Les chemins qui s'entrecroisent ...

Elle, sur le banc

Elle est... Je ne sais pas si je serais capable de la définir. Après tout elle est pour moi tout mon monde, tout ce que j'aime... Tout ce que déteste aussi. Elle n'était pas vieille quand je j'ai rencontré et elle ne dépasse toujours pas la quarantaine. Elle semblait innocente, isolée sur ce banc, je m'étais approché pour seulement m'asseoir, j'en avais peut-être profité pour me recoiffer mais ce n'était pour rien engager, le vent les avait seulement ébouriffé. Elle avait une simple robe, quelques motifs de fleurs et de la dentelle qui volaient au gré du vent, seuls éléments qui la rendaient vivante. Elle semblait être une statue de pierre, le temps s'étant arrêté simplement pour elle . Je n'avais pas voulu la déranger, je m'étais assis en laissant un espace assez large pour laisser quelqu'un d'audacieux s'y asseoir... Il n'y en avait plus beaucoup. D'audacieux. Rien dans notre posture, dans nos regards pouvait préméditer que sa voix tuerait le silence de ce mois d'avril.

- Il fait beau pour un 13 avril... N'est-ce pas ?Avait-elle demandé l'air ailleurs, innocente.

- Si vous le dites, avais-je simplement répondu.

Nous n'avons échangé que quelques mots, pas assez pour se connaître, se découvrir mais assez pour sentir un mal-être, qui avait durer qu'un court instant car son départ le termina. Je m'étais retrouvé seul sur ce banc. Je venais chaque jour ici, a m'asseoir sur ce banc qu'il pleuve ou non. Je regardais les personnes passer devant moi sans me voir ou alors me sourire ou le plus souvent éviter mon regard. Je ne demandais rien au monde, juste une pause, un arrêt, un temps calme pour respirer. Lorsque je l'ai rencontré, je ne savais pas ce qui m'attendait, je pensais avoir la pause que je méritais, peut-être.Je suis retournée le lendemain sous la pluie sur ce banc. Sa silhouette était là, à attendre, de marbre, elle devait être arrivée peu de temps avant moi car elle n'avait que quelques gouttelettes qui décoraient sa robe en plus des quelques fleurs et de la dentelle. Je m'étais assis comme la veille mais chose étrange elle s'était rapprochée vers moi... Peut-être était-elle audacieuse? Nous avons de nouveau échangé quelques mots sans être long et le même mal-être s'était installé sans durer longtemps grâce à son départ. Ces rencontres se déroulaient ainsi chaque jour, sans plus de mots, sous tous les temps, toujours à la même heure. Au fil des jours, lorsqu'elle disparaissait, mon cœur se sentait seul, je voulais écourter ces moments de solitude que je mettais imposé pour simplement observer. Plus les jours et les semaines passaient moins je ne réussissais à me concentrer.

Après un ou deux mois, lorsqu'elle me posait une question, j'essayais de lui faire une réponse longue ou de la lui renvoyer. Elle ne souriait jamais, elle regardait droit devant elle parfois en s'approchant de moi ou en s'écartant... Pourtant mon cœur préférait la voir proche. À partir de ce moment, je ne suis plus aussi sûr de ce qui s'est réellement passé. Peut-être que mon corps et mon cœur allaient trop loin ? Dans tous les cas, lorsqu'elle a posé sa question, je me suis approché, je ne voulais rien, simplement être près d'elle. En lui donnant ma réponse, je lui ai pris sa main,peut-être que mon audace apparaissait ? Je n'ai pas compris pourquoi ce premier coup, pourquoi, en quelques secondes, je mettais retrouvé avec une marque rouge sur la joue... Avais-je fais un pas de trop ?Je l'ai regardé dans les yeux, en voulant m'excuser, mais mes mots ne sortaient pas, ils ne s'envolaient pas. Je l'ai seulement regardé hébété. Elle s'est levée, m'a regardé, avec du dégoût? Non, je ne crois pas, plutôt de l'amusement. Puis elle a tourné les talons,écourtant un peu plus notre moment...

Ellen'était pas revenue le lendemain... Ni même le surlendemain... Je me réconfortais de sa présence à travers cette marque, qui avait disparu, pour me dire qu'elle reviendra. Au bout d'une semaine,j'avais aperçu au loin sa silhouette sur le banc. Mon cœur était en fête. J'avais laissé un écart entre nous.

- Excusez-moi, avais-je dis.

- Pour?

- Pour l'incident d'y il y a une semaine...