C'était toujours la nuit que les gens perdus se retrouvaient sur ce banc. La journée, les couples amoureux, les familles heureuses s'y succédaient, la nuit, c'est en solitaire que l'on venait s'asseoir face à la mer. Cette nuit sans étoiles n'a pas échappée à la règle, elle était là, sur le banc, face à la mer. La brise marine habituelle avait désertée les lieux, tout comme la lune, qui ce soir là, timide, était partie se réfugier derrière un épais manteau de nuages sombres. Les lieux semblaient hors du temps, seul le frôlement des vagues qui roulent sur le sable créaient un rythme lent, et régulier, symbole du temps qui passe. Chaque vague, qui repartait vers l'océan, emportait avec elle, le secret d'un instant. Un instant c'est le temps, d'un sourire, d'un regard, d'un mot, d'un baiser, d'une larme, un instant, c'est temps d'une vie. Une vie où tous ces éléments se succèdent, les uns après les autres, les larmes se mêlant aux rires, les bonnes choses aux mauvaises. Et elle, seule sur son banc, recroquevillées sur elle même, elle essaye de différencier ça, le bonheur et la tristesse. Elle aurait dût savoir, que le monde n'est pas duo chrome, un évènement ou un sentiment, n'est ni noir ni blanc, rien ne l'est. Mais elle avait ce besoin de ranger les choses, de classer, de mettre dans des cases, c'est ce que la société lui a toujours fait subir après tout. Le temps s'écoulait, les vagues se succédaient, chacune repartant avec un instant, et elle avait peur. Peur que les souvenir clairs et doux comme des nuages ne s'évaporent trop vite, et que les noirs ne laissent des traînées sur les premier, les rendant gris. Elle avait besoin, d'établir un bilan, d'un côté tout ce qui avait été bon, de l'autre, ce qui ne l'avait pas été. Mais comment les différencier ? A partir de quand pourrait-elle déclarer avoir eu une belle vie, avec un pourcentage de bonheur plus élevé que celui de tristesse. Fallait-il recueillir chaque larmes ? La définir, et la conserver dans un bocal à cet effet ?