te voir avant de partir.

- Aller s'il te plaît, tu ne pars que ce soir, on a tout l'aprèm ! En plus, j'ai tes gâteaux préférés...

Elle me fait sa tête de chien battu et me regarde en joignant les mains. Je rigole, hésite, puis me décide à entrer. Elle relève la tête et me sourit, contente d'elle.

- Je reste une heure grand max ok ?

- Oui oui !

Nous montons dans sa chambre et discutons de tout et de rien. Nous ne voyons pas le temps passer.

A 16h, je reçois un message de ma mère me disant qu'il faut y aller. Je lui dis au revoir, la prenant encore une fois dans mes bras, et je sors dehors. Maman m'attend dans la voiture. Je m'installe sur le siège passager, attache ma ceinture et lance un dernier regard à Zoe.

Enfin installées dans l'avion, Maman et moi discutons à propos du camp de vacances. Elle m'explique qu'il est au bord de la mer, en Californie, à 1h de Los Angeles. Ça c'est un point positif !

Moi qui habite à Seattle, je n'ai encore jamais eu l'occasion d'y aller J'apprends qu'il y a différentes activités et que je peux m'inscrire seulement à deux d'entre elles.

- Je n'ai pas le programme exact de ton séjour mais on te le donnera forcément là-bas.

Je fais oui de la tête.

- Haylee..., soupire-t-elle, je sais que ce camp ne t'enchante pas trop mais je suis sûre qu'il te fera du bien, crois moi. Tu te fera des amis, peut-être un petit ami et...

- Non

- Quoi ?

- Non maman ne commence pas, je ne veux pas avoir cette discussion avec toi s'il te plaît.

Je lève les yeux au ciel. Un petit ami ? Et puis quoi encore ? Elle rigole, me sourit doucement et murmure un « ok ». Je pose la tête contre le hublot et ferme les yeux.

Je m'endors quelques minutes après, bercée par le bruit du moteur.

Après 2h d'avion, ma mère me réveille. J'ouvre les yeux et je la voit, inquiète.

- Haylee chérie, réveille toi s'il te plaît, il faut qu'on aille chercher les bagages, remplir les dernières formalités et...

- T'inquiètes pas Maman, tout va bien on a le temps ! dis-je en baillant

Ma mère a toujours été comme ça, toujours stressée pour tout et n'importe quoi, surtout depuis la mort de Papa...

Je me lève, baille une nouvelle fois et nous sortons de l'avion. Nous avons encore 1h de voiture à faire jusqu'au camp.