Lady and Gentleman

Prologue | Léana

-Ahhhh !

Léana se réveilla en sueur et essoufflée. Elle regarda autour d'elle alarmée puis, au bout de quelques secondes de panique, réalisa que ce n'était qu'un rêve. La jeune fille retomba mollement sur le matelas de son lit à baldaquin et fixa le plafond de ses yeux bleus ciel.

Elle se trouvait dans sa chambre, une des nombreuses pièces de la demeure des Dearly, qui jadis, appartenait à son père, mais qui, depuis 2 ans maintenant leur appartenait à elle et sa mère suite au décès de celui-ci. La maison donnait sur une des rues les plus passagères de New London et à toute heure de la journée, des riches nobles passaient devant chez eux dans leurs calèches cliquetants sur les pavés.

C'était aujourd'hui le jour de l'anniversaire de son défunt père et Léana, comme tout les ans revoyait sa mort en rêve. La jeune lady ne parvenait pas à oublier son père, et pensait à lui toutes les nuits. C'était arrivé un lundi, Léana revenait de chez une amie et elle avait trouvée sa mère en pleurs dans le salon, serrant une lettre dans sa main droite. Elle lui avait appris, entre deux sanglots que son père était décédé dans un accident de calèche. Léana, bouleversée n'avait même pas remarqué la lettre et quand plus tard elle demanda à sa mère qu'elle était cette missive, sa mère fit semblant de ne pas comprendre de quoi elle parlait. Mais Léana n'était pas dupe, elle savait que sa mère lui cachait quelque chose. Même si celle-ci lui avait raconté des centaines de fois que son père avait eu un accident, Léana n'y croyait pas. Elle savait qu'elle aurait dû se faire à cette idée mais son instinct ne faisait que la rejeter. Sachant qu'elle ne trouverais plus le sommeil la jeune fille décida de s'habiller. Elle appela sa bonne, Manon, qui accourut pour l'aider. La jeune domestique était rousse avec un visage enfantin plein de taches de rousseurs. Elle enfila son corset à Léana puis lui choisit une robe pourpre munit de volants blanc, et lui ajouta un élégant noeud rose dans les cheveux ainsi qu'un paire de gants assortis. Léana avait maintenant 16 ans mais sa mère n'acceptait toujours pas, au grand désarroi de sa fille, qu'elle s'habille comme une femme et lui préférait des habits qui la faisait paraître plus jeune. Manon lui sourit tendrement, elle savait que ce jour était difficile pour elle et qu'elle n'avait toujours pas complètement accepté la mort de son père. Léana lui répondit par un signe de la tête puis descendit dans le salon pour retrouver sa mère qui était toujours réveillée avant elle.

Madelaine, leur cuisinière avait préparée le petit déjeuner, et Carolina Dearly était déjà attablée, perdue dans ses pensées. Elle n'entendit pas sa fille arriver jusqu'à ce que celle-ci la salut:

-Bonjour Mère, avez vous bien dormi ?

La femme se retourna, surprise, et avec entrain répondit:

-Bonjour chérie, oui j'ai merveilleusement bien dormi. Viens donc déguster le bon déjeuner que nous a cuisinée Madelaine.

Sa mère ne voulait plus penser à son mari et, chaque année tenait à ce que rien ne change de leurs habitude même si sa fille était toujours plus morose. Elle essayait de s'adapter au souhait de sa mère mais pensait souvent à son père, et était persuadée que sa mère en faisait de même en cachette. Elle s'assis donc à table et sa mère entreprit de lui détailler le programme complet de la journée. Elles devaient aller rendre visite à la famille des Hearley, puis prendre un thé chez les Allister et enfin rentrer pour se préparer pour le bal des Mink.

Léana était impatiente d'être au soir, elle adorait les bals mais leurs visites de courtoisie chez leurs riches "amis" ne l'enchantait pas. Elle monta quand même se préparer pour faire plaisir à sa mère. Celle-ci espérait que Léana trouve un bon parti et qu'elle pense enfin au mariage mais la jeune fille n'aimait aucun des gentleman que sa mère lui présentait en lui faisant comprendre à coup d'oeillades plus ou moins discrètes que le jeune homme se trouvant en face d'elle était "un très bon mari"... Au bout de deux petites heures elles prirent leur calèche, conduite par leur chauffeur, Alfred. Elles arrivèrent dans la rue la plus huppé de tout New London, 2th Avenue ou habitaient les Hearley. C'était un couple d'aristocrates avec deux fils, qui ne plaisaient pas du tout à Léana à cause de leur air pincé mais leurs parents se faisaient un devoir d'en marier un des deux avec elle. Au bout de plusieurs heures de discussions raffinées et tout autant ennuyantes, Léana et sa mère saluèrent leurs hôtes et prirent congé. Elles avaient encore quelques heures devant elles avant de prendre le thé chez les Allister. Léana en profita pour se repoudrer puis, avec l'accord de sa mère, elle décida d'appeler sa meilleure amie, Elisa Parker, pour lui proposer de passe une partie de l'après-midi ensemble. Elle accepta directement à la plus grande joie de Léana. Elle sortie donc retrouver son amie à un petit café quelques rues plus loin.

Une fois arrivée elle s'assit à une table en l'attendant et commanda un chocolat viennois surmonté d'une framboise et d'une touche de crème. C'était sa boisson préféré ainsi que celle de Elisa, mais elle ne se risquait pas à l'avouer à sa mère qui ne trouverais pas ça digne d'une jeune fille distinguée, elle qui préférait le thé. Elle avait presque fini son verre quand Elisa arriva, celle-ci s'assit en face d'elle et se mit aussi à siroter son chocolat tout en lui relatant avec empressement et énergie sa journée qui était d'après ses dires, aussi passionnante que désastreuse. La jeune fille s'était levée de bonne heure et avait vu sa mère en train de coudre, ce qui ne lui arrivait jamais, et surtout pas en pleine nuit. Celle-ci lui expliqua qu'elle avait froid et ne trouvait pas de couverture, alors elle c'était mise en tête d'en coudre une. Mme Parker avait été traumatisée par la mort du petit frère d'Elisa, Mark, à l'âge de trois mois. Celui était malheureusement décédé d'une pneumonie et depuis ce jour, sa mère avait souvent des comportements étrange même si elle se remettait petit à petit. Vers dix heures son grand frère, Steve, se leva et trébucha dans l'escalier en allant ouvrir à son "amie" (qui comme tout le monde l'avait remarqué à part sa propre mère, était plus qu'une amie) et se fit une entorse à la cheville. Il passèrent donc la matinée à l'hôpital et Elisa était exténuée malgré son air enjoué et infatigable. La jeune lady s'arrêta soudainement de parler quand elle se rendit compte que Léana regardait dans le vide avec un regard distant. Elle se souvint alors du jour que l'on était et fit le tour de la table pour la prendre dans ses bras. Au bout d'une petite heure de discussions surtout alimentées par Elisa, Léana déclara qu'elle devait rentrer et partit après une dernière embrassade avec sa meilleure amie. Arrivée chez elle, elle trouva sa mère paniquée :

"Je ne peux plus te faire confiance, nous sommes sur le point d'être en retard ! Tu ne te rend pas compte de l'importance que cette visite a ! " Effectivement, Léana ne s'en rendait pas compte, surtout qu'elles avaient encore une heure devant elles. Mais sa mère était comme ça inquiète à la moindre occasion.

Après le thé qui fut assez bref chez les Allister qui n'avait pas l'air enjoué de cette visite malgré l'effort de Mme Dearly pour réchauffer l'ambiance, Léana décida de prendre un bain en vue du bal du soir. Elle changea de tenue et revêtit ses plus beaux habits : une longue robe bleu qui s'accordait harmonieusement avec ses yeux et qui comportait de nombreux volants et broderies. Elle se munit aussi de ses plus beaux bijoux qu'elle avait acheté avec sa mère ce printemps et qu'elle n'avait encore jamais porté. Puis, aux alentours de 20h, les Dearly se rendirent au bal. Mme Dearly quand à elle s'était vêtu d'une robe toute aussi belle mais d'un rouge sang qui faisait ressortir son teint de porcelaine.

Il y avait beaucoup d'invités à la soirée, tous plus riches les uns que les autres et le salon était bondé. Léana perdit vite sa mère des yeux. Elle espérait retrouver Elisa ou une autre amie quelconque mais elle n'en apercevait pas encore. Soudain, un jeune homme particulièrement séduisant l'invita sur la piste de danse. Léana accepta volontiers l'offre et se mit à valser avec ce qu'elle comprit être le fils des Sherly, Alexander. Léana était aux anges quand tout à coup un coup de feu retentit.

Alexander l'attira vers lui dans la panique qui régnait autour d'elle, sûrement pour la protéger. Il n'avait pas l'air apeuré ni même contrarié. Il voulut l'attirer vers le hall quand une autre main l'attrapa. Elle crût tout d'abord que c'était sa mère qui l'avait retrouvé mais elle se rendit compte que la main était masculine. Elle ne parvenait pas à apercevoir le visage de l'homme dans le chaos ambiant. Des lady enrubannées couraient dans tout les sens ayants abandonnée toute dignité tandis que les hommes, essayant de se montrer courageux s'efforçaient de voir d'où venaient les coups de feu ayant semé la panique, tandis que d'autres attiraient leurs femme à l'écart pour fuir la maison qui s'était transformée en champ de bataille. L'homme qui tirait Léana, quant à lui était apparemment beaucoup plus fort que son compagnon de danse et il réussit à l'arracher des bras de celui ci. La jeune fille qui ne comprenait rien à ce qui se passait et qui n'avait pas la force de lutter, se laissa entraîner de l'autre côté. L'inconnu lui fit traverser la salle de bal et sortit pas la porte de derrière. Léana était indigné qu'il ne se soit pas présenté et qu'il ait osé l'arracher à son compagnon et à la fête même si celle ci dégénérait. Elle commença seulement à s'inquiéter quand ils eurent traversés le jardin plongé dans le noir et que l'inconnu ne s'arrêta toujours pas. Léana commença à se débattre pour s'arracher à la poigne de son ravisseur mais il était bien trop musclé et grand. Au bout de quelques mètres un autre homme les rejoignit et d'un coup plaqua un mouchoir sur le nez et la bouche de Léana. Celle ci étonnée n'eu même pas le temps de réfléchir qu'elle sentit sa tête tourner et qu'elle tomba dans les vapes.