Usurpatrice Tome 1 : Tentation (EN REECRITURE)

Chapitre 8 (1) « Mauvaise graine » ♕

Point de vue d'Evan

Je sens la respiration de Bonnie caresser ma nuque alors qu'elle murmure quelque chose à mon oreille.

- Je ne porte pas de culotte, donc si t'es sage on pourra peut-être faire des bêtises ce soir, chuchote-t-elle avec un sourire malicieux.

Un sourire étire mes lèvres alors que je porte mon verre de champagne à ma bouche. J'ai toujours apprécié ce côté provocant chez Bonnie. On ne s'ennuie jamais avec elle, et c'est précisément pour cette raison que je lui ai demandé de m'accompagner à ce stupide gala. Vous auriez dû l'entendre au téléphone, elle était tellement excitée de pouvoir venir. Je ne comprends même pas pourquoi ; ce n'est pas comme s'il allait se passer quelque chose d'intéressant. C'est juste un événement lambda, avec un tas de riches réunis dans une même pièce, en train de se congratuler mutuellement. C'est lamentable, mais assez divertissant.

- Allez, installez-vous ! La voix de Lexie me sort de mes pensées. Elle se tient debout, accompagnée d'Andrew et de... Mia. Je ne sais même pas pourquoi je suis surpris de la voir ici ; ce n'est pas comme si Andrew comptait venir seul ce soir. Je contemple cette magnifique robe blanche bustier en satin qu'elle porte. Elle est sublime.

- C'est elle, n'est-ce pas ? La fiancée de ton frère. me demande Bonnie.

- Oui, dis-je simplement, détournant les yeux avant que Bonnie ne remarque l'intérêt trop marqué dans mon regard.

Ils s'installent avec nous, et je décide de me distraire en discutant avec Bonnie. Elle me parle de son boulot qui ne m'intéresse pas le moins du monde, mais au moins ça permet de tenir mon esprit occupé.

À la table, les conversations vont bon train. Mia rit à une blague qu'Andrew a racontée, son rire est mélodieux, attirant tous les regards. Il pose une main protectrice sur l'épaule de Mia, et je serre les dents. Bonnie parle encore, mais je n'écoute qu'à moitié. C'est comme si la présence de Mia m'empêchait de rester concentré.

Après une vingtaine de minutes à attendre que ce foutu gala commence, mon père monte enfin sur scène, accompagné de ma mère. C'est le seul moment de l'année où ils font semblant d'être un couple soudé. Mon père fait son discours d'introduction, remerciant chaque invité d'être venu, en glissant quelques blagues qui font rire toute la salle. Je ne comprends pas pourquoi ils rient ; ses blagues sont tout sauf drôles. Mais je suppose que lorsqu'un homme pesant plusieurs milliards de dollars se tient en face de vous et vous fait une blague, vous êtes obligé de rire, que la blague soit drôle ou pas.

Je les observe, ces invités qui rient et applaudissent, tous parés de leurs plus beaux atours, rivalisant de sophistication et d'élégance. Certains sont sincères, d'autres sont ici pour se montrer, pour cultiver leur image de philanthropes. Mon père continue son discours, évoquant les nobles causes que ce gala soutient, parlant de la nécessité d'aider ceux qui sont dans le besoin. Sa voix résonne avec une autorité naturelle, imposant le respect. Pourtant, je ne peux m'empêcher de me demander combien dans cette salle partagent vraiment cette conviction.

Je jette un coup d'œil vers Mia. Elle semble captivée par le discours. Elle sourit poliment, applaudissant aux moments appropriés. Andrew, lui, est rayonnant, comme toujours. Il est l'incarnation de l'héritier parfait, charmant, courtois, engagé. Un modèle de vertu, contrairement à moi. Je sens un mélange d'admiration et de frustration monter en moi. Pourquoi ne puis-je être comme lui ? Pourquoi est-ce si difficile pour moi de me conformer à leurs attentes ?

Bonnie me lance un regard interrogateur, probablement se demandant pourquoi je suis si silencieux. Je prends une gorgée de mon champagne pour masquer mon trouble. Mon père conclut finalement son discours sous une pluie d'applaudissements et de sifflements d'approbation. Les musiciens reprennent leur place et commencent à jouer une douce mélodie pour accompagner le début du dîner.