Épilogue.

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-Tu pleures?
-Non juste mon allergie au pollen
-Assumes de pleurer pour moi! Il sourit. Putain ce qu'il est beau. D'un sourire ravageur qui pourrait faire renaître des fleurs.
-Tu vas me manquer
-Je reviendrai

Je frissonne, comme chaque fois que je panique.

Il me pose son anorak jaune sur les épaules. Je me met à rire pitoyablement, plongeant mes yeux dans les siens. Il m'a définitivement donné sa mariniere bleu marine, que je porte aujourd'hui, elle a son odeur, ça m'aidera à tenir, le temps qu'il ne sera pas là.

-Hé calme toi Léo tout va bien
-Je sais
-Léo, je t'aime.
-Je t'aime aussi Paul...

Il m'embrasse doucement, ses mains encadrant mon visage. Les miennes contre sa nuque, pressant davantage ses lèvres contre les miennes. Les passants nous regardent. Parfois avec dégoût, d'autres fois en souriant. Je le vois parce que je ne peux pas regarder Paul dans les yeux sans sentir les larmes couler le long de mes joues. Il ne m'a jamais vu pleurer. Alors que moi, je l'ai serré contre moi des milliers de fois lorsqu'il faisait une crise. Nous y voilà, l'été est terminé, et il va s'envoler pour l'Irlande. Sans moi. Loin de moi.

-Faut que j'y aille mon amour
-Vas y. Et reviens moi vite...
-Je te le promet. Je t'aime
-Je t'aime aussi... Hé Paul. Oublie pas ta veste de pêcheur!
-Garde la, elle te sera plus utile à toi qu'à moi!

Et son sourire éclatant à illuminer mon visage. Paul traînant sa valise derrière lui en rejoignant la porte d'embarquement. Sait il qu'en Irlande il pleut autant qu'en Bretagne? Je le maudit. Il serait capable d'attraper la grippe juste pour que je n'ai pas froid. Il est comme ça.
Il part pour Erasmus pendant 11 mois, en Irlande. Ce n'est pas le bout du monde, mais ça me semble si loin. Je n'ai pas appris à vivre sans lui moi. Je reste dans l'aéroport au milieu de tout le monde pendant longtemps, les larmes aux yeux, le coeur serré.
L'avion a décollé. Je peux m'en aller.

***

-Léo...
-Quoi Arthur?

Mon frère semblait dépassé par les événements. Alors que franchement il n'avait pas à se plaindre. Sa copine vivait dans notre maison. Alors que moi, mon copain venait de partir pour onze mois.

-L'avion dans lequel était Paul... Il s'est écrasé. Il ne se réveillera plus...
-Non... Non... NON!

Je ne peux pas le croire. Je ne veux pas y croire. Les avions s'écrasent rarement, c'est même le moyen de transport le plus sûr. Comment pourrait ce être possible?
La télévision dans le salon est allumé sur la chaîne d'info, et je l'entend débité tout ce qu'on sait. Tout ce que je ne veux pas savoir. Ce n'est pas possible, pas Paul. Non, il va revenir.
La douleur qui me transperce le coeur est immense.
Je m'écroule dans les bras de mon frère, hurlant mes poumons, laissant les larmes dévaler mes joues à un rythme ahurissant. Je ne peux pas le croire, je ne peux pas envisager la possibilité qu'il ne rira plus, qu'il ne m'embrassera plus, qu'il ne me regardera pas dans les yeux sérieusement, avant de me lancer "t'es vraiment moche". Qu'il ne ralera plus quand je me collait à lui quand on dormait ensemble, ou quand je sortais de la piscine trempé. Je ne veux pas imaginer que je ne vivrais plus jamais ça avec lui. Je ne peux pas... Je ne veux plus vivre moi non plus s'il ne revient pas pour me serrer dans ses bras.

-Léo écoute moi
-Tu mens... Il va revenir il... Il n'est pas parti ce n'est pas possible...
-Arrete Léo... C'est fini.

Je déteste mon frère d'être si direct et de me faire si mal.
Je n'arrive pas à me calmer. Son odeur m'enveloppe, et je dois me rendre à l'évidence, c'était notre destin que tout se finisse si mal. Paul, le garçon chiant qui me détestait en début d'année, qui me méprisait plus que n'importe qui au lycée. Celui qui me jugeait quand je lui vomissais dessus. Qui a douté des mois après que je l'ai embrassé pour la première fois. Putain il ne sera plus là pour m'engueuler quand je mouillais ma brosse à dents avant de mettre le dentifrice et pas après.

Même Paul et Léonard rêvent d'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant