Parce que nul n'y échappe

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Mai 1944, Adrian Filipowicz marchait dans les rues de Varsovie vers l'épicerie pour aller chercher du lait à la demande de sa femme. À cette heure tardive, la petite ville de Pologne était assez calme. Adrian était l'un des seuls polonais assez brave pour se pointer le nez dehors à l'approche du couvre feu, car il possédait des documents attestant son service à l'armée allemande pour la fabrication d'armes. Ces papiers devaient nécessairement le protéger de toute déportation dans les camps Nazis.

Alors qu'Adrian atteignait le bout d'une rue, celle-ci fût soudainement bloquée par un officier Nazi. Il tenta alors de faire demi-tour, mais se rendit compte que c'était impossible. Les deux entrées de la rue étaient maintenant barrées. Sans vouloir l'admettre, Adrian savait précisément ce qui se passait. Il avait entendu son cousin parler d'un futur soulèvement national prévu par les Polonais contre les Nazis. Cette idée de soulèvement avait créé la zizanie chez les Nazis qui avaient toute suite cherché des moyens à l'empêcher. Soudainement, tous les gens qui se trouvaient embarrés dans cette rue se fit frapper et embarqués. Adrian n'eut même pas le temps de dire un mot qu'on le saisit et l'embarqua dans un train en route vers Auschwitz, connu comme le pire camp d'extermination de la deuxième guerre mondiale. Cette nuit là, la femme d'Adrian ne vit jamais rentrer son mari.

Pour les quelques survivants de l'horrible voyage en train, l'arrivée à Auschwitz était très difficile autant physiquement que psychologiquement. Les familles étaient séparées et tout le monde devait se déshabiller. Adrian était un jeune homme fort et en santé. Il fût donc parmi les quelques sélectionnés à travailler plutôt qu'à se retrouver gazé dans les douches. Tous les matins, les prisonniers étaient réveillés à 4h30 et devaient se tenir debout jusqu'à l'arrivée des officiers supérieurs. La faim était insupportable. Adrian était rationné à quelques morceaux de pain et une soupe par jour. Parfois, il pensait mourir. Un jour, il reçut une lettre de sa femme qui venait tout juste d'apprendre où il se trouvait. Avec la lettre se trouvait une photo de sa petite fille qui venait tout juste de naitre. Son cœur fût brisé d'imaginer sa petite fille grandir sans son père. Cela lui donna le courage de continuer à se battre pour survivre, pour elle.

Le 17 janvier 1945, l'armée soviétique s'approchait du camp d'Auschwitz pour le libérer. Les Nazis décidèrent donc d'évacuer. Cette alors qu'Adrian et tous les prisonniers entamèrent la marche de la mort vers le camp de Dachau en Allemagne, une marche de 800 km dans la neige et le froid. Ce n'est que l'espoir de revoir sa fille et sa femme qui faisait tenir Adrian. Ses sabots de bois lui donnaient des ampoules douloureuses et sa légère veste en tissus minces n'empêchait pas le froid d'atteindre sa peau. Tous les jours, il y avait de nouveaux morts. Adrian se faisait nourrir par des fermiers qui avaient pitié de son sort. La marche dura pendant des semaines.

Au camp de Dachau, il ne restait plus beaucoup de prisonniers et les survivants étaient très faibles. Soudainement, l'alarme retentit et Adrian appris que l'armée américaine approchait maintenant le nouveau camp dans lequel il se trouvait. C'est alors qu'il fût frappé par une vague d'espoir. Allait-il enfin être libéré pour rencontrer sa fille? Puis, un officier Nazi hurla en allemand. Tous les prisonniers furent alignés. Ils allaient être exécutés. Adrian regarda vers le ciel et pria pour sa petite qu'il n'aura jamais eue la chance de rencontrer. Une larme coula sur sa joue. Alors qu'il avait accepté son sort, le camp fut assailli par d'autres soldats. Seulement, ceux-ci étaient là pour les sauver. Des cris et des pleures de joie retentirent de partout. Adrian allait être sauvé.

Les soldats donnèrent de la nourriture et des vêtements propres aux nouveaux libérés. Adrian était très maigre. Il avait perdu près de 100 livres depuis son entrée dans les camps. Il se fit abordé par un grand homme costaud de l'armée qui lui demanda son nom, son âge et son origine. En entendant le nom Filipowicz, le grand soldat le dévisagea. Il lui demanda si ce nom était polonais. Adrian lui répondit fièrement que oui. C'est alors que se produisit un évènement imprévu, quelque chose qu'Adrian n'aurait jamais pu imaginer dans ses pires cauchemars. L'homme costaud le saisit exactement de la même manière dont il avait été saisi par le soldat Nazi à Varsovie. Adrian se mit à se débattre ne comprenant pas cette soudaine brusquerie. Il hurla : « N'êtes-vous pas l'armée américaine venue pour nous sauver? ». Alors qu'il continuait de hurler, il l'aperçu, l'étoile rouge et jaune, l'étoile de l'armée soviétique. Les soviétiques en avaient après les Polonais qu'ils considéraient comme une race dangereuse. Adrian était en état de choc. Il venait de survivre à l'holocauste, mais ce n'était que le début. Maintenant, il allait être envoyé dans un camp encore plus loin de chez lui, encore plus violent que ce qu'il avait connu. Il allait devoir survivre au Goulag de Russie. 

Parce que nul n'y échappeWhere stories live. Discover now