La Convention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés, comme d'autres textes relatifs aux droits de l'Homme, a été rédigée d'un point de vue uniquement masculin[36]. Durant les négociations, la possibilité d'un critère de l'appartenance sexuelle n'a été débattue que lorsque la délégation yougoslave a proposé que l'expression « ou sexe » soit incluse dans l'article 3, qui stipule que la Convention doit être appliquée « sans discrimination de race, de religion ou de pays d'origine ». Cette proposition a été écartée comme relevant de la législation nationale. Le Haut Commissaire aux Réfugiés de l'époque, Van Heuven Goedhart, a fait remarquer qu'il doutait du fait « qu'il existât des cas de persécutions commises en raison du sexe des victimes[37] ». Ainsi, le "droit d'asile dérogatoire" impliquant une sélection sur critère, faute de reconnaissance officielle de celui-ci, a exclu pendant un demi-siècle, l'ensemble des persécutions contre les femmes, des motifs de la protection internationale et de la reconnaissance des réfugiées. C'est seulement depuis le milieu des années 1980, que des organisations internationales ont pris des résolutions et promulgué des textes incitant à la reconnaissance des violences contre les femmes et à leur protection dans le cadre du droit d'asile[38]. Ainsi en 1984, le Parlement Européen a adopté une résolution qui demandait aux États d'interpréter la Convention de Genève sur les Réfugiés (1951) en considérant les victimes de telles persécutions comme relevant bien de la notion de « groupe social » inscrit à l'article 1A2 de la dite convention et éligibles au statut de réfugié. Cette résolution a été suivie d'une initiative du HCR qui a adopté l'année suivante une résolution similaire, puis, à partir de 1991, a produit une série de directives (« guidelines ») relatives à la protection des demandeuses d'asile et des femmes réfugiées[39]. Ces changements sont le résultat, pour une part importante, de l'action de réseaux féministes transnationaux notamment le « Groupe de travail sur les femmes réfugiées » (Working Group on Refugee Women, WGRW) réunissant de multiples ONG qui ont fait pression sur le HCR afin de l'amener à prendre en considération les situations des femmes demandeuses d'asile et réfugiées[40].
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