26- Retour aux sources (partie 1)

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PDV : Léna

- Et dites-moi, est-ce que vous avez pensé à prendre vos vestes chaudes ? On ne sait jamais, en France il fait sûrement moins chaud qu'ici... s'exclame ma mère

Je ne quitte pas des yeux l'écran lumineux, où s'affiche les différents vols, ainsi que les heures de départ et d'arrivée. Il est encore tôt, et l'aéroport n'est pas bondé. Ma tête me fait légèrement mal, la soirée d'hier, l'alcool, Lisa, Matthew... tout s'emmêle à l'intérieur.

Ma soeur écoute de la musique affalée dans un siège un peu plus loin. Elle sirote également un chocolat chaud, et ne prête pas attention à nous. Je ne décolère pas. Et je pense qu'elle le ressent, voilà pourquoi elle préfère se tenir loin de moi. Et pourtant, je m'en veux terriblement pour... non. Je n'ai pas le droit d'y penser.

- Ne t'inquiète pas, maman. J'ai tout prévu.

- Mes amours... vous allez tant me manquer.

Je comprends que cette situation ne soit pas évidente pour ma mère. Nous n'avons jamais été séparées pendant si longtemps, et à une si grande distance.

Je presse son bras, et dépose un baiser sur sa joue.

- Tu vas me manquer aussi, maman. Je t'appelle dès qu'on atterrit.

Elle accepte et une voix nous force à nous séparer ;

- L'embarquement est ouvert pour le vol 426, partant de New York, et se rendant en France. Les passagers peuvent à présent déposer leurs bagages en soute.

- On va devoir y aller.

- Je vous accompagne. Lisa ? On y va.

Elle se lève, sa valise à sa main. Elle ne semble pas bien, elle non plus. Ses cheveux sont emmêlés et attachés en un chignon négligé, des cernes sont apparus sous ses yeux et son visage semble fatigué, épuisé, et triste.

Elle est rentrée un peu plus tard que moi hier soir, mais je ne dormais pas. Je l'ai entendu pleurer dans son lit pendant de longues minutes. J'ai dû me retenir de toutes mes forces afin de ne pas me jeter dans ses bras pour la consoler. Mais je ne l'ai pas fait. Parce que je lui en veux, et que je m'en veux aussi. Parce que j'ai laissé Matthew m'embrasser. Et qu'en plus, j'ai adoré ça... Je ne sais pas comment s'est terminé sa soirée, et je ne sais pas ce qui l'a fait tant pleurer non plus. Mais je ne veux pas le savoir. Je veux rester loin d'elle pendant un moment, j'en ai réellement besoin.

Nous déposons nos valises sur un tapis roulant, qui les emmènera en soute. Puis le moment d'embarquer arrive enfin. Ma mère m'agrippe dans ses bras et me serre fort. Je l'enlace également et lui murmure que je l'aime. On se sépare ensuite et elle en fait de même avec Lisa. Après un dernier baiser, nous montons dans l'avion, nous nous asseyons côte à côte, et ma sœur pose sa tête contre la vitre du hublot, elle écoute de la musique et s'endort rapidement.

Moi j'en suis incapable. Mon cerveau ne cesse de réfléchir et m'empêche de dormir. J'ai hâte de revoir mon père et mes amis. Ils vont être une bouffée d'air frais pour moi, et j'en ai réellement besoin. J'asphyxiais à New York. J'étouffais. Je souhaite juste respirer en France.

***

Environ huit heures plus tard, nous atterrissons en France. Il pleut, et les gouttes d'eau s'abattent violemment contre les hublots de l'avion. Ça m'avait manqué. Ma sœur s'est réveillée il y a environ deux heures, et depuis, elle fixe son téléphone silencieusement. Nous descendons, puis nous pénétrons dans l'aéroport, nous récupérons rapidement nos valises, puis ensuite, nous tentons d'apercevoir notre père parmi la foule de gens déambulant dans l'aéroport.

Notre Journal Intime [ TERMINÉ ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant