De la Terre comme au Ciel

Chapitre 8 : En alerte

Les animaux fantastiques ou fabuleux, les animaux de la ferme, les animaux en voie de disparition, la relation des animaux avec les Hommes. Autant de sujets intéressants qui passionnaient tout le monde avant que la catastrophe ne perturbe le monde et que les bêtes disparaissent définitivement.

C'est en tout cas ce qu'ils pensaient. Une nouvelle ère débuta du jour au lendemain, ce qu'on pensait des animaux laissa un froid interdit quand ces derniers réapparurent plus dangereux que jamais. Ceux qui logeaient dans un corps de petite taille se retrouvèrent plus grand et plus féroce. Ceux qui étaient dotés d'une grande rapidité, qui avaient la faculté de creuser comme de voler, développèrent une tendance irrépressible du carnage. Le désert ne se présenta. Les bêtes s'élevèrent à la tête de la chaine alimentaire et les Humains feront mieux de se préparer pour ne pas disparaitre.

-Amusant ! croassa Fidé en battant vigoureusement des ailes.

Sa corpulence dépassait celle de ses frères mais n'égalait pas celle de ses ancêtres. Ses plumes pourpres aux nuances mauves et vertes flambaient sous les rayons du soleil et lui donnaient un aspect majestueux tel celui d'un phénix sous le ciel noir. Ses ailes, doublées d'une autre paire plus petite, étaient élégantes et lui permettaient aussi bien de se propulser dans les airs que de trancher la matière à la vitesse du son. Ses puissantes pattes aux griffes acérées pouvaient briser le cou d'un dragon. C'était un oiseau aussi gros qu'une maison à deux étages, rusé et inflexible. Le vent sifflait à ses oreilles et Fidé sentait bien que son coeur battait la chamade comme s'il voulait sortir de sa poitrine.

Il était épuisé. La fatigue l'a gagné il y a déjà bien longtemps. Il a traversé le monde sans s'accorder un instant de répit. Plusieurs années se sont écoulés avant qu'il parvienne enfin à trouver ce qu'il cherchait. Il perdit de l'altitude et s'écroula d'épuisement dans le sable chaud du désert. Son ouïe fine l'avertit de l'arrivée des monstres. Il n'y prêta aucune attention, les yeux rivés sur l'horizon. « Je t'ai enfin trouvé ! », se félicita intérieurement l'oiseau géant. Très, très loin, sur plusieurs centaines de kilomètres, une tortue géante s'avançait lentement.

D'une griffe de sa patte, Fidé actionna le collier électrique scellé à son cou.

-Commandante, appela-t-il en reprenant son souffle, je crois que je l'ai trouvé.

Au même instant, de l'autre côté du monde, retirée sous terre dans une cave obscure, une femme s'éveilla d'un long sommeil. Une voix l'appelait. Elle résonnait, encore et toujours, et elle revint plus insistante. Lorsqu'elle bougea enfin le bras pour saisir un micro à proximité, la terre et l'humidité qui l'en recouvrait se brisa tout doucement jusqu'à tomber en morceaux.

-Je te reçois, Fidé, dit-elle d'une voix enrouée. Tu as trouvé qui exactement ? Sois plus précis.

-J'ai localisé le Khäm.

Elle reprit vie d'un seul coup. Son coeur se mit à bondir dans sa poitrine. Son corps émit des craquements suspects quand elle se redressa, complètement éveillée. Elle n'en croyait pas ses oreilles et se demanda si elle continuait de rêver. Sans perdre un instant, elle passa sa main sur les claviers et des écrans de toutes tailles s'illuminèrent en projetant des chargements de sessions. Celui en face d'elle dévoila la position de Fidé. De la minuscule caméra qu'il portait sur son collier, elle put contempler le désert où, plus loin, s'avançait une tortue géante.

-Est-ce que tu es bien sûr de ce que tu avances ? interrogea-t-elle, pleine d'espoir. Nous n'avons pas droit à l'erreur, jai perdu trop de temps comme ça.

De là où Fidé se tenait, il venait d'écraser trois monstres à l'aide de ses pattes. En se creusant le ventre, il se força à vomir une pierre noire qui émettait des pulsions sanguinaires : c'était de l'onyx. Cette dernière vibra faiblement à l'aire libre et Fidé confirma ses dires dans son micro. Walésa sourit victorieusement. Incapable de contenir sa joie, elle tituba en riant et s'effara sur son siège en perdant l'équilibre.