Ses yeux jaunes

La lumière

La lumière était allumée, mais je n'avais aucune idée de la raison. Il était 2 heure du matin, et la maison d'en face était vide. J'habitais dans un petit quartier plutôt aisé, à la limite de la ville. Ce soir, les voisins étaient sortis avec mes parents à un gala de charité contre la chasse des panda roux en Amazonie. Comme lors de la plupart de leur sortie, ils allaient sûrement rentrer chancelant et criant dans la rue des immondicités. Mais, actuellement, la rue était vide, silencieuse. Il n'y avait rien qui bougeait dehors. Je savais, et j'en était sûr que mes voisins n'étaient pas encore rentrés, mais alors, à qui appartenait la silhouette que je venais d'apercevoir par la fenêtre.

Je sentais mon corps se tendre. Mes yeux étaient restés fixés sur cette fenêtre, les rideaux dansaient toujours après le passage de cette silhouette, cette « chose » ... Devais-je appeler mes voisins pour les prévenir ? Peut-être que ce n'était que leur fils ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si quelqu'un s'était vraiment introduit dans leur maison ?

Je couru chercher mon portable et revint me positionner devant ma propre fenêtre. A l'affût du moindre mouvement, je cherchais toujours une explication à ces événements étranges. Soudain, une information me revint, faisant alors rater un battement à mon cœur... Ce ne pouvait pas être leur fils, je m'en souviens maintenant, il avait déménagé il y a à peine 2 semaines. C'était donc obligatoirement un étranger. Mais il y avait quelque chose qui clochait avec sa silhouette, sa taille, sa manière de se tenir ; le dos courbé, la vitesse de son mouvement. Tout d'un coup je me demandai si même cette chose pouvait être humaine. Mais alors comment un animal aurait pu s'introduire dans leur maison ? Je ne savais pas vraiment comment réagir face à cette situation hors du commun. Je décidais quand même de prendre en vidéo ce qui semblait être l'animal bouger derrière le rideau puis l'envoyais à ma mère, espérant qu'elle me dise quoi faire...

Après plusieurs minutes, le message ne s'était toujours pas envoyé. Je réessayai plusieurs fois puis je me rendis compte qu'aucun réseau n'était disponible. Je commençais vraiment à paniquer. J'aperçus une autre lumière s'allumer dans la maison, puis une autre, puis encore une autre. D'un coup, la maison entière s'alluma. Je m'éloignais alors de ma fenêtre quand d'un coup, la silhouette de la créature inconnue se dessina sur le rideau dans la cuisine de la maison voisine. Doucement, les rideaux s'écartèrent laissant place à cette chose. Elle me regarda, me fixa quand soudain, toutes les lumières s'éteignirent. Même celle de ma chambre. Je me retrouvais alors dans un noir total. J'avais beau cligner des yeux et me concentrer, je n'arrivais pas à m'habituer à la pénombre, je ne percevais aucune lumière venant de la rue, comme si la ville entière s'était éteinte... La lune avait aussi disparue...

D'un coup, la température chuta brutalement et un point lumineux apparu...

Ou étais-je ?

Je ne voyais rien, mais j'avais l'impression que je ne me retrouvais plus chez moi. J'avançais, doucement. Le noir s'étendait devant moi, et m'entourait, la seule chose qui sortait de l'obscurité, était ce point lumineux. Il était tellement attirant, tellement fascinant. Je m'avançais davantage vers lui mais je n'osais pas me retourner. Vous connaissez la sensation où vous avez la certitude que quelqu'un vous regard, vous observe, même, vous suit. Je pouvais sentir son souffle dans mon cou. Je ne pouvais qu'avancer. Surtout ne pas me retourner. Surtout ne pas le regarder. Son souffle chaud me donnait des sueurs froides. Plus j'avançais, plus le point lumineux semblait s'éloigner. Pourtant j'étais sûr d'avancer. Enfin je crois. A vrai dire je n'étais plus sûr de rien. Tout se mélangeait, le rêve, le réel. Tout. La peur me paralysait. Je ne ressentais aucune émotion mise à part cette peur, si envahissante, si omniprésente. Ma tête commença à tourner, le point dansait devant mes yeux puis mon corps heurta le sol, lourdement, provoquant un bruit sourd. Mes yeux se fermèrent automatiquement. Avant de perdre totalement connaissance, je sentis des bras m'entourer, ce souffle chaud se coller à mon visage puis mon corps fut soulevé et je sombrai doucement dans un monde de nuage.