Usurpatrice Tome 1 : Tentation (EN REECRITURE)

Chapitre 16 (1) « Au bord de l'abime »

Point de vue de Mia

Sans hésiter une seule seconde, je l'invite à entrer. Il est trempé, de la tête aux pieds, dégoulinant de pluie et peut-être même de sueur. Sa présence ici, à cette heure, dans cet état, me remplit d'inquiétude. Je referme la porte derrière lui, tentant de contrôler la panique qui monte en moi, et me précipite dans la salle de bain pour attraper la trousse de premiers secours. Mes mains tremblent, mon cœur bat à tout rompre. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu'il se retrouve dans un tel état ?

Je reviens rapidement vers lui, le trouvant assis sur le fauteuil près de l'entrée, le visage enfoui entre ses mains. Il tire nerveusement sur ses cheveux et bat frénétiquement des pieds contre le sol, un geste compulsif qui trahit son agitation intérieure. Son silence est assourdissant, rempli de mille pensées tourbillonnantes que je ne peux deviner. La scène est surréaliste, et je me sens impuissante face à sa détresse.

- Evan, laisse-moi voir tes mains, murmuré-je doucement, tentant de maintenir un calme que je ne ressens pas.

Il se laisse faire, docile, presque absent. Ses yeux semblent perdus dans un autre monde, un monde où la douleur et la confusion règnent. Je m'agenouille devant lui, posant délicatement la trousse de secours à côté. J'ôte son blazer trempé, le tissu collant à sa peau, et déboutonne sa chemise également trempée, révélant un torse indemne. Aucun signe de blessure. Il ne mentait pas, le sang ne vient pas de lui. Mais alors, à qui appartient-il ?

Les déchirures sur sa peau sont profondes, ses poings couverts de plaies, des traces évidentes d'une bagarre récente et violente. Mon esprit s'affole à l'idée de ce qu'il a pu faire. Est-il capable de tuer quelqu'un ? Je lutte pour garder mon calme, refoulant les scénarios catastrophiques qui envahissent mon esprit. Non, je refuse de croire qu'il en serait capable. Evan a ses démons, mais je ne peux pas le voir comme un meurtrier.

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer mes propres nerfs. Mes doigts tremblent légèrement alors que j'examine ses mains plus attentivement. Le sang a commencé à sécher, formant des taches brunes sur sa peau, un témoignage silencieux de la violence de la nuit. Je nettoie doucement chaque coupure, chaque éraflure, utilisant des cotons imbibés de désinfectant. Il ne montre aucune réaction lorsque je touche ses blessures, comme s'il était anesthésié.

- Je te veux, Mia. murmure-t-il d'une voix rauque, ses yeux noirs me transperçant. Ces mots, chargés de désir et de désespoir, me laissent sans voix. Son regard brûlant de passion et de tourment crée en moi un mélange de peur et d'excitation.

Mon ventre se noue, un frisson glacé parcourt mon échine. Je ne sais pas quoi répondre. L'odeur de whisky émane de lui, sa voix est enrouée, comme s'il avait trop crié ou trop pleuré. Il est vulnérable, à la fois perdu et terriblement humain. 

- Tu es complètement bourré, Evan. Arrête de bouger. dis-je en tentant de maintenir sa main immobile sur ma cuisse pour mieux soigner ses blessures.

Son regard reste fixé sur moi, brûlant de désir et de désespoir. Son autre main glisse sur mon visage, m'obligeant à le regarder. Ses yeux me captivent, m'envoûtent. Une mèche de ses cheveux mouillés tombe sur son front, le rendant encore plus irrésistible. Chaque émotion, chaque pensée trouble se reflète dans son regard sombre et intense.

- Jure-moi que tu n'en as pas envie, toi aussi. Sa voix est un murmure désespéré, une supplication qui résonne en moi.

- Ce n'est pas une question d'envie, Evan. On ne peut pas, c'est tout. Ma voix tremble légèrement, mais je tente de rester ferme, de garder le contrôle de la situation.

- Alors quoi, on va continuer à baiser à chaque fois qu'Andrew sera absent ? Je ne peux pas me contenter de ça, je veux beaucoup plus. Ses paroles sont empreintes d'une détermination féroce, d'un désir de briser les chaînes de notre situation actuelle.