Chapitre 14. « And in the end, I'd do it all again »

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Quand Maëlle avait débarqué au stud' au bras d'un gars tout à l'heure, j'avais aussitôt capté que c'était son frangin.

Ils avaient vraiment la même gueule. Ils avaient tous les deux  les cheveux châtains, le même sourire et les mêmes traits du visage. Leur ressemblance s'étendait carrément à leurs mimiques, leurs intonations sur certains mots et leurs expressions. C'étaient des putain de clones à quelques exceptions près. Lui était plus grand qu'elle, 1m80 environ, comme moi. Si Maëlle était mince, lui était carrément maigre. Sa taille devait pas mal jouer pour donner cette impression. Mais il était pas mal carré des épaules, et il en imposait un peu. Il avait une petite beubar bien dessinée et ses yeux étaient d'un bleu clair glacial. Et puis le style était pas du tout le même ; si Maëlle était toujours sapée comme si elle allait à un concert d'ACDC, son reuf avait l'air de sortir d'un skatepark.

Ça sautait aux yeux qu'ils étaient fusionnels. Aussitôt arrivés ils s'étaient posés l'un à côté de l'autre, et Maëlle avait posé sa tête sur les genoux de son reuf qui lui avait tripoté les cheveux machinalement.

On avait vite fait discuté et je l'avais trouvé sympa. Il était putain d'intelligent et ultra posé ; ça se voyait qu'il avait même pas besoin de beuh pour planer. Au fil de la soirée j'avais remarqué qu'il toussait énormément, mais ça avait l'air naturel pour lui comme pour Maëlle puisque aucun des deux ne tiltait. Putain j'imaginais même pas ce qu'il devait vivre au quotidien le pauvre gars.

J'avais laissé tout le monde discuter et étais parti en cabine pour enregistrer un couplet pour l'album du L' sur lequel on avait eu des problèmes.

Nuit noire, j'allume mon dixième spliff

L'âme en peine, le corps en inertie

Une bière fraîche pour digestif

Une belle paire de fesses pour me divertir

J'suis à propos de ce sex-appeal

Un jour je les aime un jour je l...

Je m'étais arrêté abruptement lorsque j'avais vu Maëlle se lever, et son visage se décomposer. La connaissant, ça devait être tendu, elle montrait jamais ses émotions.

Elle s'accrochait à son frère comme à une bouée de sauvetage et il faisait pareil avec elle. Elle avait la tête relevée vers lui et ils se quittaient pas des yeux. On aurait pas été là, ça aurait été la même. Je devinais aux regards qu'ils s'échangeaient que le coup de fil les concernait tous les deux.

Putain j'espérais que ce soit pas grave.

J'étais sorti de la cabine, prêt à prendre ma pote dans mes bras pour la réconforter s'il le fallait.

J'aurais jamais pensé me rapprocher aussi vite et aussi intensément d'elle en si peu de temps. Maintenant elle faisait partie intégrante de ma vie et c'était presque au dessus de mes forces de la voir malheureuse.

Les gars avaient eu l'air aussi dépassés que moi. On appréciait tous énormément Maëlle, surtout le Fenek et Flav', et je savais que la voir dans le mal c'était agréable pour personne - même si on allait tous faire les bonhommes et faire comme si on s'en battait les couilles.

La voix du haut-parleur s'était manifesté quand j'était arrivé à hauteur des jumeaux :

– Rien mon ange tout va bien, t'es la première personne que j'ai appelé je sais pas pourquoi, je... Je suis désolé ma princesse mais t'es plus la seule princesse de ma vie.

Et là Maëlle avait enfouit son visage contre son frère, qui l'avait serré dans ses bras. Ils avaient eu l'air méga soulagés.

Ça avait l'air d'être une belle nouvelle mais connaissant la handballeuse, je savais qu'elle pleurerait pas. Pas devant nous en tout cas, elle était beaucoup trop fière.

Jim MorrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant