Chapitre 23

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- Tiens regarde de ce que j'ai trouvé! Clamai-je, brandissant le test de paternité devant Eliad complètement blasé face à mon excitation. 

J'avançais vers lui à pas rapides, un sourire fier plaqué sur le visage. 

- On peut dire que j'ai hautement gagné ce pari. 

- Ce n'est que parti remise, murmura-t-il tout en étant concentré sur le document que je venais de lui donner. 

- Peut-être, mais avoue que ce test de paternité t'en bouche en coin. 

- J'avoue, dit-il en souriant. Merde, je n'aurais jamais imaginé Camozzi devenir père. 

J'éclatai de rire.

- Je me suis dit la même chose. Mais le test est négatif, il n'a pas d'enfant. 

- Dommage... C'aurait pu être drôle, murmura Eliad pensif. 

- Pourquoi es-tu si proche de lui? Demandai-je abruptement.

Je voulais avoir réponse à mes questions. Ou plutôt à mes inquiétudes. 

Eliad m'appréhenda avec un air de "tu n'en sauras pas plus". Mais il était hors de question qu'il continue à me manipuler. J'en avais marre d'être là au grès de son bon vouloir. 

- Eliad. 

- Chacun son business Nina. 

Par agacement, j'attrapai ses poignets violemment et le força à me regarder dans les yeux. A ma grande surprise, il se laissa faire. 

- Oui sauf que là, je suis concernée par ton "business". Quoique tu en dises, Mégane nous a collés ensemble pour des missions et c'est toi qui est venu me chercher dans cette boîte. Donc maintenant que j'ai découvert ton petit jeu, tu ne peux plus te servir de moi pour tes objectifs. Alors, laisse-moi être claire: Je. Ne. Suis. Pas. Ton. Putain. D'objet. 

J'avais articulé cette dernière phrase avec toute la détermination possible. Je repoussais Eliad qui, sans doute surpris par ma force, recula de quelques pas. Il restait silencieux alors je n'attendis pas mon reste et me dirigeai vers la sortie.

- Attends Nina! 

J'étais déjà trop loin, cette fois-là, il ne pouvait pas m'attraper le bras. 

- Quoi?! 

Je m'étais retournée fulminante. Eliad me faisait de nouveau face et avait l'air pour une fois prêt à vider son sac. 

- Promis j'arrête. 

- Arrêter quoi? Dis-je en gardant mon ton cinglant.

- De t'utiliser, dit-il avec calme. 

Qu'il le dise aussi sereinement me pétrifia, une partie de moi aurait voulu se tromper. Eliad m'avait utilisé pour faciliter la plupart de nos missions. 

- Ce weekend... Il fit une pause et regarda des deux côtés du couloir pour vérifier que nous étions toujours seuls... Il y a une sorte de séminaire, c'est un gros truc. Tous les grands représentants de la résistance seront là, j'ai des contacts, tu veux venir avec moi? 

J'entrouvrais la bouche de surprise. Cette occasion était inespérée pour modifier cette situation de surplace dans laquelle je me trouvais depuis quelques semaines. 

- Ca se passe où?   

- A quelques heures d'ici mais il y a des failles dans le contrôle des gares, on peut aisément attraper un train. 

- On serait des sortes de passagers clandestins? Demandai-je l'air rêveur. 

Eliad hocha la tête, sans doute fier d'avoir capté mon intérêt. 

- Ok, je viens, dis-je sans trop réfléchir aux conséquences. 

- Vraiment? Demanda-t-il surpris.

- Oui... Mais hors de question que tu retentes ce que tu as fais dans la salle d'entrainement. 

Il ne sembla pas comprendre tout de suite puis il se souvînt. 

- Ah tu veux dire lorsque je t'ai embrassé dans le cou? Dit-il l'air amusé. 

- Exactement, murmurai-je l'air embarrassée. 

Si un nouvel rapprochement devait s'opérer, je devais en être l'initiatrice. Il était hors de question de laisser Eliad maitriser ce jeu de séduction entre nous. C'était à moi de décider et de prendre les devants maintenant.

J'ignorais si Eliad allait le comprendre. Quoiqu'il en soit, il me quitta d'un air qui semblait dire "tu n'arriveras pas à me résister". Alors je me demandais comment pouvait-il me plaire autant avec un orgueil pareil.  

                                                                                            ***

La fin de la semaine était passée relativement rapidement. Je n'avais qu'une hâte: retrouver Eliad sur notre lieu de rendez-vous et aller à ce séminaire. Pour la première fois depuis que Endemol avait pris le pouvoir, j'allais enfin voyager. Et même si nous n'étions seulement qu'à quelques heures du rassemblement, la perspective me réjouissait.

- Prête? 

Je hochais la tête. Nous étions sur les quais désert de la gare. Eliad m'avait expliqué la situation: nous allions monter dans le train au moment du départ lorsque les voyageurs auront déjà pris leur place et que les conducteurs seront occupé à faire démarrer la machine. 

Il n'y avait que quelques privilégiés qui pouvait voyager, nous pouvions alors en profiter pour nous incruster sans que quelconque voyageur ne se rende compte de notre présence si nous faisions attention à choisir les bonnes places.

- Viens là, murmura discrètement Eliad.

Il jeta un coup d'œil à l'intérieur du dernier wagon du train, il me fit signe que la route était libre alors je grimpais rapidement. 

La rame était déserte mais on ne pouvait pas être totalement certains que des fonctionnaires d'Endemol ne fassent pas irruption. Eliad réussit à ouvris un des cagibis prévus pour les contrôleurs. Il crocheta la porte et entra dans l'habitacle. 

Je le rejoignis avec précipitation. Je me voyais mal rester seule dans le couloir dans le wagon, spécialement lorsqu'il y avait un risque de faire face à des passagers. 

Certes, c'était spartiate. Eliad utilisait déjà la majeure partie de l'espace et qu'importe nos stratégies pour nous laisser de l'air, mon corps était forcément collé au sien. Pour être plus à l'aise, Eliad décala ses bras et les laissa retomber près de ma taille. Il était dos à moi, heureusement, car sinon il aurait vu mon visage paniquer à mesure que je sentais nos corps se rapprocher. 

Le train démarra et je me détendis. Son buste était collé à mon dos mais je me commençais à m'habituer à ce contact. 

- Est-ce que... Est-ce que je peux poser mes mains sur ton ventre? Je commence à a voir des fourmis aux bras, bredouilla Eliad. 

J'étais en train de rêver. Pour la première fois depuis que je l'avais rencontré, je le voyais gêné, presque intimidé. Visiblement, je n'étais pas la seule à être perturbée par notre proximité.

- Oui, vas-y, murmurai-je. 

Ses mains se posèrent délicatement sur mon ventre et il croisa ses bras si bien que même mes côtes étaient en contact avec son corps. A ma plus grande surprise, cette promiscuité me détendis. D'abord avec hésitation, je posais ma tête contre son torse. Il raffermit sa prise sur mon ventre, alors je me laissais aller et fermai les yeux. 

- Et c'est parti pour 2h30 de train, souffla doucement Eliad.


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15 mai 2019

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