Mes yeux se posent sur l'horizon. Il est rose. Comme mes joues. C'est normal, on ne se suicide pas à tous les jours.
Il y a une brise fraîche qui murmure la réveil de la ville, je l'écoute chanter depuis je ne saurais dire combien de temps.
Je ne sais pas non plus depuis combien de temps je suis là, à attendre je ne sais quoi, les pieds à moitié suicidés, pendus dans le vide. Le matin tend à naître alors que la nuit se meure, m'entraînant à sa perte.
Oh, mais ne vous lamentez pas de mon sort, la Vie et moi n'étions pas faites pour aller ensemble. Nous avons décidé, d'un commun accord, comme des adultes, de se laisser. Voilà, la Vie et moi, nous nous sommes séparées. Ce matin, elle viendra chercher les quelques boîtes qu'il lui reste et rentrera chez elle.
De toute façon j'ai rencontré quelqu'un de mieux. Ma mère ne l'aime pas beaucoup, elle dit qu'elle a une mauvaise influence sur moi. Je ne la comprends pas. Depuis que je côtoie la Mort, je me sens beaucoup mieux. J'ai l'impression qu'un lourd fardeau s'est déchargé de mes épaules. La Mort dit qu'elle s'en occupera pour moi, que je n'ai besoin de me soucier de rien. Je lui fais confiance.
Ça y est, c'est l'heure.
La Vie vient de cogner à la porte. Je ne veux pas aller répondre. Je la connais, elle pourrait me supplier de la reprendre. Mais mon choix est fait.
Voilà la Mort qui m'appelle. Elle est en bas de ma fenêtre, elle m'attend. Je n'ai plus qu'à sauter. Elle m'attrapera, je le sais. Elle m'a expliqué comment faire, je dois plonger dans le vide, tête première. Ça me fera un coup sur la tête, un coup de tête, c'est ce qu'elle a dit.
J'entend la porte qui grince. Je n'ai pas très envie que la Vie me voit si intimement liée à la Mort.
Je saute.
Je ferme les yeux. C'est si bon de se sentir libérée de tout. J'appréhende tout de même un peu l'atterrissage. J'ouvre un oeil, je vois le sol, mon ciel, qui fonce vers moi à vive allure. Je n'ai plus qu'à attendre le moment où je percut-