Usurpatrice Tome 1 : Tentation (EN REECRITURE)

Chapitre 19 (1) « L'ombre du doute »

Point de vue de Mia

Les rues de New York sont infernales les vendredis. Impossible de circuler sans se retrouver bloqué dans des bouchons interminables.

En plus de cela, j'ai à peine fermé l'œil cette nuit. Evan n'a pas cessé d'occuper mes pensées. J'ignore où il se trouve ou même s'il va bien. Il refuse de répondre à mes appels et encore moins à mes centaines de messages. L'anxiété me ronge de l'intérieur, comme une bête insatiable. Je me sens impuissante face à tout ça. Andrew semble ne pas vouloir m'en dire plus, prétendant que c'est une affaire de famille et qu'il refuse de m'inquiéter avec ça. C'est comme si j'étais complètement mise à l'écart, et je déteste être mise à l'écart.

Enfin, j'aperçois le grand building de View Corporation, mais je suis accueillie par des centaines de journalistes devant l'entrée. Ils campent là, espérant croiser Evan, qui n'a pas mis les pieds ici depuis plusieurs semaines.

À peine ai-je mis un pied dehors que plusieurs journalistes tentent de m'interpeller, m'empêchant d'accéder au bâtiment. Ils m'assaillent de questions, leurs flashs crépitant, me bombardant de lumière et de curiosité malsaine.

- Mlle. Porter, avez-vous eu des nouvelles de votre futur beau-frère, Evan Morton ? 

- Pensez-vous qu'Evan Morton sera cette fois-ci condamné à de la prison ferme étant donné son casier judiciaire ? 

- Comptez-vous reporter le mariage en vue des circonstances ? 

Comment osent-ils poser des questions aussi personnelles et intrusives ? Comme si cette famille n'avait pas déjà assez de problèmes, il fallait que ces maudits journalistes viennent ici à la recherche du moindre scoop pour alimenter leurs magazines à scandales. C'est cruel et injuste. Evan ne mérite pas ça.

Et puis, je craque. Je ne peux pas rester là sans rien dire.

- Vous ne savez rien de lui, vous ne connaissez pas toute l'histoire ! déclarai-je.

- Vous voulez dire qu'il est innocent ? rétorque une journaliste, son micro presque collé à mon visage.

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. ajoutai-je, désemparée.

- Alors, M. Morton a réellement agressé cet homme en sortant d'une boîte de strip-tease ?

Je suis prise au piège. Ils ont obtenu exactement ce qu'ils attendaient de moi : une réaction sous le coup de la colère, me poussant à implicitement avouer qu'Evan a agressé cet homme. Je reste sans voix, embarrassée et aveuglée par tous ces flashs.

Des bras me tirent de la foule pour me conduire à l'intérieur du hall du bâtiment, à l'abri des journalistes qui continuent malgré tout à prendre des photos à travers les baies vitrées.

Je lève la tête pour croiser le regard de Bonnie. Je fronce légèrement les sourcils, à la fois étonnée et soulagée de la voir. Nous ne nous étions pas revues depuis plusieurs semaines, et je me sens mal à l'aise face à cette femme que j'ai trahie.

- Est-ce que ça va ? me demande-t-elle, inquiète. Un conseil, ne jamais répondre aux journalistes sans la présence d'un avocat, surtout dans ce genre d'affaire. 

- Je prends note. répondis-je en reprenant calmement mon souffle.

Mal à l'aise, je saisis mon sac à main et tente de m'éloigner lentement.

- Bon, je dois aller bosser, j'ai déjà assez de retard comme ça. 

Alors que je me dirige vers l'ascenseur, des bruits de talons me rattrapent. Bonnie se tient à mes côtés.