Souffler le chaud et le froid...

4. Rencontre avec les colocataires

Dimanche 1er septembre

Dimitri m'avait un peu parlé des garçons avec qui il vivait. D'après lui, Noah était le garçon le plus joyeux et enthousiaste qu'il lui eut été donné de rencontrer. C'est lui qui mettait le plus d'ambiance dans la colocation. Roman, quant à lui, était beaucoup plus discret, plus calme et assez mystérieux. Il habitait avec mon frère depuis début juillet et, apparemment, n'était pas souvent à l'appartement.

Pour faire connaissance, je décidai de cuisiner pour tout le monde ce soir. Je préparai l'un de mes plats préférés : de l'osso bucco. Je le laissai mariner longtemps, comme ma mère me l'avait appris.

Vers 18h30, j'entendis des clefs tourner dans la serrure et deux voix résonner dans l'entrée.

Saaaaaaaluuuuuuuuuuuuuut ! Y'a quelqu'un ? demande joyeusement l'une des deux voix.

Je sortis de la cuisine et alla à la rencontre de mon interlocuteur que je reconnus immédiatement. Noah n'avait pas changé, à part sa peau qui était encore plus mate qu'à l'habitude, surement grâce au soleil de ces deux mois d'été. Ses boucles brunes étaient tout aussi désordonnées que lors de notre première rencontre et il arborait toujours ce grand sourire Colgate.

Derrière lui, j'aperçus un jeune homme plus en retrait qui m'observait en silence. J'imaginais qu'il s'agissait de Roman. Sa peau claire, presque blanche, contrastait avec la teinte foncée de ses cheveux.

Hello Elena, content de te revoir ! annonce Noah en me prenant brièvement dans ses bras pour me saluer.

Bonjour les garçons, j'espère que vous avez faim car c'est bientôt prêt ! annonçai-je

Noah courut s'installer à table en félicitant mon frère d'avoir enfin trouver une colocataire qui savait cuisiner tandis que Roman s'assit calmement et en silence à table, en me regardant du coin de l'œil. Lorsqu'il releva ses manches pour manger, mes yeux se posèrent sur ses avant-bras, noircis par l'encre de plusieurs tatouages. Quand il se rendit compte que je le regardais, il baissa vivement les yeux et se remit à manger la tête baissée et les yeux perdus dans son assiette. Malgré les multiples conversations animant la table, il ne m'adressa pas un mot et se contentait de hocher la tête pour répondre aux questions des garçons.

Pendant le repas, mon frère nous proposa de regarder un film tous les quatre au salon pour faire connaissance. Roman s'excusa en prétextant avoir quelque chose à faire et s'isola dans sa chambre un moment. Noah remarqua mon air perturbé et me rassura.

Ne t'en fais pas, ce n'est pas à cause de toi. Il est souvent comme ça quand il est dans sa mauvaise période !

Oulalala, ça promet alors ! Riais-je avec Noah. Il doit être réglé car il est pire que moi quand les chutes du Niagara s'installent dans ma culotte une fois par mois !

Mon frère et son ami éclatèrent de rire mais s'arrêtèrent d'un coup quand ils virent leur colocataire arriver. Il semblait moins triste et nous demanda s'il restait de la place pour lui dans le canapé, faisant comme s'il n'avait pas entendu ma remarque tranchante.

Dimitri s'endormit rapidement devant le film qu'il avait pourtant choisit lui-même : Avengers. Du haut de ses vingt-deux ans, mon frère était toujours un fan inconditionnel des super héros et autres personnages enfantins. Je souris en le voyant dormir la bouche légèrement ouverte, comme lorsque nous étions plus jeunes. Petite, il m'arrivait même de lui mettre quelque chose en bouche pour lui faire une blague. Je le secouai doucement pour le réveiller et lui dire d'aller se coucher. La journée avait été longue et il m'avait bien aidée pour ranger mes affaires. Quand je revins au salon après avoir accompagné mon frère jusqu'à sa chambre, il ne restait plus que Noah. Il me proposa de terminer le film tous les deux et j'acquiesçai en lui demandant juste de le mettre sur pause le temps que j'aille enfiler un pyjama pour être plus à l'aise.

En me replaçant dans le divan, j'étendis légèrement mes pieds pour les placer sur le côté et touchai involontairement Noah. Je le retirai tout de suite en m'excusant. À mon grand étonnement, il se mit à rire.

Enfin Elena, on va habiter ensemble alors tu ne vas pas t'excuser si tu me touches avec tes pieds quand tu t'installes confortablement dans le fauteuil ! C'est chez toi aussi ici maintenant. Me dit-il en souriant.

Il accompagna son sourire d'un geste inhabituel. Il prit mes jambes et les posa sur lui pour que je sois complètement allongée. J'esquissai un sourire et nous nous reconcentrâmes sur l'écran.