Nom de code : Alexandre

Chapitre 3

Chapitre 3

« On se demande souvent si la vie a un sens...

Et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie. » Brassaï

Alexandre

Après des années d'efforts et d'entrainement, on y était enfin.

Le CPA 10. Commando parachutiste de l'air. Mon rêve ultime.

Debout devant le Général qui venait d'épingler l'insigne de la compagnie sur le devant de mon uniforme, je lui serrai la main en essayant de garder une expression neutre alors que tout mon corps exultait de joie. Je l'avais fait.

On l'avait fait.

Parce que, bien sûr, mon meilleur ami se tenait juste derrière moi.

Une fois la cérémonie terminée, on fila jusqu'à nos chambres pour terminer nos sacs. Une semaine de permission nous était accordée avant notre départ pour l'Afrique, à Djibouti. On connaissait l'endroit pour y avoir passé notre stage « Bélouga », et j'avais hâte de retrouver une certaine petite pilote qui m'avait laissé une grande impression.

Quand j'entrai dans ma chambre, une grande enveloppe blanche m'attendait sur mon lit. Sachant très bien ce qui se trouvait à l'intérieur, je l'ouvris avec empressement.

C'est Emma qui avait commencé cette drôle de manière de communiquer entre nous. Quand je lui avais laissé ce carnet avant mon départ, c'était comme une branche d'olivier que je lui tendais, et j'avais été ravi qu'elle s'en saisisse, même si je ressortais souvent frustrer de ces lectures.

Impatient, je fis défiler les pages remplies de citations jusqu'à atteindre la dernière.

« Je ne souhaite pas la mort des cons : j'aime trop mes semblables. » Frédéric Dard

J'éclatai de rire, avant de refermer le cahier et de le poser sur mon lit. J'allais pouvoir lui rendre en main propre cette fois. Pendant ces deux dernières années, à chaque fois que l'on rentrait à la maison, Emma avait été absente pour telle ou telle raison. Même son frère ne l'avait pas vu plus d'une heure en coup de vent. Nous n'étions pas rentrés souvent, juste deux fois, mais à chaque fois je bouillonnais d'envie de la voir. Et à chaque fois elle avait une excuse pour partir : un stage pour ses études la première fois, et un weekend en amoureux la seconde fois.

J'avais détesté ce second voyage. Je mourrais d'envie de savoir qui était ce mec et de lui mettre une raclée. Mais elle avait dix-huit ans maintenant, et je n'avais pas grand pouvoir sur le sujet. Heureusement, le mois dernier, Matt m'avait appris leur rupture. Une bonne journée.

- Tu es prêt ? Notre avion décolle dans une heure.

Je m'empressai de retirer ma tenue officielle pour mettre une tenue civile : un jean et un tee-shirt. Ça faisait tellement longtemps que je n'en avais pas mis que le tissu me parut étrange contre ma peau.

- Rappelle-moi pourquoi on subit presque une journée entière de vol pour rentrer ?

Je me tournai vers Matt, avachi sur mon lit. Il avait à la main le carnet d'Emma, dont il lisait les citations.

- Pour fêter ça, bien sûr ! Et on a besoin d'être au complet pour célébrer notre victoire, ce qui veut dire qu'Emma doit être avec nous.

Il grogna, avant de refermer le cahier. Il était en colère contre sa sœur pour l'avoir évité ces deux dernières années. Parce que c'est ce qu'elle avait fait : elle nous avait évités, toutes les excuses au monde ne suffisait pas à expliquer pourquoi vous n'êtes pas là quand votre frère soldat rentre à la maison après des mois d'absence.