7- Lady Médiocre !

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Lorsqu'elle arriva sur les lieux, un frisson parcouru Lydia. Le vent comme pour célébrer le retour de celle qu'il n'avait plus jamais vu en ces lieux, souleva le sable, parsemant quelques grains dans les cheveux de la Lady. Elle parcouru le site du regard. Tant de choses ne sont plus où elles étaient. Les visages aussi avaient changés. Ces même visages qui, au premier contact l'avaient effrayés, puis avec lesquels elle s'était ensuite familiarisée, elle essayait désespérément de retrouver ce que le temps en a fait. Elle vit Claude venir vers elle.
<< Le temps est bien passé par ici,mais mais il n'a pas eu raison de cet homme >>, pensa t-elle. La même démarche ferme, les mêmes manières continuent de le définir. Lydia le revit tout jeune. Elle vit sans difficulté en lui, l'adolescent que le temps a essayé de tuer. Il suffit juste de voir Claude pour comprendre que même le temps peut échouer à changer certaines choses et certaines personnes. Une mèche de cheveux lui entra dans l'œil. Si elle veut verser quelques larmes de nostalgie, elle pourrait toujours en profiter. Elle accuserait le sable que soulève le vent et la mèche de cheveux s'il lui demande pourquoi ce liquide chaud coule de ses yeux. Un homme pauvrement vêtu, tout crotté, passa près d'elle en proférant à son égard des paroles indécentes. La bêtise de ce stupide spécimen cassa l'ambiance. Bientôt Claude la rejoint. Il ne parla pas beaucoup. Il s'est contenté de dire: " suis moi!"
Lydia n'aima pas le ton froid sur lequel il l'a dit. Il lui en veut certainement pour ce matin. Elle ne répondit rien et se contenta de le suivre. Elle n'est plus la jeune fille peureuse qui s'aggripait à son bras à chaque fois qu'ils vinrent dans le Ghetto, mais aujourd'hui elle aurait souhaité l'être encore, juste sur les quelques mètres qui la sépare de la bâtisse. L'envie de prendre le bras de Claude grandissait en elle à mesure qu'ils avancent. Elle troquerait volontier son égaux contre ces instants drôles, mais ce n'était pas le moment de s'amuser.

-Quel est alors le bon moment pour s'amuser? s'amusa à lui demander son esprit.
Elle ne daigna même pas lui répondre.
Le moment n'est pas à la philosophie.

Ils arrivèrent bientôt devant le bâtiment. Ils se regardent. Tant de choses vécues, tant de mots chuchotés, tant de confidences murmurées, tant de rêves nourris entre ces murs. L'amour avait existé en ces lieux sous sa forme la plus nue. Des rires y ont été scellés, des larmes y ont essuyé le sol. Ils y entrèrent tous les deux ensemble. Claude hésita quelques secondes puis se mit à parler :

- Bien, pouvons-nous commencer?

-Quoi donc? répondit Lydia confuse.

- Je t'ai fait venir ici pour que tu t'entraines. L'application est indispensable en toutes choses. C'est d'elle que naît la perfection. Mais ça, tu le comprends mieux que moi n'est-ce pas?

-Là maintenant ? Tout de suite ? Je ne suis pas habillée pour !

- Eh bien, il y a t-il besoin d'une tenue spéciale pour danser si ce ne sont-ce que conventions? Tu danseras comme ça.

Lydia regarda autour d'elle. Un détail lui a échappé à son entrée. La propreté et l'accès à l'intérieur plus facile que dans son souvenir. Vu de l'extérieur, le bâtiment reste tel quelle l'a connu. Sans aucun charme. Mais de l'intérieur, il n'y a aucun doute. Bien des choses ont changé.Pourtant ils n'y étaient pas venus depuis des années.À moins que "Marraine la bonne fée" soit passée par là avant eux! Un long miroir comme on en voit dans les salles de fitness et de danse professionnel y était installé. Le sol était ciré, destiné à la danse. Les murs intérieurs peints. Comment n'a t-elle pas pu remarquer tout celà en pénétrant dans la bâtisse ? Elle était absorbée dans le passé. Elle n'a donc vu en entrant, que ce que le passé, gardait jalousement dans la coupe des souvenirs et a voulu versé sur sa rétine.

-Tout est dif... différent ici, bégaya t-elle.

-Je l'ai fait rénové depuis 6 mois. Un concierge s'occupe de l'entretien chaque jour. Il fallait bien que le seul endroit qu'a fréquenté Lydia H. et qui soit encore inconnu des médias soit gardé jalousement. Après avoir finir d'écrire le scénario, cet endroit m'est revenu à l'esprit. Je me suis alors arrangé pour que Gédéon s'occupe en mon absence, de diriger les travaux de rénovation.

-Qui? Gédéon..ton cousin?

-Oui.

-Mais je ne l'ai plus revue depuis des lustres ! s'exclama t-elle toute excitée. Je veux le revoir !

- Nous verrons celà plus tard. Maintenant, monte sur la piste, face au miroir et oublie le monde.

Lentement, Lydia se résigna à monter sur la piste. Elle s'abaissa pour défaire ses souliers. Elle attacha ses cheveux en un chignon unique. Elle marcha ensuite d'un pas ferme jusqu'au centre de la piste.

-Commence sans musique.

Lydia leva lentement son bras gauche, et tourna la tête vers le côté...

-Vas-tu commencer sans faire tes étirements ? Étire toi d'abord! Oublie de débutante. Durant tout le tournage, tu auras à offrir tout style de pas. Nous allons donc revisiter tous les genres que tu connais et les nouveaux pas importés du BÉNIN, du Ghana et du Nigéria. Je veux parler du Zinli d'Abomey, du Shoki du Nigéria et autres...

Tandis qu'il parlait, Lydia, commença ses exercices d'étirement...

-Ton mouvement manque tellement de grâce que j'ai envie d'en chialer ! se moqua Claude.

Lydia ne répondit rien à ce qui semble être une provocation. Elle continua de son côté, maladroitement, aussi bien que lui permettait encore son corps, les exercices d'étirement.

-Le buste plus bas, Lydia ! Qu'est-ce que c'est que ça? Des problèmes de hanche ma vieille ? Besoin d'huile pour combattre la rouille ? Ma grand-mère paix à son âme, était plus souple que toi sur son lit de mort. Que me fais-tu là? Le cou plus en arrière ! Tu veux peut-être que je te montre comment faire? Je sors d'ici deux secondes, je reviens avec quelqu'un qui sait mieux le faire, Lydia! À un casting d'un film de cette envergure, ce sont des professionnelles qui viennent ! C'est une horreur Lydia! Mon cœur saigne. Je regarde ça encore dix secondes et je perds la vue. Ce n'est pas nul, non c'est médiocre !

Lydia continuait. C'est ainsi que ça marchait depuis toujours. Lui il dirige et commente, elle, elle continue d'exécuter en silence. Mais jamais il n'a jamais été aussi sévère dans son jugement.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 09, 2019 ⏰

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