Mon crayon dansait sur la page vierge posée sur mes genoux. Il tourbillonnait, guidé par ma main inspirée, laissant derrière lui un sillage noir, qui se révéla bientôt être la forme de ton visage. Tu étais juste devant moi, mais tu ne me voyais pas, absorbée dans ta discussion. Assis sur un banc à l'abri, tu m'as ébloui. Tu as secoué mon âme, chamboulé mon cœur et pris possession de mon esprit. Je ne pouvais te quitter des yeux. Tu semblais si fragile et si forte à la fois. Ton sourire était si sincère, ton rire résonnait dans mes oreilles comme une musique apaisante. Ton regard semblait embellir tout ce qu'il voyait et ta grâce faisait disparaître tout ce qui se trouvait autour de toi. Plus rien n'existait. Alors, inconsciemment, j'ai sorti mon carnet. Et mes mains ont dessiné. Elles ont tracé ton visage si doux, elles l'ont gravé dans le papier afin que jamais je ne l'oublie. Elles ont dessiné tes fossettes avec douceur, tendresse. Elles ont tenté de représenter l'éclat de tes yeux, sans succès car il est impossible de dessiner une chose si irréelle. Elles ont soigneusement tracé tes tâches de rousseur, délicatement. Je ne te quittais pas des yeux. Tu m'avais ensorcelé sans même le savoir. Tu étais devenue ma muse sans même le savoir. Une déesse envoyée par erreur sur Terre. Une âme trop pure pour ce monde. Tu étais tout. Tu étais Aphrodite et je n'étais qu'un simple mortel, fasciné par la jeune femme devant lui. Tandis que je te regardais, ton regard croisa le mien, et j'aurais pu jurer que la Terre s'était arrêtée de tourner, retenant sa respiration. Deux inconnus, deux amants, deux âmes qui se rejoignent. Nous ne dîmes rien, incapables de la moindre pensée rationnelle. J'étais plongé dans tes iris azur et ce fut comme un tsunami qui me heurta de plein fouet : c'était toi. Je le sentais, je savais que tu allais être la seule. Que tu allais m'éblouir jusqu'à mon dernier souffle, que chacune de mes respirations serait pour toi, que chacune de mes pensées serait toi, que chacun de mes dessins te représenterait. Parce que c'était impossible autrement. Je ne pourrais jamais me remettre de toi. De ton visage. De ton sourire. De ton rire. De ton regard. Tu m'as ensorcelé pour toujours. Tu es ma muse, et la muse de tous les astres. Tu es la rivale de la Lune et la maîtresse des étoiles. Le Soleil ne brille que pour toi, le monde entier est fade quand tu n'es pas là. Et moi, j'ai succombé.