TYLER #15

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Putain, ça fait maintenant, une semaine que je n'ai pas vu Noëline et je ne pense qu'à elle. J'enchaîne les gardes ça me tue de ne pouvoir la voir. On s'envoi des messages, bien sur, mais ce n'est pas pareil. J'ai envie de revoir ses beaux yeux, sentir son parfum, pouvoir la toucher, la prendre dans mes bras,...

Je prends mon téléphone et me décide à l'appeler. J'ai essayé de ne pas lui envoyer des messages tous les jours et parfois attendu qu'elle le fasse d'elle-même. Au final, on a finit par parler tous les jours en procédant comme ça. Je me rends compte qu'elle doit penser également à moi. Malheureusement, je n'ai pas le temps de composer son téléphone que mon bipeur sonne. J'enfile directement mon pantalon, ma veste et mes chaussures dans un temps recors comme d'habitude.

Pas besoin de prendre ma bécane étant donné qu'aujourd'hui j'avais décidé, pour une fois, de rester sur place. Je monte dans le camion à côté de Dany.

- Alors Dany, on part sur quoi ? Je n'espère pas un truc gore, j'ai déjà eu ma dose pendant la précédente garde.

- Rien, une crise d'épilepsie avec surement traumatisme crânien. Evidemment, ça me fait penser à Noëline. J'ai été content que dimanche, elle ne se soit pas refermée sur elle-même comme dans la nuit même si je comprends son angoisse. Elle a peur que je la juge et que je prenne la tangente mais je ne suis pas comme ça. De toute manière, elle me plait trop pour réagir comme un connard.

- OK. Non mais le suicide d'hier c'était pas difficile à gérer surtout les pleurs de la mère ! Putain j'ai toujours du mal à comprendre les suicidaires même s'il ne faut pas juger c'est plus fort que moi. Je le vois foncer et bizarrement je reconnais la rue. Putain Non !!! On se dirige chez Noëline et là pas de doute avec le diagnostic ça ne peut qu'être elle. Merde... Merde.

J'ai une boule au ventre, j'espère que Noëline ne sait pas gravement blessée.

Nous arrivons chez elle, comme je m'en doutais, je vois son frère dans le jardin avec Tidji à ses pieds.

- Oh merde, y'a un clebs. J'aime pas ça ! Dany commence déjà à ronchonner, dans ces cas là, je sais qu'il va continuer durant toute la garde.

- T'inquiète pas, il est gentil. Et t'es un grand garçon. [Rires]

- Comment tu sais ça ? Il me regarde étonné, en attente d'une réponse.

- Je connais simplement la personne qui a fait cette crise. T'as juste à savoir ça ! J'abrège, j'aime pas parler de ma vie privée surtout qu'après je vais avoir le droit aux moqueries !

Nous descendons du camion et j'attrape le sac de secours.

- Bonjour, c'est vous qui nous avez appelé ? Où est la patiente ?

- Ba oui c'est moi, pas le chien ?! Je n'aime pas du tout son ton mais je peux sentir la panique simplement en le regardant. Bien sur, je sais gérer ces situations. Nous avons l'habitude des comportements de l'entourage.

Tidji me reconnaît immédiatement et me fait la fête. Il m'aime bien, à près tout je ne l'ai pas grondé quand il a recouvert mon pantalon de bave ! Le frère de Noëline me regarde bizarrement, je ne sais pas s'il se souvient de moi lorsqu'on s'est vu dans le restaurant. Noëline ne m'avait pas présenté de toute façon. Tidji m'attrape la manche de mon pull et me dirige sur le coté de la maison

- Bon enfermez votre chien ou attachez le mais laissez nous faire notre travail. Dany s'énerve un peu mais je connais sa peur des chiens depuis qu'il s'est fait mordre lors d'une intervention il reste méfiant.

Il attrape le collier du chien et va l'attacher un peu plus loin sur un piqué. Le chien me regarde avec ses yeux de malheureux. Je presse le pas jusqu'à Noëline qui est allongée par terre dans le jardin près d'un puits. Je comprends toute de suite ce qu'il s'est passé en voyant la marque de sang sur le bord du puits et de sa tête.

- Je vous connais vous ? Vous n'êtes pas le mec pour qui Noëline m'a abandonné au restaurant ? M'adresse le mec alors que je commence à me baisser vers Noëline.

- Oui, mais si vous voulez bien, je vais plutôt m'occuper de votre sœur ce n'est pas le moment de papoter ! Je parle peut-être d'un ton sec mais ce sang sur elle ne me rassure pas. Expliquez-moi ce qu'il s'est passé.

- Et bien, elle était dehors avec son chien entrain de jardiner et d'un coup il s'est mis à aboyer mais non-stop alors j'ai compris que ça n'allait pas. C'est pas dans son habitude d'aboyer même en jouant. Et là j'ai vu Noëline couchée, je n'ai pas osé la déplacer. Ah oui et elle est épileptique.

- Oui je sais, vous avez eu raison, c'est la bonne attitude à avoir. A-t-elle fait une nouvelle crise depuis samedi ?

- Comment ça depuis samedi ? Elle n'en a pas fait depuis 3 ans ! Il me regarde un peu étonné mais je vois une pointe d'énervement sur son visage.

- Elle en a fait une samedi avec moi. Je ne savais pas qu'elle ne vous avez pas tenu au courant. Je me penche vers Noëline et lui attrape les mains. Noëline, est ce que tu m'entends ? Serres-moi les mains si tu m'entends. Aucune réaction. J'attrape une minerve et lui passe autour du cou. Ses saignements, au niveau de la tête, se sont taris.

J'entends les sirènes du SMUR, voyant le contexte de la situation, Dany a du déjà les appeler. Ils descendent de leur voiture et courent vers nous. Je leur explique la situation actuelle et ce qui s'est également passé samedi. Le frère me regarde toujours d'un mauvais œil, comme si la crise était de ma faute ou je ne sais quoi ! Je n'aime pas ça du tout. Elle avait surement ses raisons de ne rien dire.

Le médecin du SMUR prodigue les premiers soins en la perfusant. Pour lui, elle a fait une crise avec perte de connaissance, aggravée par la chute sur le puits. Putain, heureusement qu'elle était avec son chien. Qui sait, comment ça se serait finit ?!

Je la voie bouger les paupières, plutôt bon signe, elle revient à elle plus rapidement que samedi. J'en fais d'ailleurs part au médecin du SMUR. Je passe au dessus d'elle.

- Noëline ? Comment ça va ? Elle fronce les sourcils.

- Hmmm, bien hormis un mal à la tête. Je n'arrive pas non plus à bouger. Excusez-moi Monsieur, pouvez-vous m'aider à me redresser ? Monsieur ? Monsieur ? Elle est sérieuse !

- Non, pour le moment il faut rester allongé, on va chercher une civière. Dis-moi Noëline, me reconnais-tu ? Elle se pince les lèvres et ouvre les yeux en grand.

- Non. Le choc, je reste des nues.

Vétérinaire et amoureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant