Chapitre 1

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L'un des premiers souvenirs dont je me rappelle est le jour où je faisais du vélo devant le parvis de notre maison de Chateauneuf en Bourgogne. Je devais avoir 4 ans. Je suis brutalement tombée de ma bicyclette en dérapant sur le trottoir. Mes parents avaient l'habitude de me laisser seule devant la maison, notre quartier étant tranquille. Il faut dire qu'ils avaient peu de temps à m'accorder car même si ils travaillaient à la maison, c'était des architectes très réputés qui étaient très fortement demandés. Je me retrouvais là, seule, devant ma maison, en larmes, n'ayant pas la force de relever mon vélo et de me mettre debout. Quelqu'un est arrivé en courant vers moi, à travers le mur de larmes qui me rendait ma vue trouble, je vis qu'un jeune garçon un peu plus vieux que moi se tenait devant moi. Il s'accroupit et, avec une force déconcertante pour un enfant de son âge, souleva le vélo qui me bloquait la jambe. Ensuite, il me tendit la main afin de m'aider à me relever. Mon genou me faisait souffrir et je sentais le sang coulait le long de ma jambe. Je ne m'étais pas ratée.

- Tu es sure que ça va ? me demanda-t-il inquiet.

- Oui, oui ne t'inquiètes pas, je vais aller voir ma maman pour avoir un pansement.

- Je vais t'accompagner alors.

C'est alors qu'avec l'insouciance d'une enfant de 4 ans, j'acceptais la main qu'il me tendit pour m'aider à marcher jusqu'à la porte. Une fois devant, il se mit sur la pointe des pieds pour atteindre la fenêtre et sonna. Ma mère apparut sur après quelques secondes d'attente.

- Bonjour madame, commença mon sauveur, je m'appelle Caleb et j'ai 6 ans. Je viens de sauver votre fille quand elle est tombée à vélo.

Le regard de ma mère montrait son étonnement et quand elle baissa les yeux, elle vit mon genou ensanglanté et son regard devint complètement affolé.

- Oh mon dieu ! Vanessa, mon trésor, tu vas bien ? Viens vite que je désinfecte ton bobo ma chérie, dit-elle sans prêter attention à Caleb.

Elle m'arracha de sa main pour me prendre dans ses bras. Je fis un signe de la main à Caleb qui s'en allait déjà.

Merde, merde, merde, j'allais être en retard en cours. L'école était à cinq minutes à pied de mon petit studio de Noho et j'avais un quart-d'heure avant que les cours ne commencent soit seulement dix minutes maximum de préparation. Je m'habillais en vitesse avec un jean foncé et le pull de l'école, j'attrapais un paquet de gâteaux qui traînait sur la table pour le manger en route, j'enfilais mes Stan Smith blanches, je prenais mon sac de cours et je fermais en vitesse la porte de l'appartement. Pas le temps d'attendre l'ascenseur, je pris les escaliers que je descendais à la vitesse de la lumière.

Nous étions en octobre, la journée était ensoleillée mais la chaleur n'était pas au rendez-vous. Cela faisait maintenant trois mois que je m'étais installée ici pour poursuivre mes études de cinéma et de théâtre. J'avais commencé mes études dans une école à Paris mais après ces trois ans, je ne me sentais pas encore capable de me jeter dans le grand bain. Pour mettre toutes les chances de mon coté, j'avais décidé de partir étudier le théâtre à New-York dans la prestigieuse école « Tisch school of arts » pour en parallèle passer des castings de films là-bas. Je savais que j'avais de la chance car si je pouvais me payer une école aussi cher avec un appartement aussi bien placé c'était grâce à mes parents qui pouvaient se le permettre sans problème. J'avais tout de même travaillé toute l'année pour économiser un peu et j'avais réussi à trouver un travail de serveuse pour ne pas me sentir trop redevable. Mon train de vie était très structuré mais je ne m'en portais pas plus mal car j'avais toujours détesté le désordre hormis dans ma chambre bien sur.

Mon trajet se déroula sans encombre et j'arrivais avec 2 minutes d'avances devant le bâtiment de l'école à Manhattan. Le reste de ma journée ne fut pas très chargé et je sortais des cours vers 18h. Sans avoir le temps de passer à l'appartement je me dirigeai vers le bar où je travaillai tous les soirs de la semaine jusqu'à minuit sauf le mardi et le jeudi. Je saluai Maria, l'autre serveuse avec qui j'étais devenue très proche, et j'allais me changer dans l'arrière cuisine. Le mercredi soir était une soirée calme avec seulement quelques habitués et des groupes de collègues qui ne restaient pas très tard. J'enchaînais les commandes et récoltais une belle somme de pourboires. Un homme brun s'assit au bar.

- Qu'est-ce que je vous sers ? lui demandais-je avec mon plus beau sourire.

- Une bière, dit-il sans lever les yeux de son portable.

- Tout de suite.

Je lui déposais son verre devant lui et il daigna enfin lever les yeux vers moi. Je ne pus que rester subjuguée devant les yeux ébènes de cet homme. Jamais je n'avais vu un regard aussi sombre que celui-ci mais en même temps d'une douceur incroyable. Mon cœur palpitait.

- Vous avez l'habitude de fixer vos clients comme ça ? demanda-t-il amusé d'une voix suave.

Je secouai la tête pour me tirer de mes pensées. Prise au dépourvu, je scrutais son visage à la recherche d'un défaut. Son nez était droit et fin, une bouche parfaite qui commençait à s'étirer en un sourire, laissant apparaître de magnifiques fossettes. Ses cheveux étaient en bataille mais ils avaient l'air extrêmement doux. Ma seule envie était de remettre un epu d'ordre dans cette chevelure en passant les doigts dedans.

- Vous avez un épis.

- C'est fait exprès voyons, effet coiffé-décoiffé.

- On ne me la fait pas à moi, vous êtes dans cet état pour une autre raison.

- Laquelle ?

- Vous avez couru jusqu'ici pour échapper à l'orage qui s'annonce.

- Si c'était le cas, je serais certes décoiffé mais surtout en sueur.

- Je ne pense pas, vous m'avez l'air assez athlétique.

- Athlétique ? Vous trouvez ? demanda-t-il en se reculant pour regarder son ventre plat.

Je rougis. Je le laissai finir sa bière seul afin d'aller prendre d'autres commandes en salle. J'aurais voulu sentir son regard sur moi pendant que je servais mes cocktails mais à chaque fois que je regardais discrètement dans sa direction, il pianotait sur l'écran de son portable. Je n'arrivais pas à me sortir son regard de la tête. Plus j'y pensais, plus j'avais l'impression de l'avoir déjà croiser quelque part. De retour au bar, il me demanda l'addition et partit sans un regard en arrière. Je ne pus m'empêcher d'avoir un pincement au cœur même si je me faisais pitié moi-même. L'espoir de le revoir naissait en moi mais je devais le chasser pour éviter les mauvaises surprises.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 23, 2019 ⏰

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