La dernière danse

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Le stress monte, ma nervosité me ronge, je fais les cents pas dans la pièce en attendant mon tour.

Certaines révisent, mais je n'y arrive pas, je suis beaucoup trop angoissée.Ces heures de préparation me reviennent, je me vois là, à ne pas réussir ce que j'aimerais faire. J'ai persévéré et travaillé jusqu'à ce que les mouvements me deviennent familier, ce n'est plus une simple répétition de savoir, c'est une partie de moi que j'exprime et dévoile...Mais étrangement, je ne suis plus aussi sûre que la dernière fois... Je ne ressens plus mon corps vibrer,ou alors c'est l'angoisse qui me prend par la gorge et tente de m'étouffer. Il faut la repousser alors je marche.

- Alice...

Je me retourne, un homme, debout, je regarde autour de moi, aucune fille ne semble le voir ou même l'avoir entendu. Je tente de faire comme si je ne l'avais pas vu mais mes yeux se perdent dans ses yeux foncés sans fond.

Sa main attrape mon avant-bras, des frissons me parcourent. Je ne ressens plus rien, mes angoisses, ma nervosité ce sont envolées, le monde s'efface, les mouvements me reviennent et de nouveau je fais corps avec eux, je ne lâche pas son regard, je m'enfouis dans ses yeux et m'enivre de son parfum.

Soudain,il m'entraîne à l'extérieur, mes chaussons en tissu me font voler au-dessus de l'herbe, je cours en le suivant tout en le fixant.On court jusqu'à ce qu'on se retrouve dans la petite forêt derrière la salle. Au milieu de toute verdure, je me sens moi-même,l'air est plus respirable que dans la salle qui est plongé dans l'angoisse et la peur. Ici tout est différent, la nature te laisse seule avec toi-même.

Il me fait glisser sa main jusque dans la mienne, son regard que j'avais quitté pour regarder autour de moi me manque soudainement, je retrouve son regard, c'est à travers ça que l'on communique, j'ai envie de sauter à son cou, le remercier, montrer ma joie... Mais je ne dis rien, ne fais rien.

Sa seconde main glisse sur ma hanche sans que nos regards ne bougent comme une simple confidence. Nos corps bougent en même temps, nos pas sont identiques, la végétation nous regarde, un léger souffle nous guide. Nos souffles sont courts, mais ce n'est pas pour ça quel'on s'arrête.

- Tu n'as pas à t'inquiéter.

- C'est facile à dire pour toi, tout te paraît simple, murmurais-je.

Ses lèvres dessinent un sourire sur son visage, il est la patiente et la bienveillance que je n'ai peut-être jamais eu.

- Peut-être mais tu connais chacun de tes pas.

Cette fois, c'est à mon tour de sourire, son visage, je ne l'ai pas quitté durant toute la danse. Il se rapproche me prend les mains, je le laisse faire, je veux connaître la suite, je ne le crains pas, j'ai confiance en lui.

Ses lèvres frôlent les miennes avec un sourire mais je n'ai pas le temps d'être surprise qu'il m'entraîne de nouveau en courant sur les chemins.

Même en courant, je n'arrive pas à le quitter des yeux. Sans que je m'en rende compte, on se retrouve devant la salle.

L'angoisse et la peur me remonte à la gorge, je le vois me sourire et tout disparaît de nouveau. Il m'embrasse sur la joue puis disparaît en me laissant là où j'étais au départ. Je rentre de nouveau dans la salle en restant sur mon nuage.

- Alice ?! Lance mon professeur paniqué.

- Madame, je suis prête.

- Tu es sûre ? Car tu sais, j'y ai réfléchis et...

- Non ! Je veux le faire.

Elle me regarde et hoche la tête, je me prépare à rentré en scène,les filles disparaissent petit à petit, les lumières se regroupent en un seul point et la musique devient plus douce et plus lente. Je souffle un bon coup et repense à son sourire.

Je monte sur scène en me plaçant dans la lumière et danse.

Mes pas sont précis, régulier, je les ai appris par cœur jusqu'à ce qu'ils soient une partie de moi-même.

Je  tourne, vole et surprends. Mon cœur s'arrête quand tout se termine,la salle retient son souffle, mon souffle court, je ne bouge plus,j'attends. Soudain j'entends le public plongé dans le noir m'applaudir, se lever, je les salue en retour, je commence à sortir de scène en entendant dans cette foule une personne qui, en frappant des mains, n'a pas le même son et le même rythme, je me retourne légèrement et je le vois, là, dans le noir totale, son sourire illumine la salle et mon cœur, je le vois me faire un clin d'œil,je souris et je sors de scène.


- Oui, tu avais raison, j'avais toutes les chances de réussir, chuchotais-je plus tard à son oreille lorsque l'on s'est retrouvé tous les deux. 

- Je sais, dit-il en m'embrassant. 

Les chemins qui s'entrecroisent ... Où les histoires vivent. Découvrez maintenant