➵ Chapitre 4

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Je m'étais perdue dans les rues de New-York. Certaines m'étaient familières, mais je ne saurais dire à quel moment exact j'avais bien pu les arpenter. Elle était belle, la ville. Je ne savais pas ce qui me séduisait dans cette cité. Peut-être les immeubles qui transpercent le ciel, ou la modernité qui en ressort. Ou peut-être à cause de mes souvenirs.

Flâner à droite et à gauche dans la ville était sans doute le meilleur moyen de la redécouvrir. L'atmosphère qui y régnait me semblait spéciale, enivrante, comme si tout était possible. J'en étais toute émue. Alice et Thomas, derrière moi, me suivaient silencieusement. Thomas en prenait plein les yeux, et disait qu'il n'y avait rien de mieux que d'être à la maison, même si ce n'était pas Seattle.

Finalement, au coin d'une rue dont j'ignorais le nom, un café attira mon attention. C'était le Modesty Café. Je fermai les yeux, hésitante. C'était le premier café où nous avions chanté, il y a deux ans. Nos voix retentissaient, à l'unisson. Nos instruments pleuraient. Les notes et mélodies jaillissaient comme une cascade hors de la montagne. Nos cœurs rythmaient un tempo qui montait en puissance jusqu'à l'apothéose. Et au final, nous avons tous explosé en une multitude d'étincelles nacrées. Je rouvris les yeux. Ils avaient un large panel de cafés, thés et pâtisseries, dans mes souvenirs.

D'un pas décidé, je m'aventurai vers la grande carte devant la terrasse.

— Très bon choix, approuva Alice en lisant par-dessus mon épaule, en plus, il paraît que la musique est à tomber par ici ! ne put-elle s'empêcher d'ajouter

— Comment ça ? fit Thomas, en arquant un sourcil

— C'est le premier café où on a chanté, lui appris-je, d'un ton neutre

— Oh je vois, et...

— Ils vendent des cookies ! le coupa Alice

D'un pas assuré, Alice se dirigea vers une petite table ronde à l'extrémité de la terrasse, ombragée par un grand hêtre. Je m'installai à côté d'elle, observant les alentours. Rien n'avait changé : une placette au sol couvert de pavés se trouvait au bout de la rue. Des bancs et des platanes l'agrémentaient. Et peut-être que des pâquerettes poussaient à leur pied.

— Les serveurs aussi sont à tomber, nous chuchota Thomas, en français, le regard rivé sur un grand blond aux yeux bleus.

Alice et moi nous esclaffâmes, tandis que le blond en question nous apportait les cartes. J'ouvris la mienne à la page des cafés et l'étudiai de fond en comble, bien que mon choix était déjà fait. Alice m'en fit d'ailleurs la remarque, et je lui répondis que c'était pour prendre de l'avance la prochaine fois. Non loin de nous, un garçon aux cheveux vert prairie lisait le journal, des lunettes de soleil perchées sur son nez, une tasse de café fumante à côté de lui. Tout au bord de la rue, à la dernière table, un vieil homme avec un bouquet de roses attendait. La place à côté de lui était vide.

A l'autre bout de la terrasse, un couple se partageait une pâtisserie, se regardant droit dans les yeux. A côté d'eux, une jeune femme était sur son ordinateur. Je commandai mon Latte Macchiato Caramel, Thomas fit de même et Alice demanda deux cookies et un chocolat chaud, prétextant que je lui prenais toujours la moitié de ce qu'elle commandait.

— Et du coup tu n'as plus rien à manger, la taquina Thomas, avec une voix de bébé

Alice lui tira la langue.

— Ose me dire que tu n'en prendras pas !

— Vu sous cet angle, admit mon cousin, d'ailleurs le serveur est vraiment vraiment...

— Tu vas donc te faire un film parce qu'il t'a regardé dans les yeux ? l'interrompis-je, sur un ton mutin

— Parfaitement ! affirma-t-il en riant

Mon regard se tourna vers le vieil homme aux fleurs : il n'était plus seul ; une vieille dame l'avait rejoint. Elle était émue jusqu'aux larmes par les fleurs, c'était évident. A la vue de cette scène, les miennes perlèrent au coin de mes yeux. Je repoussai la boule qui bloquait ma respiration et détournai mon regard vers la placette.

Le serveur déposa nos commandes sur notre table, et Alice s'empressa de rompre un de ses cookies et de nous tendre une moitié chacun, à moi et Thomas.

— Comme ça je suis sûre d'en avoir un complet !

Je ris légèrement avant de me perdre dans les méandres de la placette, ou plutôt de ma mémoire. Le garçon aux cheveux verts s'était levé et marchait vers l'intérieur. Je n'avais pas vu son visage. Avec un soupir empreint de mélancolie, je mélangeai ma boisson ; avant de me reprendre et de tenter de me mêler au débat qu'avaient Alice et Thomas à propos de qui était le meilleur entre Batman et Spiderman. Sans grand succès :

— Peter Parker a mon coeur.

— Milie, tu es hors course ! Tu baves beaucoup trop sur l'acteur pour pouvoir est objective ! répliqua Alice, et Bruce Wayne est plus intéressant !

   Elle me tira la langue tandis que je secouai la tête avant de croquer dans mon demi-cookie, que je ne tardai pas à avaler entièrement. Je buvais une gorgée de café quand des voix se firent entendre :

— Mais j'ai chanté ici avec mon groupe il y a deux ans ! protesta une voix

C'était le garçon aux cheveux verts et aux lunettes de soleil. Le serveur blond lui jeta un regard navré :

— Désolé, on n'accepte plus de nouveaux chanteurs, c'est complet.

Déçu, le jeune homme paya sa commande avant de souffler. Je ressentis alors une pointe de compassion. Je savais qu'il était difficile de trouver des cafés où chanter. Alice et Thomas étaient toujours plongés dans leur débat, et j'observai le garçon observer les gens présents sur la terrasse, l'air complètement perdu et abattu. Il regarda dans notre direction avant de s'y diriger. Peut-être qu'il voulait marcher jusqu'à la placette.

Je bus une gorgée de café, et j'écarquillai les yeux à travers mes lunettes de soleil en le voyant à deux mètres de moi. Mes yeux sortirent de leurs orbites quand il retira ses lunettes, ses iris posées sur mon visage. Les voix d'Alice et Thomas se turent dès l'instant où il commença à parler :

— Bonjour mademoiselle ! Excusez-moi de vous déranger, mais je trouve que vos cheveux bleus sont superbes ! Ça vous dirait d'aller boire un verre avec moi, un de ces jours ?

Pour toute réponse, j'enlevai mes lunettes de soleil, dévoilant mon visage.

— Michael ?

~

Hey !

A votre avis, que fait Mike ici ? Pensez-vous que cette rencontre est due au hasard ? Ou bien que quelqu'un l'a prévenu de la présence d'Emmy et Alice ? 👀

Réponse au prochain chapitre ! 😛

Du coup, comment voyez-vous les retrouvailles avec Mike ? :)

Je sais que les chapitres ne sont pas très longs en ce moment, mais je ne peux pas poster plus souvent, car sinon il y aura un (long) moment où je ne posterai pas, faute de temps pour écrire 😟😖

Bref, j'espère que tout va bien pour vous ! :)

A vendredi prochain pour le chapitre 5 ! ❤️

Tout pour la musique (2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant