Tout commença en 2015, dans un lycée privé situé à Paris. Cette école était belle et grande. Sa réputation était telle que des flux d'élèves très importants s'inscrivaient chaque année. Les élèves aimaient comparer cette école aux écoles publiques et ils avaient raison; la différence était effectivement grande. Malgré son âge plutôt avancé, elle gardait sa fraîcheur et des rénovations se faisaient assez régulièrement. Le hall d'entrée était assez grand et contenait un grand écran sur lequel défilaient les images de chaque projet organisé dans l'établissement. Il y'avait une grande baie vitrée donnant sur le grand terrain de sport, ce qui rendait l'endroit lumineux (lorsqu'il faisait beau, et cela était plutôt rare vu l'endroit où était situé le lycée). La cour de récréation était très grande et deux préaux étaient présents afin de protéger les adolescents par temps de pluie. Il y'avait deux salles extérieures : l'une était réservée principalement à la permanence et l'autre servait pour les cours de musique.
A cette époque, j'étais professeur de physique-chimie. Par un soir pluvieux, mes collègues et moi restions pour terminer de compléter les bulletins du deuxième trimestre. Alors une collègue me demanda :
« Mika ! Tu pourrais aller me chercher le dossier de Lili ? Il est au CDI. »
Je sortis donc de la salle des professeurs et commençai à monter pour récupérer le dossier.
Je montai les escaliers lentement et sûrement. Arrivé au CDI je me dirigeai vers l'étagère remplie de dossiers . En cherchant le dossier de cette élève, je vis alors une feuille entre plusieurs dossiers qui dépassait. Je la pris et la lus :
« Chers élèves et professeurs de cette école...
Si jamais vous trouvez cette lettre c'est qu'il est trop tard ...
J'ai quitté ce monde,
Quelles sont les raisons ? C'est simple j'étais harcelé et moqué à l'école.
Beaucoup vont me demander pourquoi je n'ai prévenu aucun professeur
Je l'ai fait, mais je crois que dans cette école aucun professeur n'est sensible à la détresse des élèves ... »
La suite ressemblait fortement à un testament puisqu'il était question que de dons post-mortem pour certains élèves. Je ne crus pas en cette lettre. De ce fait je la froissai et la jetai à la poubelle. Je continuai donc ma recherche de ce dossier.
Soudain, j'entendis des bruits de pas qui me firent bêtement sursauter. Je n'étais tout de même pas seul dans le bâtiment. Je me tournai quand même afin de voir qui c'était. Je ne vis personne, et pourtant les pas se rapprochaient de plus en plus et ils arrivèrent bientôt à hauteur de la bibliothèque, puis ils continuèrent leur chemin. Je sortis, par curiosité, oubliant totalement mon objectif principal. Je marchai en suivant les pas, ou du moins ce qui semblait être des pas. Ensuite vinrent se mêler des bruits de frottement, enfin cela y ressemblait énormément. Ces frottements étaient effectués contre une corde. Oui, j'en étais presque sûr. Des mains frottaient légèrement la corde et celle-ci fouettait l'air. Cependant, je ne voyais toujours personne, ce qui m'intriguait énormément. J'avançai jusqu'aux escaliers d'un pas incertain, relativisant malgré ma légère crainte. Lorsque j'arrivai devant les escaliers, mon sang se glaça instantanément dans l'intégralité de mon corps. Mes jambes se mirent à trembler et je me sentis devenir tout pâle. J'étais pétrifié, complètement. Je venais de voir un adolescent dans les escaliers, un adolescent prêt à accomplir un acte irréversible et grave. Ce garçon au visage triste me regarda sans prononcer un mot puis prit la corde qui pendait du plafond afin de l'attacher à son cou. Je ne fis strictement rien, j'avais bien trop peur pour réagir. Il se mit à serrer la corde de plus en plus, toujours en me fixant. Il était debout sur une chaise qu'il balaya de son pied gauche. Il se retrouva pendu à la corde, suffoquant mais restant immobile. Lorsqu'il perdit connaissance définitivement, un médaillon tomba de sa poche. C'était un médaillon abîmé par le temps et assez étrange. Lorsque le garçon disparut, j'ouvris les yeux en grand, très grand. J'étais toujours immobile, debout devant les escaliers, paniqué.
Cette apparition avait-elle un lien avec le texte étrange que j'avais trouvé quelques minutes auparavant ? Je n'en savais rien. Je ne savais même pas si ce que je venais de vivre était réel.
Je restai quelques minutes immobile en face de la cage d'escaliers. Lorsque je récupérai l'usage de mes membres, j'avançai lentement et sûrement vers le médaillon qui était tombé de la poche de l'apparition sordide de tout à l'heure. Il était doré et brillant, d'assez petite taille et sans symbole particulier. Je n'hésitai pas une seule seconde à me pencher pour le ramasser. Mais quand je le pris dans mes mains, j'eus comme un énorme frisson qui me parcourut tout le corps, de la tête jusqu'aux pieds. Très surpris de la réaction de mon corps, j'eus une de ces peurs qui paralyse tout votre corps comme si le moindre mouvement coûterait à votre vie. Mais cela n'était pas tout : j'avais également la sensation que quelqu'un me regardait. Je regardai de tout les côtés mais rien. Rien, même pas un bruit puis tout à coup il y eut un éclair tout proche du collège. Quand je le vis, j'aperçus le reflet de ce garçon qui venait de mourrir sous mes yeux. La peur m'envahit une fois de plus. Mon pouls montait, je commençais à transpirer, j'étais rouge comme une tomate. Tout à coup une brise m'emporta et je me sentis m'écrouler et voir ma vie entière défiler devant mes yeux jusqu'à ce que je tombe à terre puis il n'y eut plus rien.
Quand je me réveillai, j'étais plus étourdi que jamais. Je me sentais faible sans même savoir pourquoi. Ensuite, j'observai alors où je me trouvais. J'étais dans une chambre d'hôpital sans personne à mes côtés. Mais je sentais toujours cette sensation que quelqu'un me regardait. Je n'avais plus aucun souvenir jusqu'à ce que je ressente dans ma poche un poids lourd. Je mis ma main dans ma poche avec une certaine crainte et retrouvai le médaillon. Je le sortis de ma poche et l'observai plus précisément et je recouvrai tout mes souvenirs dans les moindres détails.
Mais comment m'étais-je retrouvé ici ? Pourquoi avais-je vu ce garçon ? Ces questions tournaient en rond dans mon cerveau puis, sans même que je ne m'en aperçoive une infirmière entra :
«Bonjour monsieur, comment allez-vous ? En tout cas je vois que vous vous êtes enfin réveillé. On vous a retrouvé dans l'escalier grâce à un de vos collègues qui vous a cherché partout ! Mais avez-vous retrouvé quelques souvenirs pour que l'on puisse comprendre ce qui c'est passé ? me demanda-t-elle.
Je ... je suis vraiment désolé mais je ... je n'ai pas très envie de partager mes souvenirs... vraiment désolé.Ce n'est pas très grave c'est votre choix après tout. » déclara-t-elle.Mais vous n'avez pas retrouvé ce jeune garçon dans la cage d'escalier ? Il va bien ? L'avez vous amené ici ?Je suis vraiment désolée nous n'avons rien trouvé et rien amené ici. Je pense que vous avez subi un traumatisme et que vous avez besoin de repos.
J'étais sur de l'avoir vu mais pourtant je ne voulus pas révéler mes troubles ou illusions de peur qu'on me prenne pour un fou. Je me rappelais de ce qui m'était arrivé mais le problème était que je ne n'avais aucune idée de si c'était réel. Rêve ou réalité ? Telle était la question. D'autres questions tournaient dans ma tête sans arrêt et me perturbaient énormément. Pourquoi avais-je récupéré ce médaillon ? Pourquoi aucun cadavre n'était resté après le suicide du garçon ? Pourquoi avait-il disparu aussi brusquement ? Pourquoi sentais-je constamment cette présence tout autour de moi ? Pourquoi avais-je trouvé ce testament au CDI ? Pourquoi avais-je suivi ces bruits de pas ? Hélas, toutes ces questions restèrent en suspens