Esrayah A.: Le début de la fin

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Tout autour de moi n'était plus que désolation, c'était un paysage de misère. Les maisons entourant la mienne tombaient en ruines. Leurs habitants partis au combat n'étaient jamais rentrés et les bombes et le temps avaient eu raison d'elles.

Nous n'étions plus qu'une petite dizaine à ne pas avoir délaissés nos terres pour rejoindre la ville. Mais au fil des années, des usines les avaient remplacées, envahissant l'air de vapeurs toxiques à en piquer les yeux. Notre voisine était morte d'un cancer l'année dernière, soulevant une vague de protestation trop petite pour franchir la limite de nos murs.

Heureusement, tout le Royaume de Silyc'as n'était pas ainsi. Les terres moins isolées étaient plus verte, plus respirable, plus habitable. Mais mon père s'obstinait à rester dans cette pauvre maison en souvenir des années que la guerre lui avait volé et sûrement aussi en souvenir de ma mère, disparut il y a quelques années et sûrement morte.

Il n'y a pas à dire, le Royaume comme mon père, avaient du mal à se remettre de la Grande Guerre. Les anciens tentaient d'oublier les horreurs vécues dans ce qui semblait être une autre vie. Le gouvernement, lui, restait sur ses gardes et la surveillance de la ville avait été renforcée par méfiance.

***

La motivation avait fuit mon corps dès l'instant où la voix de mon père résonna dans ma chambre. Se préparer pour aller cultiver les champs. Encore. Quelle poisse d'être une ange Squatinas ! J'ai bien essayé de me teindre les ailes en bronze pour passer pour une Raquel mais mère m'avait cramé dès l'instant où j'avais passé le seuil de ma porte, alors j'ai du faire demi-tour et laver mes ailes jusqu'à ce que leur couleur argenté brille de nouveau. Puis je m'étais dirigée vers les champs en traînant des pieds sous le regard moqueur de mon frère Galaad. Celui-ci était un Raquel, il était formé au combat et était chargé de veiller sur la ville.

Je m'en vais donc participer à la cueillette. Sur le chemin je vois les villages défiler sous mes ailes. D'abord triste, le paysage s'embélit petit à petit. La végétation réapparaît à mesure que les ruines disparaissent.

Etonnamment j'ai une heure de retard, pourtant mon travail est si passionnant... Enfin, je retrouve Sinah, une Squatina elle aussi. Elle m'accueille avec un sourire ironique puis tourne la tête pour fixer l'immense horloge accrochée sur le devant du palais :

- Tiens, une heure de retard seulement Esarayah, je suis épatée, tu t'améliores !

Avec un grognement je me mets au travail. La journée est banale, comme toutes les autres. Cultiver des fruits sous le soleil ardent est un travail plus difficile et physique que certain peuvent le croire. Tout en travaillant, nous discutons de tout et de rien mais surtout du Grand Événement qui a lieu demain.

C'est une sorte de test. Nous n'avons aucune idée de ce en quoi ça consiste car personne n'a le droit d'en parler. Évidemment les rumeurs vont bon train. J'entends Parim sur ma droite se pencher pour dire à son ami en essayant d'être le plus discret possible, ce qui est raté puisque je l'entends :

-Hier, mon père m'a dit que c'était la chose la plus terrifiante qu'il avait jamais vécu et que le plus flippant ; c'est que certains disparaissent et qu'on n'entend plus parler d'eux.

Je levais les yeux au ciel. J'avais tant de fois entendu cette histoire de la bouche de Galaad que je n'y croyais plus. Ce n'était qu'une légende qui faisait peur aux enfants récalcitrant à finir leur assiette.

Certains ne revennaient pas c'est vrai, mais pour la simple et bonne raison qu'ils profitaient d'avoir passer le test pour changer de village et recommencer leur vie à zéro.

Une fois la journée finie, je m'allongeais sur mon lit épuisée et lorgnais par ma fenêtre les beaux mâles Raquel s'entraînant torse nu - bénie soit Tiphon pour cette chaleur - à toutes sortes de sport.

Bien malgré moi je pensais à demain. Demain. Pas de cueillette - ce qui serait plutôt chouette si je ne faisais pas partis des « heureux » élus qui doivent participer au Grand Événement - c'est l'équivalent d'un jour sacré et personne ne travaille. On le passe lorsqu'on a quinze ans, c'est un jour fixe chaque année. Et cette année c'est mon tour. Je m'endors sur cette pensée très peu réconfortante il faut le reconnaître.

***

Comment suis-je arrivée ici ?! Je suis enfermée dans une sorte de boite dans laquelle je ne peux ni déplier mes jambes, ni tendre les bras et encore moins déployer mes ailes. Je suis donc accroupie, les genoux serrés, et les bras repliés contre moi.

Je regarde autour de moi mais je suis plongée dans le noir complet. Super. Mon cœur s'accélère. Respire. Il commence a s'emballer. Inspire. Expire. Ma respiration se bloque. Calme toi. Je suffoque. Ok, maintenant compte jusqu'à vingt. Arrivée à dix huit, ma respiration redevient à peu près normale. C'est déjà ça. Au moins je ne suis pas enfermée dans une boîte clichée où les murs se renferment sur moi!

Pendant un instant je crains que se soit le cas, mais rien ne se passe. Je relâche ma respiration, soulagée. Soudain une idée me vient! Je me lève d'un coup et... BAM! Non mais quelle idée aussi d'essayer de se relever d'un coup dans une boîte d'un mètre de haut! Je me frotte la tête à l'endroit où je me suis cognée, ca m'apprendra à agir bêtement! Je ne suis pas dans un rêve ou il suffit de penser pour y arriver!

Je frappe sur le mur m'impatientant. Je rêve de m'assommer contre ce mur et d'attendre tranquillement la venue de mon prince charmant. Tu parles! Je serai décomposée avant qu'il arrive.

Je commence à réfléchir aux solutions qui s'offrent à moi. Enfin! Je tâche de faire abstraction de ces murs tout près de moi, du fait que l'air me manquera bientôt si je ne me sors pas de ce trou, de cette chaleur... bref je fais le vide, du moins j'essaye.

Mais oui! La voilà la solution! Pourquoi n'y ai je pas pensé plutôt?! On se le demande. Il faut que je m'aide de mes pouvoirs. Ils sont en moi, dans mon esprit tels une petite boule d'énergie qui crépite et ne demande qu'à être libéré.

Je me concentre, tente de repérer une présence extérieur pour appeler à l'aide. Mais plus je mobilise mes pouvoirs plus l'oxygène se fait rare, consumé par mes vaines tentatives. Il n'y a pas une âme qui vive à la ronde.

Je prends une profonde inspiration pour calmer la panique qui monte en moi, mais seul un petit filet d'air arrive à passer. Je suffoque. Depuis combien de temps suis-je enfermée ici ? Quelques minutes, quelques heures ? J'ai perdu le compte. Mes membres commencent à être engourdis. C'est pas possible ! Si j'ai réussi à venir ici, je devrais réussir à repartir, tout cela n'a aucun sens.

Je me suis bien demandée le pourquoi du comment mais sans aucune réponse à portée de main c'est inutile. L'air me manque, ma tête commence à tourner, je me sens faible. Lorsque je sombre dans l'inconscience, je sens enfin une grande rafale de vent envahir le petit espace. Les murs s'effondrent sous la violence laissant place à une lumière agressive qui m'éblouis avant de replonger dans le noir.

***
Voilà la première partie de ce chapitre qui en contient cinq.

J'espère que ça vous aura plus, surtout n'hésitez pas à me dire si vous aimez ou pas et à mettre des commentaires si vous avez des petites remarques à faire, merci
Bonne lecture!

CALIETOSS - RenaissanceWhere stories live. Discover now