Il n'y a pas de mot pour décrire, à part des mots

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Le jeune homme embrassait tendrement sa bien-aimée dans un dernier baiser d'adieu, la retenant de toutes ses forces dans une étreinte que les soldats s'efforçaient de rompre. On le séparait de la femme qu'il aimait tant.

On lui arrachait son amour, ainsi qu'une partie de lui-même.

Anne se débattit en hurlant de douleur, pleurant qu'on la laisse vivre à ses côtés, s'égosillant qu'ils se retrouvaient un jour, elle ne savait où, mais ils se retrouveraient. Elle lui promit. Et Anne tenait toujours ses promesses.

Alors rassurés, les deux amants cessèrent leurs cris et ne se lâchèrent plus du regard le temps qu'Anne fut maîtrisée. Un regard confiant, une promesse échangée. Un amour sacré.

Les soldats parvinrent à traîner la fille à une dizaine de pas du garçon. Ils suivaient les ordres, quiconque enfreignait la loi se devait d'être arrêté. Ça c'était la partie officielle. Les récalcitrants découvraient par la suite la partie officieuse.

Quand le garçon eut les mains et les jambes liées, on le força à s'agenouiller face au commandant du bataillon, rompant l'échange visuel avec sa belle Anne maîtrisée par les soldats. Le jeune homme leva son regard empli de défi et de hargne vers celui du commandant et sans le lâcher, expulsa un crachat sur ses bottes militaires. Il reçut une gifle mais ne cilla pas pour autant.

- Tu peux bousiller mes pompes comme tu veux, tu reverras pas pour autant ta petite chérie, déclara l'homme imposant d'une voix pleine de dégoût et un air méprisant toujours peint sur sa face.

- C'est pas un salopard dans votre genre qui m'en empêchera, répliqua-t-il sur le même ton.

Anne perçut le bruit d'une seconde claque, bien plus sèche et violente que la première. Son amour s'échoua sur le flanc, et son corps roula dans la poussière. Anne eut un susaut d'horreur, et ses yeux larmoyants lui brouillèrent la vue quand elle remarqua que la bouche qu'elle embrassait avec amour était en sang. Elle recommença à se débattre dans la poigne de fer des soldats qui la maintinrent à sa place. Malgrès leur apparence et leur attitude froide, à l'intérieur ces derniers souffraient eux aussi des adieux déchirants des couples qu'ils séparaient chaque jour. Mais les ordres étaient les ordres et la loi était claire, ou plutôt ce qu'elle sous-entendait : les renégats étaient exécutés. Sans exception.

Même ce jeune homme qui n'avait pourtant rien fait d'autre que d'aimer une fille juive.

Le commandant se décala enfin, laissant Anne observer le spectacle que lui offrait son amour et sa splendeur déchue, qui n'avait même plus la force de lui faire passer des mots de courage par le regard. Elle dut observer son amour se faire descendre, contrainte par la menace du fusil sur sa tempe de garder les yeux ouverts et de voir sa gloire s'envoler pour le paradis certainement, car son seul crime avait été d'aimer.

Anne n'avait plus la force ni de hurler sa douleur, ni de se débattre, ni de pleurer. Elle ne put pourtant pas décrocher ses yeux de cette fleur sanglante éclosant sur le frêle torse du jeune homme, et de ce regard si vide, juste mort. Tellement semblable au sien. À ce moment-là, son seul vœu fut de pouvoir se blottir entre ses bras et de mourir à ses côtés afin de l'escorter sur les marches menant au paradis. Qui sait, peut être même cette voie-là était représentée par une autoroute, celle qu'empruntait toutes les victimes de ce génocide. À moins qu'elle ne menait aux enfers. Silencieusement, Anne se recueillit et pria ce en quoi elle croyait d'exaucer son souhait le plus cher. Elle voulait retrouver sa famille, emmenée dans les camps de concentration quelques mois plus tôt, ainsi que son bel amant, entamant sa montée au ciel.

Alors la fille fut parquée dans le camp répondant au nom d'Auschwitz. Quelques jours plus tard, elle était entraînée dans la file qui semblait ne pas avoir de fin.

Anne tenait toujours ses promesses, et sa dernière aussi.

Le dernier vœu d'Anne avait été exaucé.

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ce moment où tu te demandes ce que tu dois dire...

je vais pas vous dire grand chose sur le texte à part que les mots me sont venus tout seul et que si vous avez des questions ou juste besoin de parler hésitez surtout pas

je tiens à préciser que je n'essaie pas de faire passer des idées par ce que j'écris, j'ai juste tenté de me mettre dans la peau d'une jeune fille juive et de son amoureux dans la période 39-45, donc si il y a des mots maladroits je m'en excuse, ce n'est pas volontaire

à part ça je vous mets hallelujah en media pcq mon père m'avait dit quand j'étais petite que cette chanson racontait une séparation et que je pleure toujours quand je l'entends

(anecdote : mon père me la chantais quand j'étais gosse pour me coucher le soir, et récemment il l'a chantée avec sa chorale en me fixant tout le long avec son regard de papa tout plein d'amour et j'ai pas pleuré juste pcq y avait des gens sinon j'aurai craqué)

bref j'espère que ça vous a plus, merci de me lire ♡

bisous ♡

● Who knows 39 | 42 | 45 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant