Chapitre II.

517 40 13
                                    

LÉONARD

Nous sommes Lundi, à nouveau le week-end a passé trop vite. Paul a juré de ne rien dire à propos de mon petit malaise pendant la soirée. Ça m'arrive parfois, lorsque je ne fais pas attention à ce que je mange. Ça a parfois du mauvais d'être intolérant au gluten. J'ai dû me tromper de verre une fois et ça n'a pas pardonné. A chaque soirée, j'amène mes propres bières spéciales pour les personnes intolérantes au gluten. Le cours de français me semble interminable, je déteste cette matière, c'est le prof qui me sort de mes pensées en m'appelant. 

– Monsieur Le Naour vous vous mettrez à côté de Monsieur Guyomard s'il vous plaît !
– Madame je préférerai aller avec Valentin
– Le plan de classe est déjà fait. J'ai décidé de mettre un élève qui est doué avec un autre qui l'est moins. Ne discutez pas.

Je me lève, pas vraiment décidé. Valentin dit qu'on pourrait être amis parce que dans le fond, on est presque pareils et ça, j'aimerais bien le découvrir étant de nature très curieux, mais je n'y crois pas trop. En vérité, j'essaye de me rapprocher de lui comme je peux, mais je crois bien qu'il n'en a pas envie. Mais maintenant j'ai trouvé. Je ne suis pas quelqu'un de manipulateur, ni de méchant, mais j'ai mon caractère bien à moi quand même. Ce binôme c'est finalement l'occasion d'en apprendre plus sur lui et d'obtenir des réponses à mes questions. 

– T'aurais un stylo?
– Pour toi non
– Aller on doit être un binôme ! 
– Va te faire foutre Léonard
– Tu peux pas être gentil ? Je fais des efforts pour être sympa et toi tu prends même pas la peine de me prêter un stylo que je te rendrais dans une heure ?
– T'as qu'à avoir tes affaires monsieur le populaire
– J'ai plus d'encre
– Fallait prévoir
– J'irai acheter des cartouches à midi.

Oh, j'ai attiré l'attention de monsieur Paul simplement parce qu'un gars comme moi écrit à la plume ! C'est agaçant de voir qu'il est ce genre de personnes qui juge sans connaître, peut-être que cela vient de son environnement familial, mais certainement pas de ses amis. Val est le mec le plus ouvert de la planète et Esther a l'air de l'être aussi, donc soit il ne le fait pas exprès, soit il est vraiment détestable. J'aimerai me tromper, j'espère que je me trompe. 

– Tiens. Juste parce que tu es le seul gars que je connais qui a le courage d'écrire à la plume.

Il ne m'adresse pas la parole du cours. Pendant deux heures. Je dois avouer que c'est un peu ennuyeux. Mais j'ai l'habitude de m'ennuyer en cours. 

– Léo tu viens à l'entraînement ?
– Non pas ce soir. J'ai d'autres trucs à régler.
– Ça marche

Val m'a donné l'adresse de Paul. Lorsque je frappe, c'est une petite brunette aux cheveux ondulés et à la peau pâle qui m'ouvre. Elle est plutôt jolie mais a l'air assez jeune. Je lui fais un grand sourire et me racle la gorge avant de prendre la parole. 

– Bonjour je suis un ami de Paul, j'ai quelque chose à lui rendre
– Entre. Je suis Lena sa sœur
– Léonard

Elle me guide à travers la maison et me laisse devant une porte. La chambre de Paul sûrement. Je frappe et entre lorsqu'il m'invite à le faire. 

– Tu fais quoi ici ?
– Je suis venu te rendre ton stylo et ta marinière.

J'avais par inadvertance vomi dessus. J'avais promis de la laver et de la repasser. Chose promise chose due. J'aurai pu la rendre au lycée mais je trouvais ça plus drôle de voir sa tête se décomposer face à moi. 

– Merci. Mais t'aurais pu le faire au lycée
– Je ne veux pas salir mon image en traînant avec un gars comme toi
– Je me disais aussi. Casse toi maintenant

Je soupire. Ce gars-là je vous jure que c'est vraiment une ordure. Je salue sa sœur et m'en vais. Je reçois une notification et j'y jette un coup d'œil en attendant le bus. 

Paul Guyomard souhaite vous envoyer un message.

J'accepte la demande. Et le lit rapidement.
Je souris en entrant dans le bus. Il a fait le premier pas pour une fois. S'il y a une chose dont je suis déterminé, c'est bien de le faire chier pour qu'il me déteste encore plus. Il a l'air un peu timide, faudrait remédier à ça. Je ne suis pas du genre à jouer avec les gens, mais j'ai tendance à les faire tourner en bourrique en adoptant l'image qu'ils ont de moi. 

J'ai toujours aimé taquiner les gens sans les blesser moralement ni physiquement. C'est ma façon à moi de montrer que j'existe. Je ne réponds pas à son message, il a l'air d'être du genre chiant quand on ne lui répond pas, à se vexer parce qu'on a pas accordé assez d'importance aux beaux yeux de monsieur, alors je vais jouer un peu.

Pour qui tu te prends Le naour pour pas répondre ? Un prince ? Un roi ? Un dieu ? T'es vraiment un connard. 18h36

Je souris dans le bus, ma tête posée contre la vitre.
Je ne répond pas encore une fois, et lance de la musique qui résonne bientôt dans mes oreilles. Que la partie commence ! 

***

– Tali, Ny' faut qu'on parle
– Quoi ? Me répondent mes sœurs à l'unisson
– Arrêtez de me piquer mes t-shirts
– Elles font la même chose avec les miens ! Hurle Arthur

Talita et Nyela sont nées du remariage de ma mère avec un indien. C'est pour ça qu'elles ont la peau, les yeux et les cheveux foncés. Elles sont magnifiques, il faut se l'avouer, mais vraiment insupportables.
J'avais deux ans quand Nyela est née. Trois quand Tali est arrivé. Arthur avait déjà cinq ans. On a très peu d'écart et ça a dû être éprouvant de nous élever, mais ils ont tenus bon. Vijay nous a élevé et est comme notre père, par respect pour notre père biologique décédé dans un accident de moto, il a refusé quand on a demandé de porter son nom. Vijay Madec. Fils d'un breton et d'une indienne tout droit déracinée de Calcutta. C'est là qu'ils se sont rencontrés et l'année suivante elle le rejoignait à Brest pour ne plus jamais en partir.
Mes parents ont divorcés l'année de ma naissance. Arthur avait deux ans, je devais avoir deux mois. Six mois plus tard il mourait, percuté par une voiture, une femme qui a fait un malaise au volant. Ma mère était anéantie à l'idée que ses fils n'auraient plus de père. Un an plus tard ma mère rencontrait Vijay et trois ans plus tard nous formions la famille que nous sommes aujourd'hui. Nos parents se sont mariés il y a quatre ans, on était si fiers d'eux... Je m'égare à penser comment est la famille de Paul, si elle est aussi parfaite que ce qu'il est lui monsieur je sais tout. La mienne est atypique, bancale mais tellement géniale. 

– Pour ce qui est des T-shirts, je les veux lavés et repassés dans mon armoire d'ici la fin de la semaine. Et c'est pareil pour Léo. 

Arthur s'improvisant chef de famille c'est quelque chose d'assez drôle. Je me mets à rire doucement avant de relire le message de Paul et d'y répondre.

Tu ne me connaît pas encore Paul, mais je t'assure que tu n'es pas au bout de tes surprises ! 19h43

Il ne faut pas longtemps à Paul pour me répondre. Wow il ne perd pas de temps ! Je comprends pourquoi mon délai de réponse le rend dingue. 

T'es un connard. Et je ne t'aime pas. J'ai pas besoin d'en connaître plus. 19h47

On va jouer Paul, et tu verras que je ne suis pas celui que tu crois. 

Même Paul et Léonard rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant