Chapitre 2
« Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. » Alphonse de Lamartine
Emma
A l'abri derrière un arbre au tronc très épais, je regardais de loin mon frère et l'amour de ma vie dire au revoir à leurs amis après avoir chargé leurs sacs dans le bus qui les emmènerait loin de moi.
Mon univers déjà sombre était sur le point de tomber dans le noir complet, et j'étais morte de peur à cette idée. J'avais déjà tellement perdu...
Ma gorge se noua, et mon souffle devint plus lourd alors que mon regard se posait sur Alexandre. J'avais cinq ans quand j'ai compris le rôle que cet homme jouerait dans ma vie. Je savais qu'il serait mon premier amour. Ce que je ne savais pas à l'époque c'est qu'il serait également ma première grosse peine de cœur. Et alors qu'il enlaçait une grande blonde au corps parfait et posait ses lèvres sur les siennes, une larme coula silencieusement sur ma joue.
Mon frère, debout à côté de lui, ne cessait de regarder parmi les gens qui l'entouraient, comme s'il cherchait quelqu'un. Je savais qui. Moi. Et même si je mourais d'envie de courir vers lui pour me jeter dans ses bras, je me forçais à rester là où j'étais, ancrant mes pieds dans le sol. Pourquoi ? Parce que je savais ce qui se passerait si je me retrouvais dans ses bras : je craquerais, et le supplierais de ne pas m'abandonner lui aussi.
Mon père me manquait, chaque jour était aussi douloureux que le premier sans lui. Chaque matin au réveil, la seconde où son souvenir me revenait en mémoire était comme un coup de poignard en plein cœur.
Le jour où mon père était mort avait été le début de mon enfer. Et le pire dans tout ça ? J'étais la seule à le savoir.
Clopinant le long de l'allée menant à ma maison, je jetai un regard vers la terrasse de la maison d'Alex et grimaçai. Il était sur le porche, en train de rouler une pelle à sa copine actuelle. Beurk. Je détestais cette rouquine.
Décidant de les ignorer, je sautillai jusqu'à la porte de ma maison. Foutue Sandra qui était incapable de jouer loyalement ! Cette petite garce se sentait obligée de blesser les gens plutôt que de perdre à une simple partie de basket.
Je poussai la porte d'entrée et jetai mon sac à dos rempli de livres au sol.
- MAMAN !
Entendant du bruit venant du salon, je partis en direction de la cuisine pour me prendre de la glace à mettre sur ma cheville douloureuse.
- Je crois qu'on va devoir passer voir le médecin demain. Cette Sandra et son égo démesuré sont tombés sur ma cheville, et à chaque fois que je la pose sur le sol j'ai l'impression qu'un courant électrique...
A l'instant où je mis les pieds dans le salon, je compris que quelque chose n'allait pas. Ma mère était assise sur le canapé, le regard fixé dans le vide devant elle. A genoux à ses pieds, Matthieu l'appelait encore et encore sans qu'elle n'ait un sursaut de réaction.
- Qu'est-ce qui se passe ?
Mon frère leva alors sur moi un regard noyé de larmes, et je jurai que mon cœur s'arrêta de battre avant de repartir au triple galop. Matthieu ne pleurait jamais. Jamais.
- Papa...
Sa voix se brisa et il ferma les yeux, sa pomme d'Adam remuant le long de sa gorge.
- Matt...
Il secoua la tête, et les lèvres tremblantes, prononça à toute vitesse.
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Nom de code : Alexandre
Storie d'amoreLe rêve de toute une vie est sur le point de se réaliser. Alexandre sait depuis l'enfance ce qu'il veut faire de sa vie : faire partie de l'élite des commando de l'armée de l'air, le CPA 10. Toute sa vie, il ne s'est entraîné que dans ce but. Et al...