Chapitre 18 (1) « Face à la tempête »

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Point de vue d'Evan

Je reste assis, le regard dans le vide, au milieu de tout ce brouhaha. Mon frère, qui est venu en urgence d'Allemagne dès qu'il a appris mon arrestation, anime un débat enflammé avec l'avocat de mon père. Mon père lui-même est présent, le visage grave, tandis qu'un second avocat, un homme d'un calme froid et calculateur, complète le tableau autour de cette table ronde noire vernie. Les arguments fusent, se heurtent, s'entrechoquent dans un ballet chaotique de mots et de stratégies légales.

Je suis passif, simple spectateur de cette scène où ils discutent de mon avenir comme si je n'étais pas là, comme si ma vie était un jeu d'échecs dont ils tentent de maîtriser les règles. Mon frère, visiblement agité, tape du poing sur la table.

- On pourrait faire témoigner la femme qui a assisté à la scène ? Elle pourrait prouver que le type commençait à se montrer violent envers elle et qu'Evan n'a fait que la défendre. On pourrait plaider la légitime défense ! Sa voix est empreinte d'une urgence désespérée.

Mais l'avocat de mon père secoue la tête. 

- Nous avons déjà tenté de la contacter. Elle refuse de témoigner sans une compensation financière. 

Mon frère s'agite davantage.

- Alors, payons-la ! Ce n'est pas comme si l'argent était un problème. 

Le second avocat, impassible, prend la parole. 

- Le problème, c'est que son témoignage ne changera rien. Il jette sur la table plusieurs photos du type que j'ai agressé. 

Des images choquantes, montrant un visage défiguré, méconnaissable sous la violence de mes coups. Mon frère recule, visiblement choqué, tandis que mon père se crispe davantage.

- Grâce à un contact à l'hôpital, nous savons que la victime a subi plusieurs interventions chirurgicales. Sa mâchoire est fracturée, il a eu besoin de dix-huit points de suture et son œil gauche est tellement endommagé que les médecins craignent une cécité partielle. Aucun jury ne verra cet excès de violence comme de la légitime défense. Ils y verront de la pure violence gratuite. 

Mon père, furieux, prend la parole d'une voix tranchante. 

- Alors, qu'est-ce que tu proposes ? Il est hors de question que mon fils finisse en prison. Imagine l'impact sur la compagnie, sur notre image ! 

Le second avocat reste calme. 

- Je propose de tenter un arrangement avec la partie adverse. C'est notre seule chance d'éviter la prison. 

- Je refuse. 

Tous les regards se tournent vers moi. C'est la première fois que je parle depuis mon arrivée. Les expressions varient entre surprise et irritation.

- Evan, sois raisonnable, commence mon frère, ses yeux implorants.

- Tu as une meilleure solution peut-être ? crache mon père, son visage rouge de colère.

- Non, mais il est hors de question qu'on file du fric à ce fils de pute. Il était prêt à abuser de cette femme et vous voulez en plus qu'on le paie ? Il a eu ce qu'il méritait. 

Mon frère intervient, la voix plus douce, presque suppliante.

- Evan, tu risques la prison en refusant. 

- Ouais, et contrairement à toi, la prison ne m'a jamais fait peur. Si c'est ce qu'il doit se passer, alors ainsi soit-il. 

- Dis pas de conneries ! Tu vas accepter cette rencontre et trouver un accord. Je te rappelle que j'ai passé ma vie à te sortir de la merde, embauchant à chaque fois les meilleurs avocats pour sauver tes petites fesses. 

Usurpatrice Tome 1 : Tentation (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant