"Salut Charlie ! Tu flippes, pas vrai ?"
Envoyé par Cooper Robinson, à 11h16.
"C'est quoi ce bordel ?!" fut la question que je me posai pendant cinq bonnes minutes. "Reste clair, Charlie. Interprète ce que tu vois." Ok. Je tentai de reprendre mes esprits.
Cela faisait deux jours que j'avais pas vu Jack et Sarina. J'avais naïvement pensé qu'ils étaient au QG de Chicago ou en train de faire je ne sais quoi.
Cependant, j'étais absolument certaine que leurs téléphones n'étaient pas sur cette commode avant que je parte hier soir, à 21h30.
À 22h30, j'avais reçu le sms de Cooper disant qu'il était devant chez moi.
Puis, ce matin, à 10h40, j'étais rentrée ici.
Plus d'une demie-journée s'était écoulée sans que je repasse à la maison. N'importe quoi avait pu se passer.
Mais pourquoi diable le numéro de Cooper était-il enregistré sur le téléphone de Jack ?
"Cooper n'est pas si innocent que tu le crois, Charlie" me chuchota une petite voix. À cet instant précis, je fus persuadée que j'étais surveillée. Non seulement, le sms était arrivée peu après que je rentre, mais je savais également que personne dans le quartier ne possédait de Berline, modèle russe, stationnant depuis une vingtaine de minutes dans la rue. Sentant que le danger était proche, j'appliquai à la lettre les consignes d'Interpol. Discrétion et efficacité. Sachant que j'étais observée, je fis comme si de rien n'était et montai rapidement dans la chambre. Pas de temps à perdre, je pris un sac à dos, l'automatique d'urgence que chaque agent possédait, du liquide, un cran d'arrêt, un téléphone à carte, et de quoi manger et boire au cas où. J'avais le pressentiment que je ne reviendrai pas ici avant longtemps. J'enfilai une tenue pratique, jean et basket, un sweatshirt.
Je laissai mon iPhone sur mon bureau en prenant soin de retirer la carte et de la broyer, puis ouvrai ma fenêtre. Je ne pouvais pas repasser par la porte d'entrée. Plus de deux mètres séparaient ma fenêtre du sol. Heureusement, cette vieille maison présentait l'avantage de posséder une gouttière. Je m'accrochai à elle, puis me fis glisser jusqu'en bas, et j'atteris sur mes deux pieds, avec l'agilité d'un chat. Maintenant, que devais-je faire ? Je longeai le mur de brique, et jetai un oeil sur la rue. La berline était toujours garée, mais grâce à un faux-reflet, je constatai à travers les vitres teintées qu'il n'y avait personne à l'intérieur du véhicule. Ils étaient probablement à l'intérieur de la maison. Je devais faire vite. Je me glissai sur le trottoire, mis ma capuche, puis marchai jusqu'à la station de métro la plus proche. Je mis également mes lunettes de soleil. Si j'avais réellement reconnue la mafia russe, je savais qu'ils n'auraient aucun mal à récuperer les bandes des caméras de surveillance du métro. Le téléphone à carte était beaucoup moins branché que l'iPhone mais présentait l'avantage de ne pas pouvoir être retracé. Je téléphonai alors à la seule personne susceptible de pouvoir m'aider ici.
Il répondit au bout de deux sonneries.
-Allô ?
- C'est Charlie, je suis dans la merde, rejoins-moi au Three Guys Coffee. Et prends le nécessaire, sauf ton portable normal.
- Ok, j'y suis dans un quart d'heure.
Nate avait beau se faire passer pour un con, il savait tout de même détecter les urgences. Je pris la ligne 6, puis la 1 et changeai volontairement encore une fois pour la 3. Le café était situé sur la 5ème avenue, soit la plus passagère de Chicago. Mais je n'avais pas donné rendez-vous à Nate là-bas par hasard, ni pour boire un café ; au sous-sol de l'établissement était situé un "salon de secours" comme Interpol aimait les appeler. Dans chaque métropole, l'organisation possédait des locaux où les agents pouvaient se réunir en cas d'urgence. Arrivée devant le café bondé, je marchai jusqu'aux toilettes pour femmes, puis je dégainai un trousseau de clé ouvrant une porte nommée "Privé". Je pénétrai dans l'escalier, pris le soin de refermer la porte derrière moi, puis dévalai les marches jusqu'au salon.
Nate déboula cinq minutes plus tard.
- C'est quoi ce plan foireux là ? demanda-t-il, inquiet.
- Je crois que Cooper a pigé. Et a avertit son père. Ou du moins un ami.
- Comment il a su ?!
Honteuse, je déclarai :
- Il se pourrait qu'il y avait des caméras la nuit où j'ai copié les données de l'ordinateur de son père...
- Tu te fous de ma gueule ? C'EST UNE BLAGUE ?! On est dans la merde ! Enfin, TU es dans la merde, puisque je suis toujours blanc comme neige à ses yeux.
- C'est pas tout, J et S ont disparu.
- La totale, quoi. Bon, tu vas rester planquée ici et appeler le QG de Chicago, pendant que j'agirai naturellement auprès de lui, ok ?
Tu vas t'en sortir, me dit-il, sincère.
Je craquais. Pourquoi avait-il fallu que je commette une erreur de débutant ? Des larmes perlèrent sur mes joues.
- Je suis trop conne, j'aurais dû faire plus gaffe !
- Oui, mais c'est fait alors tant pis. Je dois, y aller, appelle-moi cette nuit. On fait comme on a dit.
Je hochai la tête. Et moi qui avait cru que Cooper n'y voyait que du feu...
- Merci Nate.
- C'est normal.
Il s'apprêtait à s'en aller lorsqu'il se retourna et déposa un baiser furtif sur mes lèvres.
- Je passe dès que je peux, ajouta-t-il.
Puis il s'en alla.
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Les aventures de Charlie
AventuraQuand Interpol m'a recrutée, j'avais 7 ans. Aujourd'hui, j'en ai 17, et je n'ose même pas imaginer ce qu'aurait été ma vie si je n'avais pas été au bon endroit, au bon moment. Chers lecteurs, si vous avez lu les nombreux tomes de CHERUB, vous pourr...