Chapitre 28

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Ce matin, le réveil avait été... étrange. Comme si, pendant la nuit, j'avais tenté d'oublier les événements de la veille. Mais ceux-ci m'étaient revenus en pleine face ce matin. 

Je respirai un grand coup. 

Allons, au lieu de me concentrer sur Eliad et toutes les dérives de son comportement, il était mieux pour moi de me focaliser sur la mission que m'avait attribué les organisateurs de la résistance. 

Ils avaient été assez prudents et sans doute pas assez convaincu sur les dires de ma relation avec Camozzi. Quoiqu'il en soit, je devais être vigilante sur chacun des déplacements du commandant. Aucun vol de dossier, aucune manipulation, j'étais presque déçue. 

D'autant plus que maintenant que je connaissais la réelle identité de Camozzi, il revêtait à mes yeux une attention particulière. Il semblait si droit et respectueux des ordres dans un sens militaire. Je voyais très mal son paternel gérer une situation politique complexe. Enfin ils étaient père et fils et finalement c'était plutôt rassurant de constater que Camozzi n'était pas une copie-conforme de son père.

Je me préparai comme tous les matins pour me rendre à la caserne. Sauf qu'aujourd'hui, je sentais que quelque chose avait changé pour moi, comme si ce que je faisais prenait enfin du sens. 

Oui, enfin du sens.

***

Dans la salle de tir, je m'acharnais contre une cible que je peinai à toucher depuis quelques minutes. Pour une habituée du biathlon, c'était presque offensant. 

Je grommelai dans ma barbe en changeant une nouvelle fois d'appui lorsque je sentis une présence à mes côtés. Pas besoin de vérifier, j'étais sûre que c'était Camozzi. Et un sourire malsain se dessina sur mes lèvres. 

- Tu ferais mieux de changer d'arme, me suggéra-t-il. 

Je l'observais avec une lueur de défi. 

- Ah oui? Tu penses? 

Je tirais avec ce type d'arme depuis cinq ans. Mission ou pas, Camozzi n'allait pas encore me donner une leçon.

- Je te vois manquer ta cible depuis dix minutes alors oui, j'en suis persuadé, rétorqua-t-il sans non plus imposer son ton de commandant. 

J'avais plus l'impression de parier avec lui que d'être conseillée par un militaire. 

Alors, je plaçai mon regard dans le viseur et rassemblais toute la concentration nécessaire pour réussir une bonne fois pour toute cette cible. Si Camozzi était à mes côtés, il allait pouvoir me donner un réel enjeu de bien tirer, le vexer serait bien trop jubilant. 

Je fermai mon œil gauche et pressai la détente au moment où il ouvrit la bouche. 

- Tu ne vas pas réussir... 

Bingo.

La balle venait de toucher la cible la plus difficile que je visais depuis quelques minutes. Je levai ma tête vers Camozzi, laissant mes yeux communiquer bien plus que ma langue. Il souri froidement, sans doute vexé que je sois capable pour une fois de lui donner une leçon. 

- Je dois avouer que vous m'impressionnez, m'intima-t-il. 

Je le fixais étrangement, il venait de recommencer à me vouvoyer. Pour cause, nous n'étions plus les seuls dans la salle de tir. Quelques soldats étaient arrivés en riant aux éclats, suivis ensuite, et à ma plus grande horreur, par Eliad. 

Il descendis les marches qui nous séparait avec un regard noir collé au visage. je jetais un coup d'œil à Camozzi, il n'avait pas encore remarqué son arrivée et m'observai avec un fin sourire plaqué sur le visage. 

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