Le soleil baisse progressivement, et, de la fenêtre de ma chambre, je peux voire les ombres des cerisiers sur les rails de ce chemin de fer que je connais si bien. C'est toujours par ici que je passais pour aller à l'école avec mon meilleur ami. On se connaissait depuis si longtemps... lui et moi... on faisait les quatre-cents coups ensemble. C'était le bon temps. Je ne fais que sourire en y repensant. Si tout c'est fini, c'est de sa faute, à elle . Elle était violente, elle était méchante, elle me l'a enlevé. Depuis ce jour, je ne suis que l'ombre de moi même. Il y a tellement de souvenirs entre nous, que je peine à retenir mes larmes.
-Pourquoi tu pleures ?
Je me rappelle que Kazuki était assis contre un mur, la tête enfouis dans ses bras.
-Pour rien.
Je me rappelle être resté assise à côté de lui.
-Pourquoi restes-tu ?
-Pourquoi pleures-tu ?
-Pour rien.
-Pareil.
C'était la première fois que je lui ai parlé, j'ignorais à ce moment là que nos destin étaient liés. De nos 5 ans jusqu'à maintenant.-Kazuki ! Attend moi !
Je me rappelle dû du jour où on a fait un ballon prisonnier sur la plage avec d'autre amis. Il avait fait tomber sa glace par terre et il est parti pleurer. Il adorait les glaces au caramel. Je lui en avait donné une.
-Arrête de pleurer ! Tu es un homme ou pas ?
Kazuki était vraiment pleurnichard. Il avait 7 ans a l'époque.-Ayumi ? T'aimes quoi toi ?
-Moi j'aime le sport, j'aime le basket. Et toi ?
-Moi, je veux devenir chanteur.
Kazuki avait déjà, à l'époque, une étincelle dans le regard.-Ayumi ?! Tu es où ?
Une fois, mes parents se sont disputés, j'étais tellement triste, que je suis partie me cacher dans l'air de jeu, où j'allais tout le temps avec Kazuki.
-Ayumi, pourquoi tu pleures ?
-Pour rien.
Il s'était assis a côté de moi.
-Pourquoi tu restes ?
-Pour rien.
Nous sommes restés en silence. J'ai levé la tête vers lui et il m'a tendu une sucette.
-C'est à cause de ton papa et de ta maman ?
-Oui, papa criait. Et maman pleurait. Papa disait qu'il fallait faire confiance au médecin, que le médecin avait raison. Maman ne voulait pas l'écouter. Mon papa est sorti de la maison en colère en disant qu'il ne voulait pas la perdre.
-Tu sais, moi mon papa, il est parti. Maman dit que c'est parce qu'il est allé dans les étoiles. Maman m'a dit que le soir, je pouvais lui parler, parce qu'il m'entendrait. Papa est devenue une étoile, la plus brillante des étoiles. Et, de là où il se trouve, il prend soin de moi et me surveille.
-C'est pour ça que tu pleurais ?
-Oui, je ne voulais pas que mon papa devienne une étoile.
-Moi je ne veux pas que mes parent deviennent des étoiles non plus. Sinon je serai toute seule
-Tu n'es pas seule, moi je suis là, et je ne te laisserai jamais tomber.
-Moi non plus.
J'étais si naïve à l'époque, croire qu'il ne m'abandonnerait jamais. Croire que l'on resterai à vie ensemble.-Ayumi ?
- Oui ?
-Je vais faire un concours de chant, tu vas venir ?
-Bien sûr !
Je me rappelle de ce moment magique. Il était si petit, c'est à ses 9 ans qu'il a fait son premier concours. La salle était pratiquement dans le noir. Il est arrivé, habillée d'un costume noir qui faisait adulte, il marcha jusqu'au centre de la scène en tenant le micro très fort tellement il était stressé. Il leva la tête, et se mit à chanter. La pièce, pourtant si sombre, s'emplit de lumière, et lui, il était là, au centre, dans son élément, son véritable élément.-Ayumi ! On est ensemble pour le collège !
-C'est vrai ?! C'est trop bien !
-Dit Ayumi... Tu me promets de ne pas m'abandonner comme mon papa ?
-Je te le promet.
Ce jour là, nous avions fait un serment. Le serment de rester ensemble jusqu'à la fin. Nous allions entrer au collège, où nous allions rencontrer Shinishi, un garçon avec qui nous avons passé tout notre collège. Shinishi, lui, ne m'a pas abandonné.-Kazuki ? Qu'est ce qu'il y a ? Tu n'as pas l'air bien ?
-Non non ça va.
C'est en 3e qu'elle est arrivé. Téras était une vieille amie de Kazuki, elle lui rendait visite de temps en temps. Je la haïssais, chacune de ses visites étaient de plus en plus longue. Quand elle était là, je ne pouvais pas aller le voir.-Ayumi, je vais aller dans un lycée pour musicien et chanteurs ! Ma mère est d'accord. Je suis trop content !
-Tu... Tu pars... ? Et arrête de t'agiter, c'est pas bon...
-Je ne peux pas m'en empêcher, c'est mon rêve le plus fou que de devenir chanteur.
-Quand tu seras célèbre, tu oublieras pas ma place VIP.
-Bien sûr que non, tu auras même un accès au loge privilégié.
-Quelle honneur tu me faits.En mesure que l'année s'avançait, on s'éloignait, Téras prenait tout son temps. Au point qu'il n'en vienne plus à l'école. Et puis un jour, je suis parti le voir, l'après midi même il avait son concert, celui qui allait lui ouvrir les portes du monde professionnel. Je suis parti le rendre visite, mais sa chambre était vide. J'ai accouru vers sa mère, elle était en état de choque, elle pris plusieurs secondes avant de fondre en larme devant le médecin. Ça y est, Téras l'a eu. Pendant des années Kazuki avait lutté contre sa maladie, cette même maladie qui avait enlevé son père. Je n'y croyais pas. Il m'avait laissé une lettre, une lettre dans laquelle il se rappela de tout nos moments. Le jour du mariage de mes parents où on a piqué du gâteaux dans la cuisine, le jour de son concours, le jour de notre rencontre, le jour où on compta les étoiles ensemble, le jour où on parla de nos parents, le jour où on a joué aux pirates, le jour de mon premier match, et enfin le jour où il m'a avoué pour Téras. Il fini sa lettre sur ces mots: "Je t'aime". Mon meilleur ami, mon petit frère, non plutôt mon amoureux, était parti rejoindre les étoiles. Je sais qu'il me regarde, je sais qu'il me surveille, et si il sait lire sur les lèvres, il m'entendra peut-être dire "Je t'aime".
Depuis ce jour maudit, je vis, dans un monde qui n'est plus le miens. Je voulais partir le rejoindre, devenir une étoile de plus dans ce ciel brillant, mais il m'avait dit de vivre, que, quoi qu'il arrive, je devais vivre. C'est égoïste non ? Mais pour lui, j'ai vécu, ou plutôt j'ai survécu. Je l'ai aimé et je l'aime toujours. Depuis, j'ai adopté un chat que j'ai nommé Yoru, qui signifie "la nuit". Car c'est une nuit sans fin que j'entreprends. Mais depuis peu, j'ai retrouvé le goût de vivre. Tout les jours je pars te voir au cimetières avec mes coupes et mes médailles. Je te parle de ce qui ce passe récemment. Tu es au courant du moindre détail. Sur ta tombe j'ai pleuré, j'ai parlé puis j'ai avancé. Car sache qu'à jamais, Kazuki, tu seras une partie de moi.
Je t'aime, mon étoile.