Ayden

23 1 0
                                    

Mon nom est Léa, j'ai 18 ans, ma couleur préférée est le vert, j'aime bien les oiseaux, je n'aime pas le vent... Je suis une fille tout ce qu'il y a de plus banale, avec un prénom banal. Je pense que ce mot inscrit ce que ma vie promettait d'être le jour où mes parents me donnèrent ce nom, peut-être aurais-je eu une vie plus palpitante si je m'était appelée Cassiopée, Blaire, Lowen ou que sais-je ? Mais non, je m'appelle Léa, ma vie promettait d'être ennuyeuse et je mourrais comme les autres gens sans intérêt, sans avoir rien accompli de plus excitant que de m'être mariée, avoir eu deux enfants - un garçon et une fille pour la parité - avoir travaillé toute ma vie dans un boulot que je déteste pour cotiser et m'offrir une retraite où je me plaindrais d'un hypothétique mal de dos et de douleurs aux lombaires en regrettant le temps de mes 20 ans où j'avais "la vie devant moi". Du moins c'est ce que je pensais, mais j'avais tort.

C'était un jour comme les autres, j'avais commencé à 9h au lycée, cours d'espagnol puis de SVT pendant deux heures, haricots verts et steak haché au self, cours d'anglais de deux heures, je n'aimais pas cette matière, j'y étais nulle et je passais mon temps à gribouiller sur mes feuilles de cours et dans mon cahier ; puis art plastiques, ma matière préférée mais le prof est un vieux con fini. Je prenais ensuite le bus pour me rendre à mon cours de théâtre. Et c'est là que je l'ai vue, cette fille. Elle était assise par terre, à même le sol du bus, elle lisait un livre mais je n'arrivait pas à voir sa couverture, il aurait fallu que je me penche pour cela mais je ne pouvais pas faire ça, ça ne se fait pas selon les conventions sociales, peut-être l'aurait-elle fait, elle ? Elle avait l'air de s'en foutre de ce genre de choses. Cette fille assise sur le sol du bus portait un gros sweat à capuche noir qui cachait son visage, bien qu'elle ai relevé la capuche sur sa tête on pouvait voir dépasser des mèches de ses cheveux - était-ce moi ou bien étaient-ils verts ? - elle portait aussi un jean noir troué aux genoux, avec une chaîne en argent reliée à sa poche gauche : une montre de gousset. Je me rendis compte que j'étais en train de la fixer depuis une bonne partie du trajet et j'avais peur qu'elle relève la tête et me surprenne alors je détournais le regard, de toute façon j'allais bientôt devoir descendre et lui dire adieu pour toujours, j'appuyais sur le bouton de demande d'arrêt du bus, il s'arrêta et je descendis.

J'étais arrivée devant la grande bâtisse, j'étais toujours là en avance et je devais patienter sur les marches le temps que Malika, ma prof, arrive. Je m'assis donc comme à mon habitude sur les grandes marches de l'entrée et commença à observer les oiseaux dans les marronniers aux alentours. Et je la vis, elle était de l'autre côté de la rue, l'inconnue du bus ! Je ne su pourquoi mais la revoir me troubla, mon cœur s'accéléra lorsqu'elle traversa la route et commença à monter les grandes marches du théâtre, droit vers moi. Je crus même un instant qu'elle allait venir me parler, je commençais à rougir au fur et à mesure qu'elle s'approchait, mon cœur tambourinait dans ma poitrine et je mourrais de chaud, mais à la dernière minute elle m'esquiva et continua de grimper les grandes marches... Évidemment, pourquoi une fille comme elle serait venue adresser la parole à quelqu'un comme moi... ?

Je me sentais stupide tout d'un coup, je sortis mon casque, le mis sur mes oreilles et lança une des chansons de Metallica, Nothing Else Matters, un de mes groupes préférés. J'étais à peine arrivée au refrain de celle-ci que je sentis une petite tape sur mon épaule, je levais la tête et vis la fille qui me faisait signe de retirer mon casque, ce que je m'empressais de faire.

- La porte est fermée, annonça-t-elle.

- Euh... Ou-oui c'est parce que la prof est pas encore là, répondis-je en bafouillant, surprise qu'elle vienne me parler, il... Il faut l'attendre...

- Ok, eu-t-elle pour toute réponse.

Je m'attendais à ce qu'elle s'en aille mais elle se laissa tomber à côté de moi, retira sa capuche et se mit à chercher quelque chose dans son sac à dos, c'est alors que je m'aperçu qu'elle avait réellement les cheveux verts, un vert foncé qui contrastait avec sa tenue intégralement noire.

AydenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant