Je précipitais mon pas. Ma peur saccadait ma respiration. La lumière abondante du soleil disparaissait derrières les bâtiments. L'obscurité représentait notre cauchemar depuis l'apparition des impurs. Ces hommes se transformaient en suceur de sang après avoir ingurgité un soi-disant remède contre toutes les maladies et le vieillissement. Ils devenaient des monstres. Le vent frais du mois d'octobre s'insinuait sous ma jupe. Quand les journées s'écourtaient, nous travaillions moins. Cela nous évitait de nous retrouver dehors après le coucher du soleil. J'ai quitté l'école maternelle à l'heure, mais je devais prendre des médicaments à la pharmacie avant de rentrer. Le transport pour me ramener chez moi avait quelques minutes de retards. Bien sûr j'aurais pu utiliser une cabine aérienne, mais le prix du métro était deux fois moins couteux. Je tenais fermement ma sacoche, cinq cents mètres me séparaient de mon immeuble. J'admirais la boule écarlate dans sa descente. Reste avec moi, suppliais-je. Mais elle ne m'écouta pas et disparut dans l'horizon. Un vent froid accompagna l'arrivée de la nuit. L'absence de bruit me désarçonna. Le manque d'éclairage accentuait ma peur. Je me retournais sans cesse. Soudain je sentis quelque chose effleurer mes cuisses. Je sursautais et demandais :
— Qui est là ?
Évidemment le silence me répondit. Mes muscles se contractèrent, je me forçais à avancer dans cette petite rue. J'apercevais l'entrée de mon immeuble, un dernier effort. L'espoir de rentrer saine et sauve s'évanouit quand je fus projeté dans un espace entre deux bâtisses. Mon regard se posa partout. Mais je ne vis pas mon agresseur. Pourtant j'avais clairement senti des mains fermes sur ma taille. Mon cœur s'accéléra. Je voulais m'enfuir, mais à nouveau on me força à rester face au mur. Un corps d'homme s'appuyait contre moi. Je distinguais aisément sa musculature. Mon cœur battait la chamade. Il dégagea mes cheveux. Son souffle chaud caressa ma nuque. La frayeur me submergea quand je compris ses intentions.
— Non ! Ne me mordez pas... je...
Deux petites dents percèrent ma jugulaire. La douleur ressemblait à une piqûre d'insecte. Elle s'effaça rapidement. Ma chaleur corporelle augmenta soudainement. Il agrippa fermement mes cheveux. Son corps pressé contre le mien accrut mon désir. La gêne de ce moment intime m'obligea à me dégager. Je ne voulais pas ressentir ça pour un étranger. Il resserra son étreinte puis ouvrit plus grand sa bouche. Sa langue aspira plus goulument mon sang. Mon cri brisa le silence. Il plaqua mes paumes contre la pierre grise du bâtiment. Instantanément j'essayais de me dégager en me tortillant. Grave erreur. Il prit cet acte pour un geste sensuel et plaça son sexe durci, retenu par son pantalon, contre mes fesses. Son râle de plaisir humidifia mon entrejambe. Il aspira plus fort. Je ressenti une chaleur intense dans tout mon corps. Les battements rapides de mon organe vital m'obligeaient à haleter. Mes muscles se contractèrent. L'implosion en moi ressortit en un long gémissement. Ses mains me délivrèrent. Sa langue me lécha une dernière fois pour un dernier frisson. Il disparut dans une légère brise. Je restais figé et haletante encore quelques secondes. Mes jambes tremblaient, mon corps était vierge de toutes caresses masculines. C'était le premier à m'avoir touché. Il m'avait empli d'un plaisir immense. C'était un Impur. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais réagi ainsi ? Cet homme me dégoûtait et pourtant il m'avait offert un moment de pure extase. Je ramassais rapidement ma sacoche et tentais de courir jusqu'à l'entrée de mon immeuble. J'apposais ma main sur le scanner puis pénétrais dans l'ascenseur. Celui-ci m'emmena directement à mon étage. Je devais passer chez ma mère. Elle attendait ses médicaments. Tous les soirs je la forçais à les prendre. Elle reposait dans son fauteuil.
— Tu es en retard, pourquoi es-tu si rouge ?
— J'ai sprinté pour échapper à la nuit.
— Tu n'as pas eu de problèmes ?
— Non, rassure-toi.
Je ne mentais pas souvent à ma mère, mais comment pouvais-je lui avouer qu'une morsure de vampire m'avait fait jouir ? J'ouvrais la porte, les miaulements de Dolcé m'accueillirent. Elle m'empêcha d'avancer, son petit corps duveteux frôlait mes jambes. Je la nourris puis m'installais dans le canapé avec un grand verre. J'avalais mes cachés, l'eau froide calma mes ardeurs. Devant le miroir je découvris deux petits trous sous mes boucles brunes. Je frottais mon coton imbibé de désinfectant sur mon cou. Cette sensation me donnait envie de ressentir à nouveau ce plaisir. Je souhaitais qu'il revienne et j'espérais qu'il soit mort. Peut-être que mon sang le tuera ? Non, avec leurs remèdes ils ne craignent rien. Je pouvais avoir accès à ce remède moi aussi. Ma mère refusa de le prendre, j'ai suivi son choix. Elle répétait que les médicaments avaient toujours de mauvais côtés. Plus ils font de bien, plus leurs conséquences sont terribles. Des pop-corn chauds et un film à l'eau de rose accompagnèrent ma soirée. Vers 9 h 30 je me glissai nu dans mes draps frais. La sonnerie de mon téléphone me sortit de mes songes.
Numéro inconnu :
J'ai beaucoup apprécié notre petite entrevue, nous nous retrouverons bientôt. D'ici-là attends-moi. Tu m'appartiendras entièrement. Au plaisir d'entendre à nouveau tes gémissements. Jayrim.
Je relie plusieurs fois le message. Je n'avais pas rêvé. Il ne manque pas d'audace. Je lui répliquai courageusement.
Moi :
Je ne suis à personne. Mes cris ne montraient que ma peur.
Mon inquiétude remplaçait vite ma fierté s'il connaissait mon numéro, il savait sûrement où je vivais. Quand viendra-t-il me chercher. Sa réponse ne se fit pas attendre.
Jayrim :
Ton désir se respirait sur chaque parcelle de ton corps. Je suis persuadé que ton intimité est encore très humide. Elle me réclame. Caresse-toi pour moi. Tu vas me supplier de te prendre et de te faire crier jusqu'à l'extase. Personne ne me résiste.
Pff, quelle arrogance. Depuis tout ce temps, mon envie s'était atténuée. Je me risquais à glisser ma main sous la couette à la recherche de l'antre mystérieux. Mes doigts la visitaient régulièrement, mais je n'avais jamais ressenti l'implosion jouissive toute seule. Je fus surprise de constater que mon index pénétrait facilement ce passage interdit. Une caresse sur mon bouton tortilla mon corps. Je croquai ma lèvre inférieure pour ne pas crier. La douleur me stoppa. Je ne devais pas lui accorder ce plaisir. Je n'aimais pas recevoir des ordres.
Jayrim :
Pourquoi t'arrêtes-tu ?
Je n'y crois pas. Ce message me rendait furieuse, il me surveillait. Je pianotai rapidement sur le téléphone.
Moi :
Supplie-moi de continuer.
Sa réponse apparut.
Jayrim :
Tu seras puni en conséquence.
Ces mots me firent frissonner, mais je ne me laisserais pas atteindre par des messages. Ce n'était que des mots. J'ôtais mes lunettes et m'endormis.
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Désir sensuel
VampireJe ne comprenais pas ce qui m'arrivé. Un impur m'avait agressé et j'avais aimé. Il m'obsédait, je le rencontrais dans mes rêves érotiques. Pourtant je ne supportais pas être touché surtout par ces hommes qui pour être immortel avaient renié leur hum...