Believe in Earth

Chapitre 8 : Le départ (partie 1)

Chaque muscle du corps de Bellamy se contracte, chaque nerf se vivifie, chaque sens se ranime devant les effroyables cris de Clarke dans la cellule voisine. Cela fait des mois qu'il entend ses appels débordant de désespoir mais aujourd'hui, il ne s'agit plus seulement de cris poussés par ses ressentiments mais de véritables gémissements de douleur. Face à ça, Bellamy retrouve toute sa force, toute sa détermination, toute sa liberté. Il perd tous ses doutes, toutes ses questions, toutes ses craintes.

À cet instant précis, il n'a pas cru à tort qu'elle avait dénoncé sa petite sœur ni conduit sa mère aux portes de la mort. À cet instant, il n'a jamais été persuadé que son enfermement avait un quelconque rapport avec elle. À cet instant où son adrénaline prend le dessus, il n'a, à aucun moment été convaincu qu'elle avait joué un rôle dans sa condamnation à flotter dans l'espace pour l'éternité ni acheminé Octavia à cette solitude qui doit tant lui peser. À cet instant où son amour prend le dessus sur tout, elle ne l'a jamais poussé à la détester presque autant qu'il l'aime. Il s'agit uniquement de la jeune femme dont il est tombé amoureux, avec qui il a commencé à vivre, celle qui a réveillé en lui des sensations qu'il pensait éteintes à jamais.

Son corps se colle le plus possible au mur de sa cellule alors qu'il approche sa bouche de la cloison. Pendant plusieurs minutes, l'adolescent lui dit tendrement de se concentrer sur le son de sa voix qui se fait plus douce et réconfortante que d'habitude. Alors qu'il perdait tout espoir qu'elle perçoive ses murmures parmi ses cris, ceux-ci diminuent quelques secondes avant de s'intensifier à nouveau.

Bellamy n'a aucune idée s'il s'est écoulé quelques minutes ou plusieurs heures durants lesquelles la douleur de Clarke lui transperçait littéralement le cœur. Quoi qu'il en soit, le souffle saccadé de cette dernière s'amplifie, encore et encore, si bien que, par moment, il ne sait même pas si elle parvient encore à respirer.

Ses yeux vagabondent dans sa cellule dans une tentative complètement désespérée de trouver quelque chose qui pourrait l'aider. Qu'est-ce qui pourrait bien la soulager dans cette minuscule pièce hostile ? Mis à part les quatre murs d'acier et le sol tout aussi résistant, il n'y a rien. Toute forme d'espérance était prête à s'envoler au moment où son regard bute sur une solution complètement inattendue.

Sa main se glisse dans le tout petit espace qu'il vient de dénicher. Bellamy n'a aucune idée de la raison pour laquelle il y a ce trou dans le mur, mais à vrai dire, il s'en fiche complètement. Tout ce qui compte, c'est le réconfort qu'il peut apporter à Clarke avec ce simple contact. Ses doigts se faufilent entre le sol et la cloison entre leurs cellules jusqu'à atteindre la peau froide de la jeune fille. Un frisson s'empare de son corps à ce contact si enivrant. Les secondes se changent en minutes quand leurs doigts s'agrippent les uns aux autres dans une liaison complètement désespérée.

La véritable notion du temps est à nouveau d'actualité lorsque des pas dans la station-prison parviennent jusqu'à ses oreilles. Son cœur s'affole dans sa cage thoracique alors qu'un ouragan de peur se forme dans sa gorge serrée. Même lors de son arrestation, ce sentiment n'était pas aussi intense. Le jour de sa mise à l'isolement, la vie d'Octavia n'était pas menacée parce qu'il a agit, s'est condamné à la place de sa petite sœur. Seulement, il ne peut absolument rien faire pour aider Clarke. Sa terreur augmente d'un cran quand il entend la porte de la cellule de l'adolescente s'ouvrir. Sa main serre de toutes ses forces la sienne dans un geste de soutien.

Même s'il ne peut absolument rien faire contre les gardes surentrainés de l'Arche, abandonner n'est pas dans ses gênes. Au moment où les doigts de Clarke lâchent les siens, la chaleur qui s'était emparée de lui se transforme en rage.

Il se propulse en avant, se retrouvant debout, tous les sens en alerte. Il ne sait même plus où il puise tout son oxygène tellement sa respiration s'accélère, ainsi que son rythme cardiaque. Les cris de Clarke reprennent de plus belle, accompagnés par ses propres hurlements lorsqu'il se rend compte que les pas précipités des gardes s'éloignent ainsi que la voix de la jeune fille.