Les petites histoires

Aliex

*point de vue Vincent*

Comme toutes fin de concert, on va en boîte. Ou dans un bar, mais ce soir on est dans une boîte parisienne.

De la musique, de l'alcool et des meufs, c'est tout ce que je perçois . Mais pas de Rémi. Ça fait plusieurs longues minutes que je le cherche.

Ça fait quelques jours que c'est froid entre nous. Je saurais même pas expliquer pourquoi. Même pendant le concert, on était distant.
Je balaye la salle du regard afin d'essayer de l'apercevoir. Et enfin, je le vois.

Du haut de son 1m90, il est en train de danser avec...un homme. Mes narines se dilatent.
C'est qui lui encore...Vinsi est à côté de moi, je lui attrape l'épaule pour lui parler à l'oreille:

Moi- Regarde Rémi!

Sylvain lève la tête et cherche Rémi du regard, et une fois qu'il l'a trouvé, il sourit.

Moi- C'est qui lui?

Sylvain- Je sais pas gros, mais détend toi, t'inquiète il va pas le manger.

Je soupire et m'éloigne de mon ami pour aller bouder dans le carré VIP. Une fille à la poitrine généreuse et aux cheveux lisses comme jamais s'installe à côté de moi, me souriant. Flemme là.

Moi- T'es qui toi?

Fille moche- Moi c'est Sabrina. Et toi?

Ravie qu'elle ne sache pas qui je suis, je décide d'entamer la conversation. Ça me fera peut-être penser à autre chose qu'aux mains de Rémi sur le corps d'un autre...

Mais le monologue de Sabrina ne dura pas longtemps. En effet, Rémi arriva nonchalamment, s'agenouillant devant moi, au sol.

Rémi- Ohhhh Vincent, t'es là....je te cherchais paaaartout.

Il pose sa tête sur mon genou en regardant le sol. Je lance un regard à Sabrina qui fronce les sourcils avant de se lever en sautillant pour aller danser sur « Copines » d'Aya Nakamura qui venait de se lancer.

J'hésite puis pose une main sur la tête de Rémi, la tournant pour voir son visage.

Moi- T'as bu quoi encore?

Il doit pas m'entendre, trop de musique. Je soulève sa tête puis me lève en prenant sa main.

Moi- Lève toi, on sort avant que les vigiles te sorte, t'es trop mort.

Difficilement, il grogne mais arrive à se relever, s'agrippant à moi comme si il pouvait tomber à tout moment.
Je passe devant Sylvain, le préviens qu'on rentre et entraîne Rémi vers la sortie.

Une fois dehors, je réalise à quel point ça fait du bien un peu de silence. Je pose Rémi qui s'assoie sur les marches d'un immeuble.

Rémi- C'est a cause de toi tout ça.

Moi- Pardon?

Rémi- Passe moi une clope s'il te plaît.

Moi- T'en a pas?

Rémi- Je les ai donné à Grégoire je crois. Non, Thomas il s'appelait. Merde, je sais plus. En tout cas, celui avec qui je dansais.

Moi- Super. T'es vraiment trop con.

Rémi- Mais pourquoi?

Moi- T'as passé la soirée ailleurs! Je t'ai cherché partout, je te voyais nul part. Tout ça pour que je te retrouve à danser avec le premier abruti qui passe! Et putain, on file jamais ses clopes à un inconnu, t'es fada ou quoi? Franchement Rémi ton comportement me déçois ces temps-ci. Putain.

Je me suis peut-être un peu énervé. Mais bon, il le mérite. J'allume ma cigarette dans le silence.

Rémi- Et ducoup...t'as une clope pour moi?

Je ressors mon paquet de ma poche arrière et lui jette sur la tête.

Moi- Tu te fous de moi la Rémi. Et attend, comment ça c'est ma faute « tout ça » ?!

Rémi- Si t'étais pas aussi distant, je serai resté avec toi. Sans trop boire.

Il sort une cigarette de mon paquet et la glisse entre ses lèvres.

Moi- j'suis distant parce que t'es distant.

Rémi- Et a ton avis pourquoi je suis distant?

Il l'allume.

Moi- J'en sais rien, dis-le moi.

Rémi- Parce que t'es distant.

On expire en même temps la fumée prisonnière de nos poumons.

On reste deux secondes à se regarder avant de partir en fou rire. Il est tellement con.
Je prend place à côté de lui, sur cette marche froide.

Rémi- Plus sérieusement..On est distant parce qu'on a peur de tomber amoureux l'un de l'autre, c'est tout.

Moi- Quoi...

Bloqué . Figé. Outré. Choqué. Frigorifié. Ensorcelé. Je sais qu'il est bourré mais justement, il a jamais été aussi intelligent.

Rémi- On le sait très bien, Vincent, mais on veut pas se le dire.

Moi- Je..

Rémi- On a peur. Et faut pas avoir peur...

Impuissant, je ne dis rien, perdu. Je ne veux pas répondre à ça , non pas parce qu'il a tort, mais parce que je sais pertinemment quil a raison. J'ai peur oui.

Rémi- On peut rentrer à l'hôtel maintenant?

J'écarquille mes yeux, reprenant conscience de ses paroles, avant de me relever et commencer à marcher direction l'hôtel.

Sur le chemin, on est silencieux. Aucun de nous parle, seul les bruits de la rue et  de la Seine bercent nos pas.

Puis il m'attrape la main, me faisant comprendre que ses paroles alcoolisés reflétaient un sentiment fort.