Je referme la porte derrière moi. Je suis livré à moi-même, je ne sais pas où je vais, mais je dois y aller. C'est là-bas qu'est ma place. Pas au-près de cette famille à l'image parfaite pour le monde qui nous entoure. Un père et une mère aimants de leurs deux enfants. Ethan, le grand frère qui possède déjà sa propre grande entreprise de marketing, fiancé à la belle Marie, depuis leur voyage dans les îles Canaries l'été dernier. Et puis ils ont moi, le petit dernier qui n'a que dix-sept ans mais qui possède un talent pour la littérature, qui touche et attendri chaque personne, d'un simple sourire. Père et Mère aiment donner la parfaite et irréprochable image de notre famille, mais nous ne le sommes pas. Nous sommes loin de cette famille idéale, du moins je le suis.
Les clés à la main, je m'avance petit à petit vers la voiture de Papa et Maman. Ils dorment toujours. Il est peu commun de voir beaucoup de monde déjà lever à cette heure-là. Il est tôt. LE GPS de la voiture indique 03h32. Je mets le contact, passe la première, enlève le frein à main puis quitte l'allée centrale de la résidence familiale. Les feux n'éclairent que très peu la route et je ne peux observer, dans le rétroviseur, la maison s'éloigne peu à peu. Je sens un léger coulis chaud le long de ma joue. Je pleure. Je pars pour le Sud, à plus de huit cent kilomètres de chez moi, ou du moins de mon ancien chez moi. Je sens ce poids en moins, en moi, qui me prouve avoir fait le bon choix. Un léger sourire se forme aux coins de mes petites lèvres. Je ne peut pas rester plus longtemps, pas après tout ces complications, ce n'est plus possible.
Après avoir quitté la ville, je m'arrête sur le bas côté de la route, songeant à faire demi-tour. Le doute s'est installé en moi depuis cinq minutes, et je n'arrive plus à me concentrer sur la route. A quoi bon partir ? Je n'ai qu'à essayer d'en discuter avec eux. C'est pas si terrible que ça après tout. Secouant la tête, je m'engage sur la chaussée et me revoilà reprenant ma route. Je ne dois pas me poser de question, il est actuellement 03h58.
J'ai quitté la région depuis un moment déjà et je ne me suis pas fait arrêter. Je ne me débrouille pas si mal que ça finalement, pour quelqu'un qui n'a pas de permis... C'est un bon début avec plus de deux heures de routes. Papa ne va pas tarder à se lever, et remarquer mon absence. Je dois faire vite si je veux vraiment arriver vers Montpellier avant qu'il soit trop tard. Il me reste une centaine de kilomètres avant d'atteindre Orléans donc en accélérant un peu plus, ça ira plus vite que prévue. Quitte à conduire illégalement, autant oublier les limitations de vitesse.
Le soleil se lève peu à peu, éclairant de plus en plus le paysage qui m'entoure. J'aime ces moments du matin, ces moments où les rayons du soleil s'éveillent et viennent nous effleurer la peau. Leur chaleur se fait sentir sur mon visage, je ferme les yeux pour y prendre goût. C'est tellement bon, et chaud. Je me sens bien, aussi bien qu'avant. Je me revois quand petit encore, tout allait bien avec Papa et qu'il emmenait Jeanne et moi, avec lui faire ses promenades matinales à la recherche de nouvelles merveilles. Sur la plage, dans les forêts, les plaines, les parcs et jardins, toutes ces beautés pleines de verdures et de vies animales, là où le soleil peut nous apporter lumière.
J'ai passé de longs moments de bonheur aux côtés de Papa, mais tout ça, c'était avant le drame. Un long bruit sourd de klaxon me sort de ma rêverie, j'ouvre grand les yeux, et donne un énorme coup de volant sur la droite voulant éviter une coalition avec la voiture arrivant d'en face. Les pneus de mon véhicule crissent, l'arrière se déplace plus rapidement que l'avant. La voiture quitte la chaussée, et tombe dans le ravin. J'arrive Jeanne, bientôt nous serons réunis à nouveau, nous deux contre le reste du monde.
Quelques minutes se passent, je suis toujours immobile sur mon siège. Ma tête commence à devenir de plus en plus lourde. Mes yeux se ferment peu à peu tandis que le reste de mon corps s'alourdit, un vague son de sirène se fait entendre venant au loin.
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Accident
Short Story"Je referme la porte derrière moi. Je suis livré à moi-même, je ne sais pas où je vais, mais je dois y aller." Ce sont les premiers mots de cette nouvelle. A vous de découvrir la suite.